À quoi ressemblaient les affiches des élections communales entre 1994 et 2012 ?
La reine des campagnes a perdu de son lustre. Plus politiquement correcte que jamais (il peut être téméraire de se réjouir ouvertement du malheur d’un autre et des scandales qui l’accablent), l’affiche électorale achève de s’affadir. Elle se fait discrète, colorie de moins en moins le mobilier urbain, elle n’est même plus drôle. A quoi bon ? C’est à peine si le passant, tête basse, l’oeil vissé sur le portable, daigne encore lui jeter un regard distrait. Mise au pas par la loi, la voilà détrônée un peu plus encore dans l’art délicat de séduire l’électeur. La pêche aux voix se pratique désormais sur d’autres terrains de chasse : les réseaux sociaux. Pour le meilleur et pour le pire.
A vouloir se faire aimer, partis et candidats finissaient par dépenser sans compter. Rien n’était trop beau pour appâter l’électeur : gadgets en tous genres se distribuaient à profusion, parfois à la folie, lors de caravanes électorales hautes en couleur qui parcouraient villes et campagnes. L’envol des dépenses, la débauche de moyens, l’alimentation des fonds électoraux par des voies obscures, finissent par poser lourdement question. Quelques scandales politico-financiers aidant (Inusop, horodateurs liégeois, Agusta-Dassault, Smeerpijp), il est mis bon ordre, au cours des années 1990, au règne de l’argent fou ou sale en politique et singulièrement en campagne électorale. Gadgets et cadeaux sont les premiers à ne pas survivre au tour de vis imposé en juillet 1994.
Foulard, boîte à savon, briquet : la panoplie d’une parfaite candidate aux élections communales à Liège, en octobre 1982. Il fallait savoir casser sa tirelire pour financer pareil attirail. Coût moyen estimé d’une campagne personnelle » professionnalisée » aux communales à Bruxelles en 1988 : 382 000 francs (9 500 euros).
Le xxie siècle sera celui de l’ouverture. L’élection communale cesse d’être la chasse gardée des Belges. Le scrutin local s’élargit progressivement aux étrangers, européens (2000) ou non (2006). Le vote ouvert aux allochtones dope l’engagement en politique de candidats issus de l’immigration. Les partis, surtout à Bruxelles, se découvrent une nouvelle vocation : draguer ces nouveaux réservoirs d’électeurs.
Le xxie siècle sera celui de l’ouverture. L’élection communale cesse d’être la chasse gardée des Belges. Le scrutin local s’élargit progressivement aux étrangers, européens (2000) ou non (2006). Le vote ouvert aux allochtones dope l’engagement en politique de candidats issus de l’immigration. Les partis, surtout à Bruxelles, se découvrent une nouvelle vocation : draguer ces nouveaux réservoirs d’électeurs.
Tortue casquée, fusée propulsive arrimée à la carapace, c’est » Raoul » qui met le feu aux poudres. Gros coup d’accélérateur du PTB aux communales d’octobre 2012 : la gauche radicale décroche quinze élus en Wallonie (dont douze en région liégeoise), soit onze de plus qu’en 2006, et deux conseillers communaux en Région bruxelloise.
Il y a des noms qui n’aident pas à s’afficher en politique. Mais avec un peu d’imagination, le MR Gaëtan Van Goidsenhoven, bourgmestre sortant d’Anderlecht aux communales de 2012, a su contourner l’obstacle
Affichage électoral sous haute surveillance. Longtemps sauvage, aujourd’hui encagé. Et soumis à la sévère cure d’amaigrissement imposée aux dépenses électorales au milieu des années 1990 : interdiction, trois mois avant un scrutin, de s’afficher sur des panneaux publicitaires commerciaux et de se placarder sur vingt mètres carrés, seuls sont encore tolérés les petits formats. La campagne électorale y a gagné en sobriété. Et en morosité.
L’affiche souffre en campagne : elle a toujours été vulnérable au surcollage, aux tags, au déchirage ou au détournement de slogan. Elle est décrétée indésirable sur les arbres, les plantations, les poteaux de signalisation, les panneaux le long de la voie publique. On la pourchasse au motif qu’elle est source de pollution visuelle. Grandeur et décadence. L’affiche vieillit mal même si elle n’a pas dit son dernier mot, estime François Heinderyckx (ULB), spécialiste en communication politique. » De tous les supports qui constituent l’arsenal médiatique moderne, l’affichage s’impose comme l’ancêtre, le précurseur et, au regard de sa longévité, comme l’indémodable. Les affiches demeurent souvent comme des emblèmes, des icônes, dernières empreintes de combats politiques. «
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