À quoi ressemblaient les affiches des élections communales entre 1932 et 1938 ?
Impossible de laisser les bruits de bottes à l’entrée des bureaux de vote. Le vent mauvais qui souffle sur les démocraties parlementaires des années trente, décoiffe aussi en Belgique. Le raz de marée rexiste aux législatives de 1936 plombe l’ambiance du scrutin communal du 16 octobre 1938, qu’il a même fallu reporter d’une semaine pour cause de tensions internationales paroxystiques. Dopée par les régimes totalitaires en vogue, de l’Italie fasciste à l’Allemagne nazie en passant par la Russie soviétique, la propagande rend l’affiche volontiers outrancière. Elle endoctrine, enflamme, exalte. Et les murs se tapissent d’accents belliqueux : haro sur » les factieux et les traîtres « , » les profiteurs « , » les fauteurs de guerre « , sur » l’hideuse collusion « , » le spectacle écoeurant des compromissions » et » les maquillonages (sic) des partis politiques « …
Guerre aux larbins de Mussolini et d’Hitler ! Rex, seul contre tous. Le parti de Degrelle aborde les communales de 1938 dans une impréparation totale et mobilise de manière confuse sur des thèmes nationaux. Au triomphe des législatives de 1936 succède la déconfiture au niveau local. L’ambassade d’Allemagne à Bruxelles fait rapport à Berlin du cinglant revers subi par ce parti sympathisant du IIIe Reich, » malgré la participation électorale des femmes, sur laquelle on comptait beaucoup du côté rexiste […]. L’heureux dénouement de la crise internationale (NDLR : les accords de Munich ont été signés le 30 septembre) a, sans aucun doute, contribué à couper l’herbe sous les pieds des rexistes […]. Les accusations sans fondement lancées contre les rexistes au sujet de leur attitude prohitlérienne et proallemande, ont trouvé écho auprès des électeurs et du public indécis. » (1) (1) Le rexisme et l’Allemagne, 1933-1940, par Emile Krier, Journal of Belgian History, 1978.
Guerre aux larbins de Mussolini et d’Hitler ! Rex, seul contre tous. Le parti de Degrelle aborde les communales de 1938 dans une impréparation totale et mobilise de manière confuse sur des thèmes nationaux. Au triomphe des législatives de 1936 succède la déconfiture au niveau local. L’ambassade d’Allemagne à Bruxelles fait rapport à Berlin du cinglant revers subi par ce parti sympathisant du IIIe Reich, » malgré la participation électorale des femmes, sur laquelle on comptait beaucoup du côté rexiste […]. L’heureux dénouement de la crise internationale (NDLR : les accords de Munich ont été signés le 30 septembre) a, sans aucun doute, contribué à couper l’herbe sous les pieds des rexistes […]. Les accusations sans fondement lancées contre les rexistes au sujet de leur attitude prohitlérienne et proallemande, ont trouvé écho auprès des électeurs et du public indécis. » (1) (1) Le rexisme et l’Allemagne, 1933-1940, par Emile Krier, Journal of Belgian History, 1978.
La femme reste courtisée. S’attirer ses bonnes grâces tout en canalisant les revendications féminines devient affaire de stratégie électorale. Les libéraux, qui ont maladroitement géré l’entrée en scène des électrices aux communales de 1921, s’y essaient à leur tour. Ce n’est jamais la femme libérée que l’on encourage mais la mère de famille que l’on encense, » la ministre des finances » du ménage que l’on flatte.
Ces paisibles tricoteuses peuvent achever leur ouvrage sans avoir à se soucier du lendemain. Les socialistes veilleront sur leurs vieux jours.
Sous prétexte de préserver l’ouvrier du fléau de l’alcoolisme, la loi du socialiste Emile Vandervelde bannit l’alcool des bistrots depuis 1919. Scandale : pendant que le cabaretier déguste, le camarade trinque de plus belle et c’est le Parti ouvrier qui régale. Joseph De Grauw, candidat libéral, croque tout le désespoir des cafetiers : alors que les enfants du peuple font la queue pour s’acheter leur gnôle à l’Union des coopératives socialistes, le » Café de la liberté » de » Gaston Ancien Combattant « , sous surveillance policière, a baissé le volet. Fermé » à la suite d’une dénonciation anonyme « .
Marre du parvenu ! Les catholiques fort peu charitables à l’égard de Félix Paulsen, premier bourgmestre socialiste d’Anderlecht en 1927 et candidat à sa réélection en 1932. Le camarade, pointé pour son train de vie et son cynisme, en prend pour son grade.
Rien de tel qu’un bon coup de pub comparative pour mieux dénigrer une gestion communale aux mains de l’adversaire politique.
Rien de tel qu’un bon coup de pub comparative pour mieux dénigrer une gestion communale aux mains de l’adversaire politique.
Les temps sont troublés, les libéraux s’affichent en » parti de la matraque « . Coup de chapeau à feu Georges Clemenceau, dit » Le Tigre « , homme d’Etat français et impitoyable briseur de grèves. Une référence, un modèle…
Max superstar. L’électeur ne peut avoir oublié le célèbre appel au sang-froid que le bourgmestre libéral de Bruxelles lança, la veille de l’entrée des troupes allemandes dans la capitale en août 1914. L’icône de la résistance sous l’occupation en 14-18 espère bien que, vingt ans plus tard, la magie opérera toujours face à la nouvelle montée des périls. Un an après sa reconduction au mayorat bruxellois en 1938, Adolphe Max décède à 69 ans.
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