À quoi ressemblaient les affiches des élections communales entre 1921 et 1926 ?
Madame est admise à voter, mais c’est du bout des lèvres. On ne l’accepte dans l’isoloir qu’à l’échelle de la commune. Parce que cet enjeu-là est jugé à sa portée. Les questions d’ordre local, a-t-on doctement argumenté, rejoignent les préoccupations ménagères qui sont chasse gardée de la femme. Le scrutin communal trouve enfin sa place dans le calendrier : il se déroulera tous les six ans, toujours un dimanche (c’est le cas depuis 1890), le deuxième d’octobre. Sauf qu’en 1921, l’urgence de redresser le pays justifie de programmer au 21 avril les premières communales de l’après-guerre, dix ans après celles de 1911. Subitement grossi de plus de deux millions de femmes, le corps électoral pousse les partis à sophistiquer leur machine de propagande. L’affiche, intensément utilisée par l’occupant allemand, prend son envol. Sur le terrain électoral, elle gagne en créativité, parfois débridée. Sa confection relève du travail d’artiste et certains y laissent leur signature. Ils sont généralement tombés dans l’oubli.
Promue au rang d’électrice, la femme est l’attraction des scrutind des années 1920. Grand frisson pour cette première prestation. Seuls à avoir bataillé pour le droit de vote féminin, les catholiques espèrent bien un retour sur investissement. Leurs affiches lui font longuement les yeux doux. On vit encore à une époque où le passant interrompt volontiers sa marche pour prendre le temps de parcourir une déclaration d’amour. En revanche, jusqu’à la veille du scrutin de 1921, Emile Vandervelde, leader des socialistes, a tremblé : » Femme, tu ne feras pas cela : nous jeter dans l’abîme et nous faire perdre, en un jour, une partie de ce que nous avons durement gagné. » Alarme inutile : l’entrée en lice des électrices ne bouleverse pas l’échiquier politique. Et le flegme qu’elles affichent en se rendant aux urnes a même désarçonné les journalistes masculins.
Promue au rang d’électrice, la femme est l’attraction des scrutind des années 1920. Grand frisson pour cette première prestation. Seuls à avoir bataillé pour le droit de vote féminin, les catholiques espèrent bien un retour sur investissement. Leurs affiches lui font longuement les yeux doux. On vit encore à une époque où le passant interrompt volontiers sa marche pour prendre le temps de parcourir une déclaration d’amour. En revanche, jusqu’à la veille du scrutin de 1921, Emile Vandervelde, leader des socialistes, a tremblé : » Femme, tu ne feras pas cela : nous jeter dans l’abîme et nous faire perdre, en un jour, une partie de ce que nous avons durement gagné. » Alarme inutile : l’entrée en lice des électrices ne bouleverse pas l’échiquier politique. Et le flegme qu’elles affichent en se rendant aux urnes a même désarçonné les journalistes masculins.
Habitué à ne devoir trancher qu’entre catholiques, socialistes et libéraux, l’électeur se trouve confronté à deux fois plus de listes au scrutin de 1921, à 40 listes supplémentaires rien qu’à Bruxelles. Dans ce foisonnement de dissidences et de formations éphémères liées aux circonstances, émerge une nébuleuse de groupuscules d’anciens combattants. Ils ont été les héros des tranchées, ils se prétendent autrement plus dignes de confiance que les » pourris » et planqués de tout poil.
Appel à » voter malin « , à user de la faculté de choisir des candidats sur des listes différentes. Le panachage ne sera supprimé au niveau communal qu’en 1976 (aux législatives dès 1899). Et pour les éternels indécis, merci de cocher » l’échevin qui vous a marié « . Ce sera toujours mieux que rien.
» Exilés » à Bruxelles, les militants wallons appellent leurs semblables restés » au pays » à l’union sacrée pour faire pièce à » l’odieuse tentative de germanisation administrative » de l’adversaire flamingant. Ceux-là sont les lointains ancêtres du FDF
Histoire d’eau à Haigneaux : pas touche si t’es pas du coin ! Dictée par le château, sa consommation à l’ombre des rochers de Marche-les-Dames est un enjeu du scrutin de 1926.
La lutte des classes se livre aussi au sein du pouvoir local. » Travailleurs attention ! Les classes moyennes viennent, d’accord avec tous les autres partis adversaires des socialistes, de déclarer que le premier acte au conseil communal sera la suppression des indemnités aux chômeurs « , proclame une affiche du Parti ouvrier belge en 1921. Un électeur averti en vaut deux : au soir du scrutin, les socialistes décrochent la majorité absolue dans 246 grandes communes et s’installent durablement en Wallonie. Ce n’est qu’un début, ils continuent le combat contre le patronat aux communales de 1926.
Les libéraux aiment cultiver leur image de » gestionnaires « , ainsi au service de la grandeur de Bruxelles en 1921. L’après-guerre leur est pourtant électoralement peu faste. Ils souffrent de la démocratisation du droit de vote, d’un manque de thèmes mobilisateurs et peinent à se relever de la lourde défaite électorale subie en 1921. Plusieurs citadelles libérales, détenues depuis le xixe siècle, leur échappent alors.
Les socialistes ne laissent rien passer. On leur met sur le dos le prix élevé du pain ? Cinglant démenti. L’affrontement par affiches interposées est un procédé qui s’est perdu.
Aux communales, c’est le moment ou jamais pour les comités de quartier de donner de la voix, placer un représentant sur les listes et battre le rappel des troupes.
A chaque élection, les groupes de pression hument l’air du temps. Mutilé de guerre, invalide de paix : même combat ! Qu’attend donc l’Etat pour faire aussi un geste en faveur de « l’infirme congénital » honteusement abandonné à son sort ?
La révolution russe n’a pas encore soufflé ses quatre bougies en 1921, mais l’Action catholique de Schaerbeek invite l’électeur par voie de tract à fracasser le crâne du bolcheviste avant qu’il n’ait le temps de nuire. En 1921, les communistes belges en sont encore à fonder leur parti et ne partent au combat électoral qu’aux communales de 1926. Ils ne sortent pas ridicules de ce premier passage aux urnes: 66.000 voix récoltées.
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