À Mons, la volonté de dynamiser le commerce
En matière de développement économique et commercial, les acteurs publics, les universités, les centres de recherche… tous se mobilisent pour rendre Mons et sa région attractive aux yeux des investisseurs privés.
Pour Nicolas Martin (PS), premier échevin en charge du développement économique et commercial, » les 50 millions d’euros investis par le privé témoignent d’une confiance dans la capacité de redressement du centre de Mons. Ils illustrent aussi le succès du fonds d’impulsion mis en place dans le cadre du plan commerce, en juin dernier. Ce fonds prévoit des aides à l’installation et des aides au loyer. Il se traduit déjà par 20 à 25 marques d’intérêt pour des cellules commerciales du coeur de ville, avec des projets qualitatifs portés par des indépendants. L’arrivée de Primark a un effet d’entraînement sur d’autres enseignes : C&A, H&M et Bershka ont resigné. »
Confectionné pendant trois ans avec les acteurs du secteur, amendé par les professionnels et complété avec les aspects non liés au commerce, le plan de redéploiement du commerce dans le centre-ville était adopté par le conseil communal le 18 juillet dernier. » Au terme du débat, il n’y a eu aucun vote contre « , tient encore à souligner Nicolas Martin.
Ce plan se concentre sur deux axes : le piétonnier et le quartier de la gare. Pour le premier, il propose sept projets concrets et entend répondre aux attentes des différents publics potentiels du centre-ville. Ce qui passe par le soutien aux enseignes dites » discounters » – comme Primark (35 millions d’investissement, 4 500 m2 de surface nette de vente, 238 places de parking et 230 emplois) qui, d’après Nicolas Martin, amènerait chaque semaine 40 000 clients – aux enseignes moyen de gamme et à des projets indépendants de qualité supérieure. Ce sont essentiellement ces derniers que le fonds d’impulsion et les maternités commerciales financées à l’aide du Feder (9,6 millions) soutiendront.
Le passage du Centre doit aussi faire l’objet d’une refonte totale et bénéficie d’un financement Feder de 9,8 millions. Nicolas Martin est convaincu que » sans d’importants investissements, ce lieu n’a qu’un avenir incertain. L’objectif est de transformer tout ou partie du passage afin de le rénover et d’y aménager un mix de moyennes et grandes cellules commerciales. Sur les vingt-cinq propriétaires, deux restent encore à convaincre, alors que trois investisseurs privés et des enseignes se montrent intéressés « .
De son côté, l’axe de la gare bénéficie du programme wallon Créashop, qui apporte une aide pouvant financer jusqu’à 60 % des frais d’aménagement liés à l’ouverture d’un nouveau commerce, avec un plafond de 6 000 euros.
L’agent immobilier Aldo Zambito observe un engouement. » Depuis la fin août, deux commerces ont été loués en deux semaines, relève-t-il. Les propriétaires ont baissé le loyer et accepté un bail adaptatif qui peut aussi être résilié. Autour du piétonnier, les rues de la Coupe et des Fripiers marchent très bien. On a aussi plusieurs perles de l’horeca. Certains restaurants font 120 couverts le midi et il faut réserver pour être sûr de pouvoir s’y attabler ! La Ville a déclenché un processus de dynamisation, mais elle ne peut pas se substituer aux commerçants, qui pourraient créer une plateforme Web commune et adapter leurs horaires pour que leurs commerces soient accessibles après 18 h 30. »
Créer des écosystèmes pour réindustrialiser
Selon les résultats d’une étude socio-économique commandée par Idea à l’Umons et l’UCL Mons, tout comme le numérique et l’énergie, le domaine des matériaux représente un énorme potentiel de développement à concrétiser dans la région. Ces dernières années, le centre de recherche Materia Nova a réussi à établir des liens extrêmement forts autour d’une nouvelle filière technologique : le traitement des surfaces (qui n’est pas le seul champ de recherche de ses 80 laborantins).
En acquérant, en 2014, une entreprise liégeoise dont il a fait Ionics, Materia Nova peut sortir de la recherche et aller jusqu’à l’industrialisation d’une idée développée dans ses laboratoires. Fin 2016, Ionics rachète en Normandie l’unique entreprise, au niveau mondial, qui produit des faisceaux d’ions capables de combiner plusieurs fonctions dans le traitement de surfaces : antigriffes, antireflets…
Le passage du Centre fera l’objet d’une refonte totale
Luc Langer, directeur du centre de recherche, explique : » Notre volonté est d’aller jusqu’au bout de l’innovation. Trop souvent, nos développements sont captés par des grands groupes ou dorment dans des tiroirs. » Dans le même ordre d’idées, c’est-à-dire ancrer une technologie sur le territoire de Mons, grâce au financement du Feder (8,5 millions) et avec d’autres partenaires, Materia Nova, développe le projet Demo 2 Factory. Celui-ci permettra de regrouper dans ses locaux des équipements extrêmement coûteux pour les rendre accessibles aux entreprises industrielles.
Enfin, en 2020, juste à côté du centre de recherche, Idea créera Emra Factory (8,5 millions du Feder), trois nouveaux halls-relais modulables et adaptables, pour accueillir des industriels dans un lieu évolutif et proche d’un centre de recherche. L’objectif est de créer à Mons un écosystème autour des matériaux nouveaux et de pointe et d’y garder la valeur ajoutée des recherches effectuées par Materia Nova, mais aussi par les labos de l’Umons également réunis sur le site, et les autres centres de recherche associés dans l’Environnement and Materials Research Association.
La même philosophie qui vise à sortir les chercheurs universitaires de la recherche fondamentale pour les orienter vers l’application dans l’industrie ou les services est à l’oeuvre avec le portefeuille Feder Digistorm, qui concerne l’industrie culturelle et créative (7,1 millions). En 2021, un bâtiment, copropriété de l’Umons et d’Idea, sera érigé en face d’Ikea pour permettre aux chercheurs des instituts de recherche Numédiart et HumanOrg de rencontrer et d’inspirer des start-up et porteurs de projets qui pourront bénéficier de l’accompagnement de La Maison de l’entreprise (LME) pour le volet business.
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