3000 euros de plus par mois: l’indexation des salaires des ministres dans le viseur
Les discussions budgétaires agitent le gouvernement, cette semaine. L’une des mesures sur la table serait de supprimer l’indexation automatique des salaires des ministres. Mais aussi de geler les dotations aux partis.
Plus de 3.000 euros brut par mois, pour un salaire s’élevant déjà près de 18.000 : indécent ? Ainsi fonctionne l’indexation automatique des salaires, qui s’applique également aux ministres du gouvernement fédéral. Qui figurent parmi les mieux lotis des salariés belges: comme dans la fonction publique, l’indexation se fait pour eux à chaque fois que l’indice pivot est dépassé, ce qui fait que leurs salaires, déjà parmi les plus hauts de la pyramide, tardent beaucoup moins que l’ordinaire des salariés du secteur privé à rattraper l’inflation. Les ministres, en fait, sont en Belgique ceux dont le pouvoir d’achat, déjà très élevé, est le mieux préservé, tel qu’il est gardé par un catenaccio (verrou) légal et réglementaire.
Plus de 3.000 euros brut par mois: est-ce dès lors trop ? Trop, apparemment, aux yeux du Premier ministre Alexander De Croo (Open VLD), qui mijote un plan de « sobriété politique », dans le cadre des discussions budgétaires qui animent le gouvernement fédéral cette semaine.
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Les discussions budgétaires, cette année, devront en effet porter sur les exercices 2023 et 2024. Le Premier ministre lui-même a imposé cette spécificité. Deux budgets, c’est, pour l’Etat fédéral, environ 300 milliards d’euros de recettes à redistribuer. Et, pour 2023, c’est un déficit de plus de trente milliards qui est prévu avant les discussions de cette semaine.
En théorie, supprimer l’indexation de vingt ministres pour les années 2023 et 2024 offrirait un total de quelque 800 000 euros d’économie au trésor fédéral. Soit même pas un trente millième du déficit primaire pour la seule année à venir. Mais le symbole est fort, autant que le contraste entre les difficultés éprouvées par la population et les protections dont bénéficient ses élus.
En pratique, selon Het laatste nieuws, Alexander De Croo aurait envoyé une note à ses ministres prposant une réduction de 8 % sur les traitements des membres du gouvernement à partir de 2023. Soit un gain attendu de 456.000 euros en 2023.
Les ministres sont ceux dont le pouvoir d’achat, déjà très élevé, est le mieux préservé.
Mais Alexander De Croo ne décidera pas seulement de sa propre privation. « On n’a pas dit que le saut d’index était la seule idée sur la table pour aller vers plus de sobriété en politique, hein. La question est : qu’est-ce qui est le plus juste ? », se demande-t-on d’ailleurs chez le Premier ministre. Un effort ne serait pas demandé qu’aux ministres.
Les membres du Parlement doivent aussi se préparer à encaisser moins. La note de De Croo inviterait les parlementaires à suivre le mouvement, y compris dans les entités fédérées.
Les parlementaires s’y attendaient. Et certains, déjà, se défendent. Certains bureaux de parti, le 3 octobre, ont entendu quelques députés s’essayer à une incertaine contreattaque. Notamment en proposant que soit laissée aux parlementaires la liberté de donner à l’oeuvre de leur choix plutôt qu’ aux caisses de l’Etat les montants qui sont censés être économisés au titre de leur sobriété. Et comme les présidents de parti dépendent aussi de ces députés-là, l’espace laissé pour l’ambitieux débordement du Premier ministre pourrait se réduire.
Enfin, la « sobriété politique » version Alexander De Croo s’attaquerait aussi aux partis et à leur dotation. L’économie de 1,11% demandée en 2022 devrait être reconduite en 2023 et rapporter 370.000 euros. Par ailleurs, selon Le Soir, les budgets des dotations aux partis pourraient être gelés au niveau de septembre 2022, pour une recette attendue en 2023 égale à 1.998.000 euros
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