24 novembre 1964: avec les paras belges, sur Stanleyville
Il est 6 heures et des avions volent dans le ciel de Stanleyville. Au sol, les otages sentent la fin venir. Celle de leur enfermement ou celle de leur existence ? Ils savent que les prochaines heures seront décisives.
Il est 6 heures et des avions volent dans le ciel de Stanleyville. Au sol, les otages sentent la fin venir. Celle de leur enfermement ou celle de leur existence ? Ils savent que les prochaines heures seront décisives. Autour d’eux, les rebelles s’arment, s’alarment. Ils emmènent plusieurs Blancs, en brutalisent certains, en abattent d’autres. Une trentaine de personnes perdent la vie… Bientôt, les para-commandos belges mettent pied à terre. C’est la libération ! L’une des plus grandes prises d’otages du xxe siècle se termine. Pour la Belgique, c’est aussi la plus importante opération de sauvetage humanitaire qui s’achève. C’est dans le plus grand secret qu’elle a été préparée.
Agé de 4 ans, le Congo est un pays fragile. Sur fond de mutineries, de rébellions et de sécessions, Léopoldville peine à imposer sa souveraineté sur l’ensemble du territoire. Au printemps 1964, des forces armées s’emparent de vastes régions au Sud- Kivu. Le 5 août, elles entrent dans Stanleyville. Quasiment sans coup férir : les soldats de l’armée nationale ont préféré se retirer. Il faut dire que les troupes rebelles sont précédées d’une étrange réputation : bénéficiant de pouvoirs magiques, elles parviendraient à esquiver les balles…
A Bruxelles, on commence à s’inquiéter. Car une majorité des otages sont belges. A Stanleyville, le consul Patrick Nothomb se démène pour les protéger. Mais ailleurs, la situation est plus incertaine. Envoyer des troupes ? Au mois d’août, l’idée est écartée. » Une solution militaire ne réglera pas le problème « , estime-t-on rue de la Loi. De diverses manières, on tente plutôt de négocier. » Tous ceux qui sont en contact avec les rebelles sont d’accord pour dire qu’il est préférable de les flatter plutôt que de les menacer. » Mais le temps passe. Les pourparlers se révèlent vains. Et la reconquête dans laquelle l’armée congolaise s’est engagée, avec l’aide de mercenaires, tarde à produire ses effets. A Bruxelles, le vent tourne. Très lentement et très discrètement, l’idée d’une opération militaire fait son chemin. Trois ministres (et leurs chefs de cabinet) sont à la manoeuvre : Lefèvre (Premier), Spaak (Affaires étrangères) et Segers (Défense nationale). Ce sont eux qui décident de faire intervenir l’armée.
Le 20 novembre, Paul-Henri Spaak annonce à ses collègues l’imminence de l’opération. » Il faudra faire face à une situation très difficile, le déclenchement de l’opération pouvant lui-même provoquer le drame que l’on veut éviter « , prévient-il. Trois jours plus tard, en soirée, le président des Etats-Unis, Lyndon Johnson, donne son feu vert : dans la foulée, des C-130 américains décollent, remplis de paras belges. L’opération est un succès ! En quelques jours, 2 375 otages sont libérés. Accueillis en héros, les paras défilent dans les rues de Bruxelles. Mais le succès n’est pas total. Quatre cent vingt Européens et des milliers de Congolais ont perdu la vie au cours de la rébellion. Et l’intervention belge n’aura pas permis de ramener la paix au pays. Un an plus tard, le 25 novembre 1965, un certain Mobutu y prendra le pouvoir.
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