« 2018-2019: élections identitaires »

Les prochaines élections, surtout celles de 2019, vont voir se déchirer les citoyens sur les notions d’identité et de migration. Pierre Moscovici, le commissaire européen l’a reconnu : « Pour une fois, j’ai peur ». Il est temps de se réconcilier autour d’une politique ferme et humaine, loin des utopies sans-frontiéristes.

Dans une interview à La Libre (2 octobre) même Georges Dallemagne (cdH), admet que, sur les thématiques d’immigration, d’identité et de migration, « la gauche est dans le déni ». « Il y a un thème sur lequel je rejoins Theo Francken : la question des identités est probablement la question politique centrale pour notre génération. Cela signifie avoir un projet commun, des valeurs communes, adhérer à nos textes fondamentaux. Cette demande est totalement légitime, il faut conserver cette culture, cette ambition (…). Je ne crois pas qu’on puisse en Belgique accueillir des personnes qui remettent en cause l’égalité hommes-femmes, ou mettraient en place une théocratie. Cette question de l’identité existe en Belgique, en Europe, sur la planète entière. »

L’immigration n’est pas une question de couleur de peau mais de valeurs communes. Aucune société humaine ne peut indéfiniment accepter des nouveaux venus de sociétés tribales, patriarcales parfois misogynes, voire homophobes ou judéophobes. La police hollandaise a affirmé récemment qu’aux Pays-Bas, un cinquième des réfugiés syriens étaient déboutés car soupçonnés d’extrémisme. La Suède, qui a accueilli 240.000 migrants rien qu’en 2014-2015 pour un pays de 10 millions d’habitants, se débat autour de conflits créés par certains migrants violents, notamment à Malmö dont le taux de criminalité est supérieur à Marseille. L’Allemagne enregistre semaine après semaine des faits-divers impliquant des viols et de la criminalité liés aux migrants mais aussi de l’antisémitisme, un comble pour ce pays qu’on croyait définitivement sevré à cet égard. Angela Merkel, elle-même, ne se voile plus la face et a changé son fusil d’épaule depuis son « Wir schaffen das » (nous y arriverons).

Lors de son poignant discours de démissionnaire, l’ex-ministre français de l’Intérieur, Gérard Collomb, ancien socialiste, déclarait, lucide : « Aujourd’hui dans les quartiers, c’est la loi du plus fort qui s’impose, celle des narcotrafiquants et des islamistes radicaux, qui a pris la place de la République. Il faut à nouveau assurer la sécurité dans ces quartiers mais je crois qu’il faut fondamentalement les changer, quand des quartiers se ghettoïsent, se paupérisent, il ne peut y avoir que des difficultés et donc (…) il faut une vision d’ensemble car on vit côte à côte et je le dis, moi je crains que demain on ne soit face à face, en face de problèmes immenses (…). Il faut accueillir une partie des nouveaux venus mais en ne les installant surtout pas dans les cités dont je viens de parler sinon la situation deviendra demain totalement ingérable. »

Comment en est-on arrivé là ? Pour le sociologue québécois Mathieu Bock-Côté, le « Multiculturalisme comme religion politique » est une des causes. Un culte qui a laissé les problèmes, comme la montée du salafisme, sous le tapis. Elisabeth Lévy (Causeur, octobre 2018) n’hésite pas à parler « d’une doxa immigrationniste ». Elle tient « en trois principes contradictoires : il n’y a pas de problème migratoire, on ne peut rien faire contre lui, c’est une merveilleuse révolution. Le Lobby de l’immigration fait le lit du populisme qu’il prétend combattre. »

Comme le rappelle Alain Finkielkraut, sans aucune concertation avec la population autochtone, on a ouvert nos portes à des millions d’immigrés sans se soucier de leur capacité d’intégration.

En Belgique, 60.000 entrants par an, 1,5 million sur une génération. Considérable. En île de France et à Bruxelles, une majorité des naissances est extra-européenne. Selon Le Monde, l’Afrique comptera 2,5 milliards d’habitants en 2050. Et sa jeunesse est attirée par le miroir aux alouettes européen. Des quartiers entiers se transforment culturellement. Une immigration d’un nouveau type est à l’oeuvre. Elle inquiète les Belges et les Européens de souche et les fait voter en Italie, en Autriche et bientôt chez nous pour des partis anti-systèmes. Eux au moins ferment les frontières, se disent-ils.

Partout, face aux élites impuissantes, le citoyen utilise la dernière liberté qui lui reste : voter. Mal ?

Ne voyant pas la montée des périls, les partis traditionnels continuent de se chamailler sur le vote immigré. A Saint-Josse, lundi 8 octobre, sur la télé BX1, on a vu le PS, le MR et Ecolo se déchirer autour du vote communautaire. Emir Kir (PS) accuse Zoé Genot (Ecolo) d’être raciste laquelle dénonce les pressions exercées par le bourgmestre sur des Turcs qui acceptent de figurer sur les listes d’autres partis. A Genk, le parti de l’étranger appelle à ne pas voter pour la N-VA Zuhal Demir. Le parti islamo-conservateur du président turc Erdogan qualifie la candidate bourgmestre d’origine turque d’ « ennemie de l’Islam et de la Turquie » et affirme qu’elle« attise le racisme et l’animosité contre l’Islam en Belgique ».

En Allemagne, l’extrême gauche « Aufstehen ! » (Debout !) se rallie aux thèses anti-migrants, pour ne pas laisser le champ libre à l’extrême-droite. La France insoumise est divisée sur l’attitude à adopter face au « Manifeste pour l’accueil des migrants » publié par Mediapart, Regards et Politis. Jean-Luc Mélenchon a refusé de le signer sur base de considérations marxistes bien connues : « Oui, il y a des vagues migratoires, oui, elles peuvent poser de nombreux problèmes aux sociétés d’accueil quand certains en profitent pour baisser les salaires, comme en Allemagne. Nous disons : honte à ceux qui organisent l’immigration par les traités de libre-échange et qui l’utilisent ensuite pour faire pression sur les salaires et les acquis sociaux ! »

Les lignes bougent sans cesse.

Partout, face aux élites impuissantes, le citoyen utilise la dernière liberté qui lui reste : voter.

Mal ?

Dans un geste contra-cyclique, Richard Miller (MR) propose au Parlement fédéral de modifier la Constitution belge pour que la création d’un parti soit facilitée tandis que les dérapages d’un autre seraient sanctionnés jusqu’à l’interdiction . Le parti Islam est bien évidemment visé mais le VB, La Droite, le PP et d’autres peut-être devraient bientôt « surveiller leur langage ». Demain, la N-VA ? Le PTB ? C’est à la Cour constitutionnelle que reviendrait la lourde tâche de trancher. Une atteinte à la séparation des pouvoirs chère à Montesquieu. Nos pays deviendraient des démocraties illibérales comme la Hongrie voire des démocratures comme la Russie où l’opposant à Poutine, Navalny, fut empêché de participer aux élections présidentielles sous des prétextes fallacieux.

Pour l’utopie postmoderniste qui espérait un homme nouveau sans frontière, sans identité, sans histoire, la solution n’est pas dans la censure mais dans le réveil. Si nous appartenons tous à une seule espèce humaine, toutes les cultures ne se valent pas. Leur confrontation, comme deux galaxies qui percutent, provoque de la casse. Le choc des cultures mène au racisme. Il a été illusoire de penser qu’on pouvait ainsi nous mélanger comme les ingrédients d’une soupe julienne et que rien ne se passe. Les processus d’assimilation sont lents et il faut respecter leur rythme.

C’est autour de ces enjeux qu’aux élections de 2018 et surtout de 2019, l’histoire nous a donné rendez-vous. Va-t-elle se venger ?

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