Gérald Papy
2012, année présidentielle
RUSSIE, FRANCE, EGYPTE… : LE MONDE VIBRERA, EN 2012, au rythme de scrutins présidentiels avec, en guise d’apothéose, l’élection, le 6 novembre, de celui qui présidera pendant quatre ans aux destinées de la première puissance mondiale, les Etats-Unis.
La tonalité des discours du Nouvel An l’aura démontré à suffisance : la crise financière, économique et sociale hypothèque d’ores et déjà les perspectives de croissance, de développement et de bien-être auxquelles tout dirigeant démocratiquement élu aspire pour ses concitoyens. Des rendez-vous électoraux n’en apparaissent que plus cruciaux quand, dans ce contexte particulier, ils portent sur des choix de société.
Ce sera le cas aux Etats-Unis tant sont éloignés les programmes du candidat démocrate Barack Obama et de ses prétendants républicains, entre défense d’un Etat – un peu – régulateur et désengagement de l’autorité publique. Le premier défend une politique d’investissements dans les infrastructures et de sauvegarde de la protection sociale. A des degrés divers, les seconds prônent une privatisation des retraites, des réductions de la couverture de l’assurance-maladie ou des réglementations environnementales moins contraignantes. Tous sont en fait confrontés au défi majeur de l’Amérique des années 2010 : la réduction de sa colossale dette publique, 15 000 milliards de dollars. Campagne électorale oblige, les candidats se gardent de le souligner. Mais, là aussi, la conjoncture limitera forcément les marges de manoeuvre.
Le caucus de l’Iowa a donné le coup d’envoi, le mardi 3 janvier, de la longue bataille des primaires républicaines. Enjeu essentiellement symbolique que l’élection dans cet Etat de trois millions d’habitants. Mais ces premières confrontations peuvent doper ou ruiner une candidature. A ce petit jeu, c’est l’ancien gouverneur du Massachusetts, le mormon Mitt Romney, qui semble disposer des plus solides atouts. Donné gagnant lors du second rendez-vous, le 10 janvier dans le New Hampshire, le diplômé en droit et en économie d’Harvard pourrait prendre un ascendant sur ses concurrents. D’autant que ceux-ci soit se disputent un électorat fondamentaliste chrétien important mais restreint (Rick Santorum, Rick Perry, Michelle Bachmann), soit peinent à se défaire d’un passé controversé ou éloigné des fondamentaux républicains [Newt Gingrich (voir en page 62) ou Ron Paul]. Sans aller jusqu’à asséner, comme l’a écrit le quotidien britannique The Independent, qu’ « avec des adversaires pareils Barack Obama n’a même pas besoin d’amis », force est de constater que plusieurs prétendants républicains se sont déjà décrédibilisés, l’un ne se souvenant pas de l’un des trois ministères qu’il projetait de supprimer, l’autre ignorant la politique des Etats-Unis dans le conflit libyen…
Pourtant, le bilan du président Obama depuis 2008 est loin d’être irréprochable, ses adversaires vont d’ailleurs s’attacher à lister ses promesses déçues, notamment en matière de création d’emplois. A contrario, le sauvetage de l’industrie automobile, la réforme de l’assurance-santé, la fin de l’engagement militaire en Irak suffiront-ils à convaincre de reconduire le premier président noir des Etats-Unis ? Comme toujours, c’est l’économie qui donnera le tempo de l’élection. Avec une stagnation du chômage à un taux de 8,6 %, les derniers chiffres donnent plutôt l’avantage au président sortant. Mais dix mois le séparent encore du rendez-vous avec les électeurs…
GÉRALD PAPY
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