La prime d’assurance auto moyenne ne cesse d’augmenter, alors que les vols de voiture diminuent. © Getty Images

Pourquoi les vols de voitures diminuent spectaculairement en Belgique

Le Vif

Vous payez chaque année votre assurance auto plus cher malgré une amélioration constante de votre bonus-malus ? Vous êtes loin d’être le seul. Selon un récent rapport de HelloSafe, la prime d’assurance auto moyenne a particulièrement augmenté depuis l’année dernière. Pourtant, dans le même temps, la police constate une nette diminution des vols de voitures en Belgique. Paradoxal ? Pas du tout, répondent les assureurs, qui ont de nombreux arguments à faire valoir.

La tendance est claire: si la police fédérale n’a pas encore pu consolider ses données pour 2023, les vols de voitures diminuent à vue d’œil. Entre 2014 et 2022, le chiffre a ainsi été réduit de moitié, passant de 10.610 à 5.368 sur l’ensemble de la Belgique. Une baisse presque aussi spectaculaire du nombre de vols dans ou sur un véhicule est observée partout en Belgique: -40% sur la même période.

La police fédérale attribue en partie ce phénomène à l’amélioration des systèmes de sécurité des voitures: les systèmes de clé codée sont bien plus efficaces que les serrures de contact. «Le vol de véhicules était autrefois considéré comme un « délit de débutant » mais actuellement il nécessite de plus en plus de manipulations électroniques et numériques et, par conséquent, de connaissances spécialisées», observe la police.

En outre, cette baisse des vols est aussi le résultat des mesures de prévention mises en places par les autorités et les compagnies d’assurance. Enfin, l’utilisation croissante de dispositifs de suivi et de récupération des véhicules volés décourage les voleurs.

Comme le risque de voir sa voiture volée diminue, l’on pourrait penser intuitivement que la prime d’assurance auto doit s’alléger à son tour. Mais ce n’est pas le cas. D’après le rapport de HelloSafe, la prime auto moyenne annuelle est passée de 454 euros en 2019 à 507 euros cette année. Tout s’est accéléré en 2023 (+ 24,5 euros) et en 2024 (+ 19,5 euros).

Qu’est-ce qui propulse la prime d’assurance auto vers le haut ?

Avant de donner des éléments permettant d’expliquer cette hausse de l’assurance auto moyenne, il convient de rappeler son fonctionnement. D’abord, seules les assurances complémentaires (mini omnium, full omnium, etc.) couvrent l’assuré en cas de vol. Ce n’est pas le cas de l’assurance RC, la seule obligatoire. Ensuite, le calcul de la prime dépend de nombreux facteurs, la plupart variant au cas par cas. Les assureurs tiennent ainsi compte de la valeur et de la puissance du véhicule, de son utilisation (à des fins privées et/ou professionnelles), du nombre de kilomètres parcourus par an, de l’âge du conducteur ou encore du système de bonus-malus.

«La part de la prime vol ne constitue qu’une fraction de la prime totale, résume Renate Hufkens, porte-parole de Baloise, n°3 du marché. Les économies réalisées grâce à la diminution du risque du vol de la voiture sont compensées de manière négative par les dépenses en hausse dans les autres garanties.»

Cette hausse des dépenses concerne surtout les frais de réparation, affirment en chœur les compagnies d’assurance. L’enquête de HelloSafe corrobore l’argument: le coût moyen d’un sinistre sur l’assurance RC auto a bondi de 17,3 % en cinq ans.

Les voitures sont de plus en plus sophistiquées, ce qui augmente leur prix d’achat et les frais de réparation

Renate Hufkens

Porte-parole

Le prix des pièces de rechange a ainsi augmenté (+ 15,6% en cinq ans), relève HelloSafe. «Cela représente une hausse de 2,83% par an: rien de spécial», nuance Filip Rylant de Traxio, la fédération du secteur automobile. «En revanche, les barèmes ont augmenté de 20% sur la même période. La main-d’œuvre est donc devenue bien plus chère.» Plus précisément, le tarif horaire d’un garagiste a augmenté de 21,3 %, tandis que les salaires conventionnels des ouvriers et employés ont connu une hausse de 18 %.

Toutefois, l’inflation n’explique pas tout. «Les voitures sont de plus en plus sophistiquées, souligne-t-on chez Baloise. Cela a augmenté d’une part leur prix d’achat et donc l’indemnisation en cas de perte totale et, d’autre part, la complexité et les frais de réparation.» Traxio confirme: «Les nouvelles voitures intègrent de plus en plus de pièces technologiques. Celles-ci deviennent plus abordables, mais les véhicules en intègrent de plus en plus. Cela a donc impact sur le coût de production et de réparation.»

Enfin, AG Insurance pointe du doigt un dernier élément déterminant: l’augmentation de la fréquence des sinistres. «Elle est plus basse qu’avant le Covid, mais beaucoup plus élevée qu’en 2020 et 2021», constate Laurence Gijs, porte-parole du n°2 des assurances auto. Selon Statbel, il y a eu 37.643 accidents de la route en Belgique en 2022. Soit respectivement près de 20 et 9% de plus qu’en 2020 et 2021, où la pandémie et les restrictions de mobilité avaient fait diminuer le nombre de voitures sur les routes. Maintenant que le risque d’accident est reparti à la hausse, les assureurs redoublent de prudence.

Et maintenant?

Les facteurs expliquant les nettes hausses observées en 2023 et 2024 étant établis, une question se pose : ce phénomène risque-t-il de perdurer dans les années à venir ? Ce n’est pas une science exacte, mais il paraît évident que la réponse est oui: les primes d’assurance auto vont être encore plus salées à l’avenir. « Ne serait-ce que pour suivre l’inflation », commente-t-on chez AG Insurance.

Du côté de Baloise, on épingle un autre élément qui fera grimper les primes: l’afflux de voitures électriques. «Les statistiques montrent que la charge des sinistres des véhicules électriques est plus élevée que celle des véhicules avec des moteurs à combustion classiques, note sa porte-parole. Leur part de marché va s’accentuer, ce qui entraînera un surcoût au cours des prochaines années.»

On se souvient de la très mauvaise pub offerte à l’électrique par Hertz en début d’année. Le loueur américain avait annoncé se séparer de 20.000 véhicules électriques, évaluant leurs coûts de réparation deux fois plus élevés que ceux des voitures à essence. Les calculs ne sont pas aussi alarmistes partout. En 2022, par exemple, Belfius a estimé que la différence de coût était de l’ordre de 20%. Mais tout de même: ça chiffre. Et ça s’explique, selon Baloise, par une puissance et un poids supérieurs, qui provoquent généralement des dégâts plus sérieux. Évidemment, le prix d’achat d’une électrique – plus élevé lui aussi – pousse lui aussi la prime vers le haut.

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