Pourquoi les voitures sans essuie-glace arrière se multiplient
Avec près de 200 jours de précipitations par an, l’essuie-glace arrière semble indispensable en Belgique. Pourtant, de plus en plus de constructeurs commercialisent des modèles qui en sont dépourvus. Est-ce un réel problème, comment l’expliquer et quelles sont les solutions pour y remédier ? Éléments de réponse.
Des voitures sans essuie-glace arrière, ce n’est pas une nouveauté. Toutefois, en feuilletant les catalogues des constructeurs, force est de constater que ces modèles se multiplient. La principale raison serait… technique. Le design des véhicules rendrait les balais arrière tout bonnement inutiles.
C’est surtout vrai pour les berlines. Grâce à la malle du coffre, les saletés renvoyées par les roues arrière atteignent difficilement la lunette arrière. De plus, le profil de ces voitures crée un flux d’air permettant d’évacuer assez efficacement les gouttes et autres impuretés qui y sont logées, via l’aérodynamisme. Les coupés disposent de ces deux avantages également: l’essuie-glace devient facultatif. En théorie, en tout cas.
Ce «privilège» n’est cependant pas réservé qu’à ce type de carrosserie. Dernièrement, certains SUV ont aussi tombé les balais arrière. C’est notamment le cas de la Hyundai Ioniq 5. Là aussi, le constructeur a sorti l’argument «technique». Selon lui, le design de la voiture permet de se passer d’essuie-glace arrière. Sauf qu’en parcourant quelques forums, il s’avère que ça fait enrager de nombreux conducteurs: l’eau ne s’évacue pas aussi bien que prévu.
Si l’argument «technique» est visiblement bancal dans certains cas, d’autres raisons peuvent pousser un constructeur à sortir un modèle sans essuie-glace arrière. D’une part, il y a l’esthétisme : les voitures sans balai accolé à la vitre arrière seraient plus attrayantes. D’autre part, on retrouve la question économique. Inclure un essuie-glace arrière n’est pas gratuit. Cela ferait également perdre en aérodynamisme… et donc en efficacité énergétique. Certains constructeurs estiment que cela amoindrit l’autonomie d’une voiture électrique, notamment. Toujours au rayon VE, l’absence d’essuie-glace arrière peut aussi s’expliquer par un manque de place : il faut avant tout en laisser pour la batterie.
Mis bout à bout, ces éléments auront donc poussé Hyundai à priver sa Ioniq 5 d’essuie-glace arrière. Dans un premier temps, du moins. Car face au mécontentement de ses clients, la marque sud-coréenne a annoncé qu’elle rééquipera son SUV électrique de balais arrière dans sa mouture 2025.
Une question d’habitude?
Bertrand a toujours conduit une voiture sans essuie-glace arrière. Pas une berline sciemment conçue pour évacuer l’eau de la lunette arrière, non. «Une VW New Beetle 1999 jaune pastis, avec lecteur cassettes», se plaît-il à souligner. Et ça ne lui a jamais posé problème. «Je n’y pense même pas au quotidien, assure-t-il. Il suffit de bien régler ses rétroviseurs latéraux et ça n’est absolument pas gênant.»
Il suffirait donc de s’y habituer. Les conducteurs de camions, autocars et camping-cars ne diront pas le contraire, eux qui ne voient de toute façon qu’un mur lorsqu’ils jettent un œil à leur rétroviseur intérieur – si tant est que leur véhicule en soit pourvu. Ceux-là disposent par contre de rétroviseurs latéraux adaptés, qui leur offrent une meilleure vue sur ce qui se passe derrière, argumenteront les pro-essuie-glace arrière.
D’autre part, si l’eau s’évacue de la lunette arrière d’une berline qui fend l’air à pleine vitesse, c’est souvent une autre paire de manches en pleine manœuvre ou englué dans les embouteillages. L’aérodynamique a ses limites.
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L’essuie-glace arrière n’est pas obligatoire, mais…
Si certaines voitures sont commercialisées sans essuie-glace arrière, c’est bien sûr que c’est autorisé. Là où ceux à l’avant sont obligatoires, évidemment.
«L’essuie-glace arrière est facultatif, quel que soit le type de véhicule», confirme Pierre-Laurent Tassin, porte-parole d’Autosécurité, l’opérateur wallon en charge des contrôles techniques. «Si vous en avez un et qu’il est défectueux, vous ne recevrez pas de carton rouge non plus. Il n’y aura même pas de remarque sur votre certificat. On le mentionnera uniquement lors d’un ‘rapport occasion’, en vue de la réimmatriculation du véhicule.»
Attention toutefois à ne pas faire n’importe quoi, notamment en hiver. Le code de la route demande au conducteur d’avoir constamment le contrôle de son véhicule. Il faut donc dégivrer et déneiger toutes les vitres. Si de la neige s’accumule sur la lunette arrière en roulant et qu’elle ne disparaît pas à cause d’un essuie-glace absent ou défaillant, une amende de 174 euros est prévue.
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Des alternatives à l’essuie-glace arrière
Que faire si on a craqué pour une voiture mais qu’on s’inquiète de son absence d’essuie-glace arrière? De nombreuses solutions existent.
D’abord, il convient de nettoyer régulièrement la lunette arrière. C’est le meilleur moyen d’éviter que la crasse s’y accumule et finisse par gêner la visibilité. Ensuite, le dégivrage peut s’avérer utile pour éliminer les gouttes de pluie stagnantes. Si ça ne suffit pas, un produit déperlant peut faire des miracles.
De plus, les voitures sont désormais bourrées de nouvelles technologies. Les capteurs d’obstacles et autres détecteurs d’angle mort sont d’une aide précieuse en cas de mauvaise visibilité à l’arrière. Sur certains véhicules, on peut même projeter les images de la caméra de recul – encore faut-il qu’elle soit propre – directement sur l’écran de l’autoradio pendant la conduite.
Enfin, impossible de ne pas évoquer le projet futuriste de Tesla. Fin 2021, la firme américaine a fait breveter un système d’essuie-glaces laser. Il doit permettre de cibler la moindre saleté sur une vitre et de la désintégrer immédiatement. Aucun modèle de Tesla n’en a toutefois été équipé jusqu’à présent.
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