Pourquoi le prix des nouvelles voitures repart à la hausse
La formation de nouveaux gouvernements régionaux et fédéral suit son cours. Ce que l’on sait déjà, c’est que les nouvelles voitures vont à nouveau devenir plus chères. Voici pourquoi.
Qui parviendra à un compromis? Avec qui? Les discussions en vue de former de nouveaux gouvernements, à tous les étages belges, suivent leur cours. Idem à l’Europe. Toutes les décisions de la Commission sortante resteront-elles en vigueur ou seront-elles révisées? Cela n’est pas sans importance. Si les politiques restent inchangées, les nouvelles voitures deviendront de nouveau plus chères.
La mobilité est un thème délicat
La mobilité a été peu abordée pendant la campagne électorale passée. Cela est probablement dû au fait que les opinions de la population, c’est-à-dire des électeurs, divergent fortement à ce sujet, et qu’il existe un grand enchevêtrement de compétences entre les différents niveaux de pouvoir.
Les partis politiques craignent de tomber dans un piège. Une proposition apparemment bien intentionnée peut avoir un effet contraire et coûter plus de voix à son auteur qu’elle n’en rapporte. D’autant plus qu’une proposition implique généralement de nouvelles règles et obligations supplémentaires.
Tout le monde veut que la circulation soit plus écologique et plus sûre, mais personne ne veut de limitations de vitesse supplémentaires. Idem pour les moteurs plus économes en carburant qui émettent moins de CO2 nocif… sans que cela ne coûte plus cher.
La mobilité a aussi un impact socio-économique très important
Dans les grands pays automobiles comme l’Allemagne et la France, l’industrie automobile emploie des centaines de milliers de personnes et est le plus grand employeur. Si ce moteur commence à s’essouffler, cela a immédiatement des conséquences néfastes sur l’emploi et la prospérité.
Cela explique pourquoi la Norvège perçoit différemment la transition des moteurs thermiques aux moteurs électriques par rapport à l’Allemagne, et pourquoi les partis populistes sont plus enclins à s’aventurer sur une pente glissante que les partis qui exercent ou veulent exercer des responsabilités gouvernementales. De toute façon, la plupart des partis populistes n’ont pas d’intérêt pour l’Accord de Paris sur le climat et consacrent peu ou pas d’attention aux questions environnementales dans leurs programmes.
Une puissante lobby automobile exerce des pressions
Les recommandations de l’accord susmentionné constituent le fil conducteur du Green Deal de la Commission européenne. Elles se sont traduites concrètement par les objectifs européens stricts en matière de CO2.
À court terme, cela a obligé les marques automobiles européennes à transformer ou remplacer leurs moteurs à combustion polluants par des moteurs entièrement nouveaux qui consomment moins et émettent moins de CO2. Les deux options coûtent une fortune, ce qui explique pourquoi les nouvelles voitures sont de plus en plus chères depuis quelques années.
Combiné à la hausse des prix de l’énergie et des matières premières, le prix des petites voitures a augmenté de plus de 40% depuis le début de la pandémie de coronavirus, selon l’organisation indépendante Transport & Environment (TE). Ainsi, les nouvelles voitures deviennent progressivement inabordables pour les personnes ayant des revenus moyens.
À long terme, les émissions de CO2 doivent être réduites à zéro. Cet objectif ne peut être atteint qu’en passant des moteurs thermiques aux moteurs électriques, en utilisant de l’hydrogène ou des e-carburants, dont le développement et la mise en œuvre sont encore en pleine évolution.
Actuellement, les constructeurs automobiles misent principalement sur la propulsion électrique, sous la pression de la Commission européenne qui mise entièrement sur l’électromobilité. Cela a été fait sans consultation ni accord avec les constructeurs européens, qui se sont retrouvés devant un fait accompli.
L’implémentation de la directive européenne GSR2 coûte 3.000 euros
Pour améliorer la sécurité routière, l’Europe a décidé avant les élections que les nouvelles voitures devraient être équipées de systèmes d’aide à la conduite et de sécurité supplémentaires, les systèmes ADAS. La nouvelle directive européenne GSR2 (General Safety Regulation), qui entrera en vigueur le mois prochain, prévoit qu’une boîte noire enregistre toutes les données du véhicule, qu’une adaptation automatique des limitations de vitesse soit mise en place, ainsi qu’un système de détection du trafic lors des marches arrière et un système avertissant le conducteur en cas de somnolence ou de perte d’attention. La directive stipule également que les nouvelles voitures doivent freiner automatiquement en cas d’urgence. À partir de juillet 2026, les nouvelles voitures devront également être équipées de systèmes de détection des piétons et des cyclistes.
Ces ajustements augmentent non seulement la sécurité routière, mais aussi le prix des nouvelles voitures. On parle d’un surcoût de 2.500 à 4.000 euros, selon le modèle.
Les droits de douane sur les voitures chinoises ne résolvent pas le problème
À l’approche des élections européennes, la présidente de la Commission Ursula von der Leyen a annoncé en mai dernier qu’elle avait ordonné une enquête sur les subventions illégales du gouvernement chinois aux constructeurs automobiles chinois, qui faussent la concurrence et perturbent le marché européen.
Elle a cité les chiffres d’Eurostat, l’office statistique européen, selon lesquels en 2018, 20 millions d’euros de voitures chinoises électriques ont été importés en Europe. En 2023, ce montant était passé à 9,7 milliards d’euros. Les analystes de marché n’excluent pas un décuplement de ce montant dans les années à venir.
L’année dernière, une voiture électrique vendue sur cinq en Europe était fabriquée en Chine. Au total, cela représentait 290.000 unités, soit près de 3 % des ventes de voitures en Europe. La plupart des voitures électriques importées de Chine portaient le logo de Tesla et Dacia.
“Sans pièces fabriquées en Chine, le Green Deal européen est impossible à réaliser”
Ola Källenius, PDG de Mercedes
En réponse aux conclusions de l’enquête commandée par la Commission européenne, la présidente von der Leyen a proposé d’introduire des droits de douane supplémentaires sur les voitures électriques en provenance de Chine. Sous la pression du lobby automobile allemand, elle a reporté l’introduction de ces droits à après les élections européennes.
Les dirigeants de l’automobile allemande l’ont mise en garde contre les conséquences néfastes d’une guerre commerciale avec la Chine. BMW, Mercedes et Volkswagen réalisent respectivement 30 %, 36 % et 40 % de leur chiffre d’affaires et de leurs bénéfices sur le marché chinois. Ils se procurent également 70 % de leurs pièces auprès de fabricants chinois. «Sans pièces fabriquées en Chine, le Green Deal européen est impossible à réaliser», a déclaré le PDG de Mercedes, Ola Källenius.
De plus, les droits de douane ne résolvent pas le problème fondamental. Celui-ci réside dans le fait que les constructeurs automobiles européens ont pris du retard technologique par rapport aux marques chinoises, qui produisent par ailleurs plus efficacement et à moindre coût. Cela est dû aux conditions socio-économiques différentes en Chine, au fait que les marques chinoises produisent jusqu’à 90 % de leurs pièces elles-mêmes, et à la différence de conditions de travail en Chine.
Leurs voitures bon marché pour le marché intérieur chinois ne répondent en outre pas aux normes de sécurité européennes et ne peuvent pas être vendues ici. De plus, les constructeurs chinois peuvent facilement contourner les droits de douane en produisant leurs voitures destinées au marché européen directement en Europe. Récemment, Chery a acheté une ancienne usine automobile en Espagne et BYD construit une nouvelle usine en Hongrie.
Que faire maintenant?
Maintenant que les électeurs se sont exprimés, la présidente von der Leyen annoncera dans les prochains jours ou semaines sa décision concernant les droits de douane sur les nouvelles voitures fabriquées en Chine.
Elle a lié son destin politique à la mise en œuvre du Green Deal, mais a été critiquée ces dernières semaines par son propre groupe PPE au Parlement européen. Les députés chrétiens-démocrates allemands ont cédé à la pression du lobby automobile allemand.
On sait que les députés français et italiens du Parlement européen sortant sont favorables à l’introduction de droits de douane. Les marques automobiles françaises et italiennes ne sont pas présentes sur le marché chinois et ne craignent donc pas de représailles chinoises sous forme de droits de douane sur les voitures fabriquées en Europe.
Pour von der Leyen, la situation est délicate. Elle aspire à un second mandat et compte pour cela sur le soutien de la France et de l’Italie, mais osera-t-elle s’opposer aux députés allemands du PPE? J’en doute. Je ne pense pas qu’elle tiendra compte des préoccupations des citoyens européens. Pour eux, une nouvelle voiture deviendra bientôt de nouveau plus chère, voire inabordable pour un nombre croissant d’entre eux.
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