« Les Belges ont une brique dans le ventre et une voiture entre les oreilles »
Tout de même! Du samedi 14 au dimanche 22 janvier se tient le Salon de l’Auto 2023, alors que tous les autres salons internationaux de l’automobile en Europe ont disparu du calendrier. Notre Salon de l’Auto survit car il s’agit d’un salon de présentation et également d’achat. Le retour sur investissement pour les exposants est important et les visiteurs peuvent faire de bonnes affaires. Pour la 100e fois.
Louis Mettewie. Ce nom ne vous dit peut-être rien. Il n’y a que les historiens pour avoir l’oreille alertée en entendant ce nom. En tant que président de la Chambre Syndicale des Constructeurs d’Automobiles et de Bicyclettes, le précurseur de la Febiac, ce prospère entrepreneur et homme politique visionnaire a été le moteur du premier Salon de l’Automobile et de la Bicyclette en 1902, à l’époque au Parc du Cinquantenaire à Bruxelles, qui abrite aujourd’hui le musée Autoworld.
Dans le sang de Louis Mettewie coulait l’esprit d’entreprise. En 1897, il a conçu une bicyclette pliable, ce qui a conduit son entreprise familiale à devenir fournisseur de l’armée belge. Belgica a grandi pour devenir l’une des marques de bicyclettes les plus connues du pays. De 1900 à 1908, Belgica a également construit des voitures, de grandes voitures de luxe basées sur une technique innovante. Aucun exemplaire de Belgica n’a survécu.
L’entrepreneur invétéré était également actif sur le plan politique, en tant qu’échevin et plus tard en tant que bourgmestre de Molenbeek-Saint-Jean. Il a fait campagne pour le suffrage universel, a défendu les droits des travailleurs et a soutenu la lutte pour l’égalité des sexes. Il a été le tout premier client de la toute première femme chauffeur de taxi de la capitale et est resté une personnalité très en vue jusqu’à un âge avancé.
Menace terroriste et Corona perturbateurs
Le comte Jacques de Liedekerke compte comme deuxième nom essentiel dans l’histoire du Salon de l’Auto de Bruxelles. En 1905, il a suivi les traces de Mettewie et a organisé un total de 22 éditions, la dernière en 1931. En 1937, l’espace d’exposition dans le parc du Cinquantenaire s’avère trop petit et l’exposition automobile déménage dans les Palais du Parc du Centenaire, au Heysel. La Seconde Guerre mondiale a provoqué une interruption jusqu’en 1948. En 1957, 1958 et 1959, le Salon de l’Auto a dû céder la place à la préparation et à l’organisation de l’Exposition Universelle de 1958.
1978 marquait le début de la scission entre un salon pour les voitures particulières, les motos et les bicyclettes pendant les années paires et un salon pour les véhicules commerciaux durant les années impaires. Au cours des années suivantes, l’exposition de voitures particulières est devenue le plus grand événement public du pays, atteignant son apogée en 2000 avec 756.900 visiteurs payants. Après quelques années moins fastes en raison de la menace d’attentats terroristes, la Febiac a de nouveau enregistré 442.111 visiteurs en 2019, et plus d’un demi-million de visiteurs s’abattront sur les Palais du Centenaire en 2020. Les éditions 2021 et 2022 ont été annulées en raison du corona, le grand spectacle automobile du Heysel étant temporairement déplacé dans les salles d’exposition des concessionnaires.
Anticiper l’évolution des comportements d’achat
Ces dernières années, le corona et l’évolution rapide des comportements d’achat ont provoqué une certaine désuétude des salons automobiles internationaux. Des évènements bien établis comme l’IAA (Internationale Auto Ausstellung) de Francfort et le GIMS (Geneva International Motorshow) ont disparu du calendrier. Un sort qui semble également s’abattre sur le Mondial de l’Automobile de Paris, comme en témoigne la désastreuse édition 2022. Même les marques françaises n’avaient pas toutes répondu présent.
Les lourds investissements dans l’électrification, la numérisation et la conduite autonome obligent les marques à faire des économies, ce qu’elles font notamment en réduisant les budgets marketing des salons automobiles. L’essor d’internet a considérablement modifié le comportement d’achat des consommateurs européens, les acheteurs potentiels se rendant en ligne pour chercher la voiture de leurs rêves. Ils se déplacent jusque dans les salles d’exposition uniquement pour discuter du prix final et signer le contrat de vente. Ils ont configuré la voiture préférée, des semaines à l’avance, dans l’intimité de leur salon, sur leur ordinateur portable. En se basant sur les avis publiés sur les médias sociaux, ils ont pu se faire une idée des avantages et des inconvénients de la voiture de leurs rêves. Ces critiques inspirent apparemment plus de confiance que les essais détaillés des magazines automobiles, dont le tirage diminue d’année en année.
La même tendance est observée dans les journaux de langue flamande. Les nouvelles pertinentes du secteur automobile sont de moins en moins couvertes. En réaction à la forte hausse des prix du papier, Het Belang van Limburg et Gazet van Antwerpen ont réduit le nombre de pages éditoriales en septembre et supprimé la rubrique automobile. Sans impliquer ou informer les lecteurs. Le fait que la section automobile a été supprimée est probablement dû à la diminution du nombre d’annonces. Les marques automobiles ne sont plus la vache à lait des journaux. Elles font de plus en plus de publicité multimédia et utilisent de nouveaux canaux pour communiquer. Les médias numériques ont supplanté les médias imprimés. Ceux qui recherchent des informations sur les voitures les trouvent désormais en ligne. Dans la hiérarchie, les sites automobiles sont plus importants que les magazines ou gazettes traitant du sujet.
Le salon de l’auto est un patrimoine culturel
Après que des doutes ont été émis quant à l’avenir du Salon de l’Auto de Bruxelles au printemps 2022, Gabriel Goffoy, directeur de la communication et du salon, et son équipe ont élaboré un concept pour la 100e édition, qui a été immédiatement salué par la plupart des exposants. «Si l’on ajoute les exposants disposant d’un stand traditionnel aux marques qui ont obtenu un emplacement au sein de la zone partagée, 95% du marché automobile belge est présent. Une réponse qui a dépassé nos attentes les plus folles et la meilleure preuve que le Salon de l’Auto n’a rien perdu de son attrait et de son charme. Oui, Bruxelles est à la fois un salon d’exposition et d’achat qui permet aux visiteurs de découvrir la gamme de marques et de modèles sur le marché belge de manière innovante, qui permet aux acheteurs potentiels de bénéficier de conditions salon favorables et qui garantit aux exposants un retour sur investissement. C’est ainsi que nous connaissons le Salon de l’automobile, c’est ainsi que nous l’avons toujours vécu et porté dans notre cœur, et c’est ainsi qu’il est devenu le plus grand événement public du pays. Les Belges ont une brique dans le ventre et une voiture entre les oreilles! Il n’y a pas de meilleur lieu de rencontre entre eux que le Salon de l’Auto.»
Expérience et participation, voilà ce dont il s’agit
«Le concept et les aménagements des stands sont nouveaux. Less is more. Les stands sont devenus plus compacts et donc plus clairs, l’accent étant mis sur l’expérience et la participation. À cette fin, nous utilisons des outils et des techniques de communication de pointe, permettant aux visiteurs et aux exposants d’interagir personnellement. Les personnes présentes sur le stand peuvent immédiatement planifier un essai routier. Par le passé, le suivi laissait parfois à désirer, mais cela fait désormais partie du passé. Une meilleure gestion des données accroît l’efficacité et la satisfaction des visiteurs et des exposants. Pour moi, l’édition jubilaire n’est pas la dernière en date d’une longue lignée, mais le numéro un d’une nouvelle série de cent. Je suis convaincu que la nouvelle formule va faire mouche et je compte sur 350 000 à 400 000 visiteurs. Nous leur demandons de réserver à l’avance et en ligne afin de garder une vue d’ensemble sur les flux de visiteurs et de pouvoir réagir de manière proactive aux situations imprévues. Pour encourager les réservations en ligne, nous avons réduit les prix d’entrée pour ceux qui achètent un billet avant le 14 janvier. Les adultes paieront 12,50 euros, les enfants de 6 à 15 ans 7,50 euros. Ainsi, nous maintenons le tarif de 2012. Alors que tout devient plus cher, nous baissons nos prix!»
Une abondance d’eye-catchers
Tous les autres salons automobiles européens ayant disparu du calendrier 2023, un certain nombre de marques ont choisi Bruxelles pour lancer leurs nouveaux modèles. Dans un cahier séparé, vous trouverez un aperçu des premières mondiales et européennes. L’organisateur Goffoy se réjouit également de la proclamation du résultat de l’élection de La Voiture de l’Année. Dans le passé, elle avait lieu la veille de l’ouverture du Salon International de l’Automobile de Genève, mais elle déménage cette année à Bruxelles. À cette occasion, un grand nombre de CEO du monde de l’automobile feront acte de présence.
Pour les marques qui ne disposent pas de leur propre stand, comme Mercedes ou Jaguar et Land Rover, la Febiac a créé un espace commun au sein du Palais 5 sous le nom évocateur de «The Avenue» où ces marques exposeront un trio de voitures haut de gamme. Cela rappelle l’espace réservé aux Dream Cars lors des éditions précédentes. Ces engins de rêve sont désormais répartis dans les différents stands et palais et peuvent être admirés sur place sans que les visiteurs aient à payer de supplément. Dans le patio du Palais 5, toute l’attention sera portée sur une quinzaine de modèles iconiques qui symbolisent l’innovation sociale et technologique du siècle dernier. Un spectacle son et lumière ainsi que des animations spécifiques donnent à l’exposition un cadre festif. Dans un «Forum Dome» de 150 places situé dans le hall 9, les visiteurs pourront assister à des séances d’information données par des experts du secteur automobile, qui viendront mettre en lumière les nouvelles technologies.
En plus de ces dimensions informatives et éducatives, il y a aussi de l’attention et de l’espace pour l’amusement. «En collaboration avec META, une société belge leader dans le secteur des jeux numériques, une zone dite e-sports de 800 m2 a été aménagée, permettant aux visiteurs de découvrir les sensations de la Formule 1 à travers une dizaine de simulateurs et une trentaine de consoles pour gamers. Enfin, il y a aussi une compétition de pit stop chronométré, du jamais vu sous cette forme. «Il convient de mentionner que D’Ieteren prendra à son compte l’ensemble du Palais 11, où le Groupe fournira un aperçu dynamique de sa large gamme de services de mobilité. Le fait que des marques haut de gamme telles que Jaguar Land Rover, Mercedes et Volvo ne disposent pas de leur propre stand à Bruxelles a de quoi surprendre. Si Mercedes et JLR exposeront sélectivement à The Avenue et contribueront ainsi à célébrer cette 100e édition, les nouveaux modèles Volvo sont aux abonnés absents. Selon Elfi Janssens, CEO de Volvo Car Belgium, la participation aux salons automobiles ne fait pas partie de la stratégie de Volvo. Elle invite les personnes intéressées à se rendre chez un concessionnaire Volvo près de chez elles pour découvrir la gamme en toute sérénité. Dont acte.
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