A Londres, les lampadaires équipés d’une borne de recharge électrique sont de plus en plus nombreux. Le dispositif a inspiré Bruxelles, qui compte aujourd’hui 39 points de recharge similaires. © Getty Images

Des lampadaires publics convertis en bornes de recharge électrique, l’innovation qui séduit Bruxelles: «C’est l’avenir»

Elise Legrand
Elise Legrand Journaliste

Une petite quarantaine de lampadaires bruxellois sont désormais équipés d’une borne de recharge pour voitures électriques. Une manière d’accélérer la transition vers la mobilité verte tout en limitant l’encombrement de l’espace public.

Posséder une voiture électrique, c’est bien. Pouvoir la recharger dans l’espace public, c’est mieux. Dans des métropoles toujours plus densément peuplées et saturées en mobilier urbain, trouver un emplaçement de recharge vacant relève parfois du miracle.

Bien que le réseau se développe à grande vitesse à Bruxelles (chaque citoyen peut, en théorie, accéder à une borne publique dans un rayon de 150 mètres), les usagers de voitures électriques restent parfois sur leur faim. Pour répondre à la demande croissante, la Région a décidé d’innover. Et de miser sur la mutualisation des ressources. L’opérateur EnergyDrive, en collaboration avec le gestionnaire du réseau électrique bruxellois Sibelga, a récemment développé des bornes de recharge directement intégrées aux poteaux d’éclairage publics.

«Pour les utilisateurs, rien ne change, précise Maarten Michielssens, CEO de EnergyVision (maison mère de EnergyDrive). Les bornes fonctionnent à l’aide d’une prise et le paiement se fait via une carte de recharge ou un système Bancontact, comme partout.» Pour les constructeurs, la formule – originaire du Royaume-Uni – comporte par contre de nombreux avantages. A commencer par son coût d’installation limité. «Au lieu de devoir créer une borne de zéro, on utilise le réseau électrique existant, souligne Maarten Michielssens. Ça évite des gros travaux de raccordement, donc c’est logiquement moins cher.»

D’une pierre, deux coups

L’installation est également plus rapide. A l’échelle internationale, plusieurs start-ups sont capables de développer le dispositif sur toutes sortes de lampadaires en à peine quelques heures. A Bruxelles, toutefois, la majorité des poteaux d’éclairage ne sont pas adaptés à cette nouvelle technologie, car insuffisamment puissants. Il faut donc intégrer ces points de recharge à de nouveaux lampadaires. Mais pas question de détruire tout l’éclairage existant et de le remplacer par du matériel flambant neuf: pour «rationnaliser les coûts et l’impact», l’installation de ces bornes se fait simplement lors du renouvellement de l’éclairage public (souvent planifié de longue date) dans certains quartiers ou sur certaines voiries, précise Sibelga.

Logiquement, ce type de bornes séduit les communes car il permet d’offrir un réseau de recharge plus vaste à leurs habitants, tout en limitant l’encombrement de mobilier urbain sur l’espace public. Une solution bienvenue à l’heure où les trottinettes électriques se multiplient et où les emplacements de parking se font de plus en plus rares. «C’est l’avenir, tout simplement! se réjouit Benoît Cerexhe (Les Engagés), bourgmestre de Woluwe-Saint-Pierre. Les dispositifs installés sur les voiries sont parfois très conséquents et encombrants, contrairement à ces bornes, bien plus pratiques.»

Dans cette commune bruxelloise, huit lampadaires ont récemment été dotés de points de recharge, pour un total de onze prises (cinq bornes simples et trois bornes doubles). «Après un premier projet-pilote en 2021, nous avons poursuivi le travail car le bilan était très positif, contextualise le maïeur sanpétrusien. Aujourd’hui, les bornes installées à Saint-Alix sont les plus utilisées de la Région bruxelloise. Nous sommes plus que satisfaits.»

Puissance limitée

Fort de son succès, le dispositif a été expérimenté ailleurs sur le territoire bruxellois. Aujourd’hui, 39 bornes sont intégrées à des poteaux d’éclairage dans plusieurs communes différentes (Uccle, Ixelles…). D’ici juin 2025, Sibelga mise sur l’installation de quatorze nouveaux points de recharge, portant le total à 53.

Un développement à plus grande échelle n’est pas à l’ordre du jour: ces bornes n’ont pas vocation à remplacer les dispositifs existants, mais simplement à compléter l’offre et à répondre aux différents besoins des utilisateurs. D’une puissance moyenne de 7,4 kW (voire 11 kW pour certains modèles), elles ne concurrencent d’ailleurs pas les bornes rapides (22 kW) ou ultra-rapides (jusqu’à 400 kW pour celles de Fastned) en termes durée de chargement. Elles sont toutefois plus puissantes que celles déployées dans d’autres grandes villes comme Londres, qui varient généralement entre 3,7 et 5 kW.

«Dans l’imaginaire collectif, les bornes devraient toutes disposer de la puissance la plus élevée et offrir un temps de recharge le plus court possible, indique Francesco Contino, professeur spécialisé en énergie à l’UCLouvain. C’est une mauvaise vision. D’abord, car ces flux de puissance ne sont pas toujours facile à gérer pour les opérateurs de réseaux. Ensuite, car les utilisateurs ont parfois des besoins différents: si un conducteur a l’intention de stationner son véhicule toute la nuit, une borne de recharge rapide n’a aucun sens. Les bornes moins puissantes mais très pratiques comme celles intégrées à des lampadaires seront alors les bienvenues.»

En Wallonie, le recours à ce type de bornes n’est pas priviligié pour le moment. «Utiliser des câbles de distribution de l’éclairage public pour placer des bornes électriques ne permettrait pas d’accueillir beaucoup de bornes», justifie Annabel Vanbéver, porte-parole d’ORES.

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