La BMW X1 devrait être pour la deuxième année consécutive la voiture la plus vendue en Belgique, signe d’un marché du SUV en croissance, qui pousse le poids, la puissance et la taille des véhicules à la hausse dans notre pays. © imago/Jan Huebner

Comment la voiture belge s’est transformée ces dernières années: 5 infographies pour comprendre

Thomas Bernard
Thomas Bernard Journaliste et éditeur multimédia au Vif

Les voitures grandissent, grossissent, développent plus de puissance et continuent de se multiplier sur les routes belges. En quelques années, l’automobile «moyenne» a déjà fortement changé et va continuer de le faire. Le tour du bloc, et de la question, en cinq critères.

Le parc automobile belge se transforme lentement, poussé par le succès des SUV, la croissance de l’électrification et la montée en gamme. Avec diverses conséquences sur l’occupation de l’espace public, la puissance ou les accidents. Cinq critères permettent de mieux comprendre l’évolution de la voiture moyenne sur les routes, en chiffres et en infographies.

Poids: le neuf tire la moyenne vers le haut

Les voitures ne se sont pas seulement multipliées sur les routes belges, elles ont aussi pris de l’embonpoint. Quelques kilogrammes par année, qui se traduisent par une pesée dépassant désormais la tonne et demie pour les voitures neuves et s’en approchant en y ajoutant les véhicules d’occasions.

Un gain de poids qui traduit la percée des SUV sur le marché, plus massifs et puissants, mais pas seulement. La montée en gamme et les équipements plus nombreux impactent eux aussi la masse totale. «Même dans d’autres segments de voitures, le poids a eu tendance à grimper au cours des années pour un même modèle. Une Citroën Berlingo de 2024 est bien plus lourde que son équivalent d’il y a dix ans. Ce qui n’est pas sans conséquence sur la sécurité routière», explique Benoît Godart, porte-parole de Vias.

Selon un rapport de l’institut de sécurité routière, en cas d’impact entre deux voitures de masses différentes, les lésions dépendent directement du poids du véhicule. Plus le véhicule est lourd, plus le risque de lésions mortelles est faible chez les occupants de la voiture, mais plus le risque de lésions mortelles est élevé chez l’opposant.

Fait notable, le poids des SUV neufs est passé de 1.588 kilos en 2013 à 1.759 dix ans plus tard, soit une hausse de 10,7%, les autres types de véhicules passant de 1.389 kilos à 1.525 (+9,8%) sur la même période de temps, selon les données du site Ecoscore.

Un problème de taille

L’augmentation du poids se fait conjointement avec l’agrandissement des véhicules. Dans toutes ses dimensions, pas seulement en largeur. Un mouvement qui fait grincer des dents, notamment en ville, où l’espace grignoté par l’automobile ne semble pas vouloir faiblir.

Une étude menée par l’association Transport & Environment, qui milite pour une décarbonation des transports, montre que les voitures neuves s’élargissent en moyenne d’un centimètre tous les deux ans. La largeur moyenne des nouvelles voitures européennes atteignait ainsi 180,3 centimètres au premier semestre 2023, contre 177,8 centimètres en 2018. En Belgique, la largeur moyenne atteint même les 183 centimètres, selon des observations réalisées l’an dernier par le SPF Mobilité.

Les emplacements en bataille (parking perpendiculaire à la route) mesurent entre 2,3 et 2,8 mètres selon les dimensions couramment relevées en Belgique et dans les pays voisins, précise le pôle d’expertise wallon sur la sécurité des aménagements de voiries. Ce qui laisse, dans le pire des cas, moins de 50 centimètres d’espace pour s’extirper du véhicule en évitant les coups dans la portière. Pour le parking en bout à bout (créneau, parallèle à la chaussée), la largeur moyenne oscille entre 1,8 mètre et 2 mètres. Se garer est ainsi devenu plus difficile sans mordre sur les lignes ou sur le trottoir, notamment en ville.

Pollution: l’électrification par les voitures de société

Aspect positif dans l’évolution du parc automobile, la baisse des rejets polluants. Selon la nouvelle norme WLTP (Worldwild harmonised Light vehicle Test Procedure), renseignée obligatoirement depuis 2018, les émissions moyennes de CO2 des voitures neuves sont passées sous les 80 gr/km, soit une diminution de 40% en quatre ans (voir graphique ci-dessous).

Les voitures de société mènent nettement le changement, via l’électrification de la flotte de véhicules. En 2023, la norme WLTP moyenne s’établissait à 65 grammes de CO2/km parmi les 132.000 véhicules neufs des entreprises, soit près de deux fois moins que pour les 155.000 voitures privées qui ont pris la route cette année-là (121,4 gr/km).

Les ventes de voitures diesel ont également été divisées par dix entre 2011 et 2023, de plus de 400.000 à 40.000 unités. La voiture électrique a fait un bond inverse dans le même laps de temps, d’un peu plus de 250 unités à plus de 93.000, mais dont seulement 8.400 achats par des particuliers. Un chiffre en lente progression, qui marque la difficile percée de ce type de motorisation en dehors des véhicules de société et en leasing.

L’avènement du SUV

Au total, la Belgique compte désormais plus de six millions de voitures sur ses routes. Et les SUV s’y multiplient rapidement. Le segment des SUV est devenu majoritaire en Belgique pour les ventes de véhicules neufs depuis 2018. Parmi les près de 480.000 véhicules neufs vendus en Belgique en 2023, 260.000 étaient des SUV, contre 80.000 unités dix ans auparavant. La BMW X1 devrait rester en 2024 la plus vendue pour la deuxième année d’affilée, devant la Tesla Model Y, autre SUV, selon les chiffres provisoires de la Febiac.

Vias relève qu’avec l’avènement des SUV, la hauteur du capot devient un élément problématique en cas de collision avec un usager faible. «Un piéton ou cycliste a 30% de risque supplémentaire de blessure mortelle avec un véhicule dont le capot se situe à 90 centimètres, par rapport à un véhicule avec un capot dix centimètres plus bas», précise Benoît Godart. Selon les données de l’institut, entre 2000 et 2021, la hauteur moyenne du capot a augmenté de 15%, passant de 73 à 83 centimètres.

En cas de collision entre un SUV et une voiture d’un autre segment, les occupants du SUV sont mieux protégés, pointe encore Vias, avec une diminution de 26% du risque de blessures graves et de 52% pour les blessures mortelles. Dans l’autre véhicule en revanche, la probabilité grimpe de 18% pour les blessures graves.

Puissance: la différence nord-sud

La puissance moyenne des voitures est passée de 81 kW à 125 kW au cours des quinze dernières années, pour les véhicules neufs mis en circulation sur les routes belges, détaille encore Ecoscore. Avec une différence notable entre la région flamande (130 kW) et wallonne (107 kW). De plus grosses cylindrées, plus puissantes, mais pas forcément plus polluantes (voir plus haut), grâce au verdissement du parc automobile. Les voitures de société tirent clairement la moyenne vers le haut, avec en moyenne 42kW de puissance supplémentaire par rapport à un véhicule privé. Là encore, le véhicule de société flamand affole les compteurs (157 kW) face au wallon (140 kW).

Vias ne précise pas si les accidents sont plus fréquents à mesure qu’une voiture gagne en puissance, mais la probabilité de blessures est bel et bien impactée. «A bord d’une voiture plus puissante, la probabilité de blessures graves ou mortelles diminue pour ses occupants, mais augmente pour les opposants. Les personnes à bord d’une voiture heurtée par un véhicule d’une puissance supérieure de 50 kW courent 125% de risques supplémentaires de subir des lésions mortelles. L’augmentation de la taille, de la masse et de la puissance des voitures ont donc un impact positif lorsqu’on se trouve à bord de celle-ci mais est très largement négatif pour les autres usagers», conclut le porte-parole de Vias.

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