Pourquoi les accidents de la route sont moins mortels qu’avant (infographies)
Les accidents de la circulation ont coûté la vie à 501 personnes l’an dernier en Belgique, un chiffre en diminution de 7,2% par rapport à 2022. Les données précises enregistrées permettent de mieux cerner la réalité sur les routes, par type d’usagers et conditions de circulation.
Chaque année, cette réalité est martelée à travers des chiffres pénibles. La route tue, toujours trop. En 2023, les accidents de la circulation ont fait 501 victimes, décédées sur place ou dans les 30 jours suivants le drame, détaille Statbel, l’office statistiques belge, dans une nouvelle publication.
C’est une petite baisse (-7,2%) par rapport à 2022, maigre consolation face à tant de familles et de proches endeuillés. En 2023, la majorité des tués enregistrés dans le mois suivant l’accident étaient des automobilistes (212), suivis par les cyclistes (101), les piétons (77) et les motocyclistes (51).
«Le point positif concerne effectivement cette nouvelle diminution du nombre de tués, abonde Benoît Godart porte-parole de Vias (ex-Institut belge pour la sécurité routière). Même si c’est toujours trop, la Belgique va dans la bonne direction. En poursuivant avec une baisse de 7% par an, les objectifs fixés finiront bien par être rencontré.»
Ces objectifs, ce sont toujours «zéro mort sur la route» à l’horizon 2050, avec une marque intermédiaire à maximum 320 décès d’ici 2030. Ce dernier chiffre correspond effectivement à une baisse continue autour de 7% chaque année, au minimum. Qu’il faudra donc encore atteindre pendant les six prochaines années.
Des progrès significatifs
Point d’attention pour l’institut Vias, le nombre d’accidents, qui «diminue moins vite, autour de 2%». Les accidents sont donc moins mortels qu’avant. Deux explications sont avancées. Premièrement, la multiplication des aides à la conduite et la technologie qui équipe les voitures pour les rendre plus sûres. Ensuite, la baisse de la vitesse.
Celle-ci serait le fait de la multiplication des radars tronçons. «La Wallonie a notamment pris la mesure de son retard face au nord du pays. Il n’était pas rare, il y a encore une dizaine d’années, de voir des conducteurs occuper la troisième bande sur autoroute à des vitesses folles. C’est beaucoup moins le cas aujourd’hui», selon Benoît Godart.
La Belgique se situe désormais dans les trois pays européens enregistrant la plus forte diminution, même s’il faut rappeler qu’elle partait de plus haut, précise le dernier baromètre du Conseil européen pour la sécurité des transports (ETSC). Le nombre de tués sur les routes belges a diminué de 25% depuis 2019, contre une moyenne de -10% en Europe.
Avec 41 morts par million d’habitants, la Belgique se situe désormais dans le ventre mou du continent, avec un chiffre deux fois meilleur que le dernier de la classe (Bulgarie, 82 morts sur la route/million d’habitants), mais toujours deux fois plus élevés que les pays les plus sûrs (une vingtaine de morts/million d’habitants en Norvège et en Suède).
Ces facteurs qui influencent les risques d’accidents
Ci-dessous, un graphique présentant chaque personnes décédées sur la route en 2023. Il est possible, en filtrant les données, de faire ressortir certaines tendances, afin d’essayer de mieux comprendre pourquoi la route reste un endroit qui tue encore autant.
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1. Genre
Le détail des accidents mortels montre plusieurs différences significatives. A commencer par le genre, qui fait apparaître un bien plus grand nombre d’accidents causés par ou impliquant des hommes. En prenant uniquement les conducteurs de voitures tués, 26 étaient de sexe féminin pour 176 de sexe masculin.
Les femmes conduiraient-t-elles moins que les hommes, risquant donc moins de drame sur la route? Les trajets peuvent être différents (plus courts, sur d’autres types de chaussées, etc.), selon les enquêtes de mobilité, mais les comportements expliquent probablement en grande partie cette différence.
«En matière de vitesse, en matière d’alcool, en matière de distraction et même en matière de non-port de la ceinture, l’homme a tendance à prendre plus de risques. Ce n’est pas une tendance nouvelle et les campagnes de sensibilisation visent parfois plus spécifiquement les hommes», rappelle Benoît Godart.
2. Âge
Les jeunes conducteurs sont également une population à risque. Avec 22 tués dans la tranche d’âge 20-24 ans, les personnes qui n’ont leur permis que depuis peu sont le premier groupe de conducteurs tués sur la route, devant les 40-44 ans (21) et les plus de 75 ans (21).
«Le manque d’expérience et la tendance a sous-estimer les risques explique ce chiffre pour les jeunes, déplore l’institut dédié à la sécurité routière. Ils sont aussi surreprésentés dans les accidents avec perte de contrôle du véhicule, contrairement aux seniors. Ce sont des phénomènes liés souvent à la vitesse et à la fatigue.»
Concernant les seniors, le nombre total de tués est passé en dix ans d’un sur cinq à un sur quatre, en prenant les conducteurs et les autres types de victimes (piétons, cyclistes, etc.). Avec le vieillissement de la population, la part des seniors dans la population va encore augmenter, ce qui explique en partie l’important nombre de décès enregistrés dans la circulation. «Le boom du vélo électrique a eu une influence certaine. Un tué sur deux sur un vélo électrique a plus de 60 ans», détaille encore Benoît Godart.
Les 75 ans et plus sont le plus grand groupe parmi les décès (83 sur 501). Ce qui n’en fait pas des dangers pour autant, rappelait Vias dans un communiqué, refusant qu’un contrôle médical soit imposé uniquement aux plus âgés. «Les automobilistes entre 20 et 24 ans sont 4 fois plus impliqués dans les accidents graves que les seniors», tranchait l’institut.
3. Région
Bruxelles mise à part, avec sa très forte densité de circulation où se croisent tous les types d’usagers, la Flandre et la Wallonie affichent des chiffres parfois assez proches en matière d’accidents. Par exemple 270 morts au nord du pays en 2023 contre 225 au sud. Ceci alors que le nombre d’habitants et la densité de population devraient se manifester plus nettement dans les chiffres en Flandre.
«Cela peut s’expliquer par les habitudes de circulation, les différences dans les modes de transport et la densité de radars. Les conducteurs flamands ont toujours eu l’habitude de rouler moins vite, note Vias. Cependant, la Wallonie progresse et le nombre de décès a baissé plus sensiblement par rapport à la Flandre. Cette dernière reste cependant devant en matière contrôle de la conduite sous influence.»
4. Type de route
L’environnement autoroutier est globalement plus sûr, malgré la vitesse plus grande. Une berme centrale, de l’éclairage… ce n’est pas forcément le cas sur de plus petites routes. Une collision frontale est par exemple exclue sur les autoroutes, là où le scénario ne pardonnera pas ailleurs et reste possible.
«Outre les accidents frontaux, certaines routes régionales sont bordées d’arbres. En cas d’erreur du conducteur, les conséquences sont forcément plus dramatiques», expliquait Vias.
Quelque 235 personnes ont perdu la vie sur des routes régionales, 181 sur des routes communales et 79 sur autoroutes.
5. Jour de la semaine
Le week-end (du vendredi au dimanche) se montre aussi meurtrier que les quatre autres jours de la semaine, en prenant uniquement les décès parmi les conducteurs (101 pour chaque critère). En regardant l’ensemble des décès, le vendredi et le samedi sont les deux jours les plus à risque, avec respectivement 83 et 82 décès enregistrés. Dans la tranche horaire entre le samedi 21h et le dimanche avant 8h, les accidents de la circulation ont fait 50 morts l’an dernier. Un sur dix.
«Il faut rappeler que les trois principales causes d’accident au volant sont la vitesse excessive, l’alcool et la distraction. Ce dernier point est d’ailleurs un phénomène inquiétant, qui prend de l’ampleur», complète Benoît Godart.
Au moment de chercher les bons leviers d’action pour améliorer encore la sécurité routière et atteindre les ambitieux objectifs belges, ces données seront assurément au cœur des analyses et des discussions. Reste à embrayer.
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