Anne-Sophie Bailly
L’édito d’Anne-Sophie Bailly: la violence domestique est presque invisible hors de la sphère intime
Trente-cinq fois. Ce n’est qu’après 35 épisodes de coups qu’une femme signale être victime de violence conjugale. C’est trop, beaucoup trop.
Au Vif, on en a eu assez. Assez que Rachida, Vinciane, Muriel, Jana, Pascale et Ahlam aient vécu un quotidien de peur, d’insultes et de violences avant de mourir sous les coups. Assez d’apprendre qu’une fille, droguée au GHB ait été violée dans les toilettes du Fuse ou qu’un barman de deux cafés d’Ixelles ait drogué et agressé plusieurs jeunes femmes. Assez de devoir relater le premier anniversaire de la mort d’Ilse Uyttersprot, ex-bourgmestre d’Alost, assassinée par son nouveau petit ami ou les meurtres de Nathalie Maillet et de son amie Ann Lawrence Durviaux.
Alors nous avons rendu visite aux victimes, parlé à leurs proches, à des experts, des policiers. Nous avons discuté avec des femmes de la violence conjugale qu’elles ont endurée et de l’issue fatale à laquelle elles ont échappé de justesse. Elles et leurs enfants en portent encore les cicatrices, psychologiques et physiques. Nous nous sommes entretenus avec d’autres de l’impact du viol sur leur vie, pour le reste de leur vie. Nous avons recensé les féminicides et démonté le mécanisme récurrent derrière ces meurtres.
Nous nous sommes également plongés dans les rouages de la police et de la justice, nous avons suivi de près le travail effectué dans les Centres de prise en charge des violences sexuelles (les CPVS) et interviewé le commissaire Olivier Slosse, à la tête d’une équipe d’infiltration chargée de prendre en flagrant délit les auteurs d’intimidations de rue à Bruxelles.
Pour appuyer cette vaste enquête journalistique, Le Vif lance une campagne de sensibilisation à destination de ses lecteurs. Car la violence domestique est presque invisible hors de la sphère intime. Comment la reconnaître ? Comment aider les victimes ? Comment éviter les stéréotypes de genre dès le plus jeune âge ? Comment mettre en place ce fameux « Eduquez nos fils » ?
Parce que maintenant, ça suffit !
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