Tuerie à Hambourg: « Le monde est devenu fou »
Lorsque des corps sont évacués du Centre des Témoins de Jéhovah visé par une attaque meurtrière, une douzaine d’heures se sont écoulées depuis la tuerie qui a sidéré un quartier tranquille de Hambourg, dans le nord de l’Allemagne.
Une à une, des housses noires sont sorties en fin de matinée d’un petit immeuble d’allure banale et transférées dans des véhicules des services funéraires. Ceux-ci quittent lentement les lieux sous des rafales de neige. Un homme tenant un bouquet tente d’approcher de l’entrée du bâtiment, barrée par un cordon de police derrière lesquels vont et viennent des enquêteurs. « Le monde est devenu fou« , commente-t-il avant de repartir avec ses roses blanches.
Une poignée d’autres anonymes déposent des fleurs devant la plaque indiquant les horaires d’ouverture du lieu, où se tenaient, selon le site internet, deux offices par semaine. « Ca me bouleverse », explique Tatjana Popczy qui réside à 200 mètres. « Peu importe où ça se passe, c’est grave et je ne comprends pas comment on peut se comporter ainsi », dit-elle en référence au geste du tireur.
Six personnes ont été tuées dans cette attaque perpétrée par un ancien membre des Témoins de Jehovah qui a surgi, autour de 21h00, dans les locaux où un grand nombre de personnes étaient rassemblées pour un service de prière. Il s’est ensuite donné la mort. Rien ne distingue le bâtiment de l’organisation, coincé le long d’une grande artère de circulation entre une station service et des points de vente automobile. Le sigle blanc JW sur fond bleu, caractéristique des Témoins de Jehovah, est accroché sur la façade. De l’autre côté de la rue, un vaste ensemble résidentiel niché dans la verdure dont plusieurs habitants ont décrit un voisinage « tranquille » avec le groupe religieux « discret » qui se retrouvait régulièrement dans la bâtisse.
Scène filmée
Bernd Miebach, un entrepreneur de 66 ans, a trouvé son quartier bouclé par les forces de police jeudi soir lorsqu’il est rentré d’une soirée passée à l’extérieur. Dans le salon de la maison familiale, son fils adulte était interrogé par trois policiers après avoir filmé une partie des faits depuis l’étage situé à 50 mètres du centre religieux. « Sur la vidéo, on voit quelqu’un casser une vitre, on entend des coups de feu et on voit quelqu’un pénétrer » sur les lieux, décrit M. Miebach.
Le suspect, qui souffrait probablement de problèmes psychiques, s’est donné la mort sur place après l’intervention des forces de l’ordre. « J’ai entendu des coups de feu, je les ai tout de suite reconnus car j’ai vécu dans des pays en guerre« , a raconté à l’AFP une femme d’une quarantaine d’années souhaitant garder l’anonymat, résidant à proximité. « Cela a duré plusieurs minutes, des coups de feu puis une pause, et de nouveau des coups de feu, et de nouveau une pause », décrit-elle.
« La police est arrivée très vite, peut être 4 à 5 minutes après les coups de feu », raconte de son côté Anetta, une autre habitante rencontrée par l’AFP qui a observé l’intervention des forces de l’ordre depuis son balcon. « Des gens sont morts, les mots me manquent, c’est une catastrophe« , ajoute-t-elle.
L’Allemagne compte un peu plus de 170.000 membres de cette confession, dont 3.800 à Hambourg, deuxième ville du pays où se trouvent plusieurs centres de l’organisation, selon le site des Témoins.