Ajournement du procès du principal suspect de l’affaire Maddie McCann, pour des crimes distincts
Christian Brückner, un Allemand de 47 ans, principal suspect dans la disparition de la petite Maddie, se retrouve devant la justice pour des crimes sexuels distincts. La justice allemande a ajourné, juste après son ouverture, le procès en raison d’un problème présumé d’impartialité d’une magistrate.
Le procès de Christian Brückner a débuté ce vendredi à Brunswick (nord de l’Allemagne), a constaté une journaliste de l’AFP. Avant même la lecture de l’acte d’accusation visant le quadragénaire, déjà en détention pour d’autres faits et jugé dans ce cas pour des agressions sexuelles et viols commis entre 2000 et 2017 au Portugal, le tribunal a décidé d’interrompre les audiences et de les reporter à vendredi prochain.
La défense du suspect a en effet émis des doutes sur l’impartialité d’une juge assesseur non professionnelle. Cette dernière aurait appelé sur internet à tuer l’ex-président brésilien, Jair Bolsanoro, affirme la défense. En outre, cette magistrate non professionnelle, psychothérapeute pour enfants, défend les intérêts de ces derniers, ce qui selon la défense, suscite des doutes sur sa neutralité.
Depuis sa mise en cause dans « l’affaire Maddie » en juin 2020, Christian Brückner n’a jamais comparu lors d’une audience publique. Il s’est présenté vendredi vêtu d’une chemise violette et d’une veste grise, l’attitude posée. Dans les jours précédant l’audience, son avocat Friedrich Fülscher a indiqué à l’AFP que son client avait l’intention de garder le silence.
Pas inculpé dans l’affaire Maddie
Sa désignation, en 2020, comme principal suspect dans la disparition de Madeleine McCann, dite Maddie, survenue en 2007 au Portugal peu avant son quatrième anniversaire, avait été un moment majeur dans cette enquête aux ramifications internationales.
Christian Brückner n’a pas été formellement inculpé pour la disparition de l’enfant, mais les investigations de la justice allemande dans ce dossier sont à l’origine du procès ouvert vendredi, selon Christian Wolters, porte-parole du parquet de Brunswick.
« Sans l’enquête sur l’affaire Maddie, ces crimes présumés n’auraient pas été mis au jour », a-t-il déclaré à l’AFP.
Plusieurs faits au Portugal
L’accusé, au profil de violeur récidiviste, purge actuellement en Allemagne une peine de prison de sept ans pour le viol en 2005 d’une Américaine âgée à l’époque de 72 ans, à Praia da Luz, la même localité de la région de l’Algarve, dans le sud du Portugal, où a disparu Madeleine McCann.
Dans une des affaires qui lui vaut de comparaître vendredi, il est soupçonné d’avoir agressé sexuellement une fillette allemande de 10 ans sur une plage en avril 2007, quelques mois seulement avant la disparition de Madeleine McCann.
Dans un autre cas, il est accusé de s’être exhibé devant une enfant portugaise de 11 ans sur une aire de jeux.
Il est aussi jugé pour le viol d’une septuagénaire, attachée et battue dans son appartement de vacances, d’une enfant d’environ 14 ans attachée à un poteau dans sa maison et d’une Irlandaise de 20 ans chez laquelle il s’est introduit en passant par le balcon.
S’il est reconnu coupable, il encourt jusqu’à 15 ans de prison. Dans le cas contraire, il pourrait être libéré dès 2026, selon M. Wolters.
Notes et croquis
Parmi les éléments à charge que le parquet produira au procès figurent des déclarations de témoins et des cahiers saisis chez Christian Brückner. Ces notes manuscrites et croquis offrent un aperçu des « fantasmes sexuels » de l’accusé, a précisé Christian Wolters.
Maddie avait disparu de l’appartement de location où elle passait des vacances en famille pendant que ses parents dînaient à proximité. Sa disparition a donné lieu à une campagne internationale exceptionnelle pour essayer de la retrouver.
Les soupçons officiellement portés sur Christian Brückner, il y a presque quatre ans, avaient ravivé l’espoir des parents Gerry et Kate McCann de voir enfin l’affaire progresser.
L’enquête a piétiné durant des années avant que cet homme, qui vivait à l’époque des faits à quelques kilomètres de l’hôtel, n’attire l’attention des autorités.
Dans cette affaire, la police portugaise a mené fin mai 2023 des fouilles près d’un réservoir d’eau au Portugal. Des « éléments » ont été découverts, selon le parquet de Brunswick, qui avait alors estimé qu’il était « trop tôt » pour déterminer s’ils étaient liés à la disparition de la fillette.
Les enquêteurs allemands affirment toutefois avoir des « preuves concrètes » de la mort de Madeleine.