Allemagne: perquisitions contre les « Reichsbürger », des complotistes d’extrême droite
La police allemande a effectué des perquisitions dans huit États du pays dans le cadre d’une enquête ciblant les « Reichsbürger », un groupe d’extrémistes dont l’influence s’est accrue en raison des restrictions sanitaires imposées par la crise du coronavirus.
Selon DPA, les suspects, au nombre de 20, sont soupçonnés d’appartenir à une organisation criminelle. Les perquisitions ont été menées dans les Länder de Bavière (sud-est), Bade-Wurtemberg (sud-ouest), de la Hesse (centre), Rhénanie-du-Nord-Westphalie (ouest), du Schleswig-Holstein (nord), de Brandebourg (est), de Hambourg (nord) et de Basse-Saxe (nord-ouest).
« Les suspects sont accusés entre autres d’avoir essayé de bloquer les voies de communication d’autorités publiques (…) en les contactant de façon ciblée et massive », a indiqué le parquet général de Munich dans un communiqué.
Les forces de l’ordre ont saisi des ordinateurs et des téléphones portables, notamment. Les perquisitions entrent dans le cadre d’une enquête entamée début 2021, quand la police a identifié plusieurs canaux de la plateforme Telegram véhiculant des « thèses et théories du complot typique des Citoyens du Reich », explique le parquet.
À partir d’août 2021, des appels à agir contre de « prétendues victimes de l’État » ont été lancés via ces canaux. Leurs administrateurs ont alors organisé « des prises de contact massives avec des autorités par téléphone et par e-mail ». L’objectif principal consistait à « déstabiliser la République fédérale allemande ainsi que ses institutions publiques et d’empêcher, ou au moins compliquer » leur bon fonctionnement, détaille le parquet. Les salariés des autorités ciblées ont été submergés de thèses complotistes et ont aussi été « insultés et parfois menacés de mort ».
L’idéologie des Reichsbürger, mouvance qui existe depuis les années ’80 et réunit des groupes divers de théoriciens du complot et d’extrême droite, ne reconnaît pas la république fédérale allemande et prône un retour à l’Empire, tout en rejetant la démocratie. Elle nie aussi généralement l’Holocauste perpétré par les nazis lors de la Seconde Guerre mondiale.
En décembre 2022, les autorités avaient démantelé un groupuscule armé de cette même mouvance, qui s’était fixé l’objectif de renverser les institutions démocratiques allemandes.
D’après les estimations des services de renseignement allemands publiées fin 2022, le nombre de sympathisants de ce mouvement a grossi de 2.000 membres en un an pour atteindre un total de 23.000 adeptes environ. Un membre sur trois est considéré comme potentiellement violent.
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