Friedrich Merz, le chef de la CDU, candidat favori mais pas populaire. © GETTY

Elections législatives en Allemagne : Friedrich Merz, le conservateur pur jus qui enterre l’ère Merkel

Gérald Papy
Gérald Papy Rédacteur en chef adjoint

Le parcours du patron de la CDU s’inscrit en opposition avec le bilan et le style de l’ancienne chancelière. Il est favori pour succéder à l’impopulaire Olaf Scholz.

Friedrich Merz revient de loin. Depuis plus de 20 ans, il convoite la chancellerie, une ambition contrecarrée par la rivalité et la profonde antipathie qui l’opposent encore aujourd’hui à sa rivale de toujours, Angela Merkel. A 69 ans, il pourrait devenir le prochain chancelier de l’Allemagne, à l’issue d’une campagne électrique, dominée par la question migratoire et la situation économique du pays. Avec près de 30% des votes, son Parti chrétien-démocrate (CDU) est arrivé en tête du scrutin ce dimanche. Il pourrait gouverner avec les sociaux-démocrates du SPD et/ou les Verts.

Friedrich Merz n’était pourtant pas un candidat populaire. Austère, réputé arrogant et loin du peuple, Merz –du haut de son 1,98 mètre– incarne un retour aux sources pour la CDU. Le parti redécouvre sous sa présidence les valeurs conservatrices traditionnelles d’Helmut Kohl (libéralisme en économie, conservatisme sur les questions de société, fort attachement à l’Union européenne) qu’Angela Merkel avait mises à mal pendant les seize années de son règne.

Bourgeois et catholique

Friedrich Merz est né en 1955 dans le Sauerland, une région rurale de l’ouest du pays, conservatrice, plantée de solides PME, région qu’il appelle «la véritable Allemagne» et à laquelle il est profondément attaché. Il grandit à Brilon, une petite ville de 25.000 habitants à l’est de Dortmund, dans une famille bourgeoise –lui-même se décrit comme «appartenant à la classe moyenne supérieure»– et catholique.

A 17 ans, il intègre la CDU. Après une scolarité chaotique, il se lance, comme son père avant lui, dans des études de droit. On a de lui quelques photos où il porte les cheveux longs. Mais l’épisode est de courte durée. Il fera son service militaire comme artilleur, aime l’ordre et la discipline, commence sa carrière politique au Parlement européen (il y sera député pendant cinq ans, de 1989 à 1994) et conserve de cette époque un profond attachement à l’Union européenne.

«La CDU redécouvre sous la présidence de Merz les valeurs conservatrices traditionnelles.»

Bon connaisseur des Etats-Unis

Sa carrière se poursuit au Bundestag, où sa route croise les ambitions d’une «gamine» qu’il commet la lourde erreur de sous-estimer, une jeune femme d’Allemagne de l’Est, fille de pasteur, dépourvue de tout background politique. Angela Merkel prend le dessus sur lui à la tête du puissant groupe parlementaire de la CDU au Bundestag. Ecarté du poste qu’il convoitait, Friedrich Merz quitte avec fracas la politique pour se tourner vers le monde des affaires, devient millionnaire, avant de revenir vers la politique en 2018, lorsque la chancelière amorce son départ.

Pendant cette longue traversée du désert, Merz devient avocat d’affaires, collectionne les postes au sein des conseils de surveillance (Axa, Commerzbank, Deutsche Börse…), devient lobbyiste chez BlackRock et président de l’Atlantik-Brücke, un cercle d’influence au service des relations transatlantiques. Sa connaissance des Etats-Unis et son scepticisme envers l’Amérique de Donald Trump sont aujourd’hui perçus comme un atout, à l’heure où les Européens sont forcés de réorganiser leur défense commune… 

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