Qu’est-ce que le déni de grossesse ?
L’autopsie réalisée sur le corps du bébé retrouvé gelé vendredi à Arbre, près de Profondeville, n’a pas encore livré ses résultats mais le déni de grossesse est l’hypothèse privilégiée par les enquêteurs pour expliquer le décès.
Ce mécanisme psychologique, par lequel une femme n’est pas consciente de sa grossesse, peut toucher les femmes de tout âge, explique Sophie Van Oost, psychologue membre de la commission des psychologues. « C’est comme si la partie consciente du cerveau ne veut pas admettre que le ventre grossit », explique la psychologue.
Des dénis à tous âges
Les femmes touchées par ce phénomène peuvent se trouver dans plusieurs situations, note la psychologue. D’abord, des adolescentes très immatures qui ont une physionomie ronde et qui ne prennent pas conscience de leur état. Ensuite, le déni de grossesse peut aussi concerner des femmes plus mûres qui ont parfois déjà eu des enfants.
La psychologue évoque ainsi la Française Véronique Courjault, condamnée en 2009 en France à huit ans de prison pour infanticides après la découverte par son mari de trois bébés congelés, qui avait déjà eu des enfants. Dans ce type de cas, il faut alors chercher des « explications » dans le passé de la mère. Le déni de grossesse peut également concerner des femmes qui souffrent de maladies psychologiques, comme des psychoses.
Certaines femmes peuvent également être touchées par le déni de grossesse, car elles n’identifient pas les signes caractéristiques traditionnels d’une grossesse si elles continuent à avoir leurs règles, par exemple.
Une naissance traumatisante
Le déni de grossesse peut dans certains cas prendre une tournure dramatique. Une femme enceinte qui n’est pas consciente de son état peut alors mettre au monde un enfant dans des circonstances exceptionnelles, par exemple dans les toilettes. La naissance revêt alors quelque chose de traumatisant et de sidérant et peut conduire à des infanticides, explique Sophie Van Oost. Le déni de grossesse peut alors être considéré comme une circonstance atténuante, selon elle.
Le travail des psychologues consistera à essayer de comprendre pourquoi la personne n’a pas pris conscience de son état. Une femme à qui on apprend qu’elle est enceinte après quelques mois de grossesse peut ainsi voir son ventre grossir entre deux consultations, précise la psychologue. L’enfant qui grandit peut être en bonne santé, ajoute-t-elle.
Ce mécanisme psychologique a toujours existé, selon Sophie Van Oost. Cette dernière estime que la prévention autour des moyens de contraception peut faire diminuer le nombre de dénis de grossesse.
Le Vif.be, avec Belga
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