Pourquoi les petites filles préfèrent-elles le rose ?
Dans notre société occidentale où le monde des enfants est de plus en plus genré, comment explique-t-on que le bleu et le rose dominent ?
De nombreux chercheurs se sont penchés sur les préférences en matière de couleur chez différents groupes d’âge. Aux États-Unis, la plupart ont démontré que les bébés et les tout petits, quel que soit leur sexe, préfèrent les couleurs primaires comme le rouge et le bleu, rapporte la BBC.
En 2007, une étude menée par l’université de Newcastle en Grande-Bretagne auprès d’un groupe d’adultes a démontré que la couleur favorite des femmes et des hommes était le bleu, même si les femmes avaient tendance à classer les teintes de rouge plus haut que les hommes. Cela s’expliquerait, selon les chercheurs, par le fait qu’au temps des chasseurs-cueilleurs, les femmes avaient pour mission de récolter les fruits.
Cependant, si cette théorie était exacte, l’attirance des femmes pour le rouge devrait être universelle, mais une étude menée en 2013 avec le peuple Himba en Namibie a démontré que les femmes n’étaient pas particulièrement attirées par les teintes rouges.
Les normes culturelles pourraient donc jouer un rôle sur nos préférences en matière de couleurs. Dans les sociétés où le rose est considéré comme la couleur des petites filles et le bleu celle des petits garçons, les enfants sont habitués depuis la naissance à être entourés par ces couleurs.
Une étude menée en 2011 a présenté des paires d’objets identiques, dont l’un était rose et l’autre d’une couleur différente, à des enfants (filles et garçons). Les enfants d’un an ont choisi les objets sans tenir compte de leur couleur, mais après l’âge de deux ans, les filles ont commencé à préférer le rose, tandis que vers 4 ans, les garçons ont commencé à le rejeter. Or, il s’agit précisément de l’âge auquel les enfants commencent à prendre conscience de leur sexe, à en parler et à observer le monde pour déterminer ce qui distingue une fille d’un garçon.
Le sexe est également une préoccupation de plus en plus présente à un moment de la grossesse. La question la plus posée lorsqu’une naissance est annoncée est « est-ce une fille ou un garçon ? » On pourrait penser que la couleur à laquelle les bébés sont exposés n’a pas tellement d’importance, mais cela peut aussi influencer la manière dont nous les traitons. Une célèbre étude a d’ailleurs démontré que les femmes traitent le même bébé de manière différente s’il porte du bleu ou du rose. Si les vêtements sont bleus, elles supposent qu’il s’agit d’un garçon et jouent à des jeux plus physiques avec lui et l’incitent même à jouer avec un marteau, alors qu’avec un bébé habillé en rose elles sont plus douces et choisissent une poupée pour jouer.
Aujourd’hui, le rose est aussi utilisé dans les campagnes contre le cancer du sein, mais ce n’est pas efficace, selon les chercheurs de l’université Érasme de Rotterdam. Ils ont constaté que lorsqu’une campagne était dominée par le rose, les femmes étaient moins susceptibles de faire un don ou de penser qu’elles-mêmes pourraient avoir un cancer du sein. Quand on rappelle leur sexe aux femmes de manière aussi ouverte, les campagnes paraissent si menaçantes que cela déclenche une réaction de déni, selon les chercheurs.
Cependant, le rose peut s’avérer utile pour les hommes comme pour les femmes dans certains cas. En 2002, des chercheurs suisses ont découvert que lors d’une enquête, la couleur du papier sur lequel étaient imprimées les questions n’avait aucune influence, sauf si elle était rose. Dans ce cas 12 % de personnes en plus remplissent le questionnaire.
Il semblerait donc que les couleurs influencent notre comportement bien plus qu’on ne le pense.
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