Mars: la Nasa confirme la mort du robot Opportunity
La Nasa a confirmé mercredi que le robot martien Opportunity, qui roulait sur Mars depuis 2004 mais ne communiquait plus depuis juin 2018, était définitivement hors service.
« Je déclare la mission Opportunity terminée », a déclaré le responsable scientifique de la Nasa, Thomas Zurbuchen, lors d’une conférence de presse à Pasadena en Californie, au Jet Propulsion Laboratory d’où était piloté le rover. « C’est une célébration », a ensuite dit l’administrateur de la Nasa, Jim Bridenstine, évoquant la longueur de la mission et son apport aux connaissances sur l’histoire de Mars. Le chef du programme John Callas a expliqué que la mission ne devait initialement durer que trois mois. Les ingénieurs savaient que la fin aurait lieu un jour, « mais nous n’imaginions pas que cela durerait si longtemps ». « Même si c’est une machine, c’est difficile de dire adieu, c’est poignant », a-t-il dit.
Opportunity est tombé en panne lorsqu’une tempête de poussières a empêché, pendant des mois, les rayons du Soleil de recharger les batteries du rover. Depuis huit mois, la Nasa a envoyé plus d’un millier de messages et d’ordres pour tenter de réveiller le robot, l’ultime tentative ayant eu lieu mardi soir. « Nous n’avons rien entendu en retour, donc c’est le moment de faire nos adieux », a dit John Callas.
Après huit mois et des centaines de messages envoyés depuis la Terre restés sans réponse, la Nasa a annoncé que l’ultime tentative avait eu lieu mardi soir. La communauté de chercheurs et d’ingénieurs impliqués dans le programme semblait avoir fait son deuil du mythique rover. « Ai passé la soirée au JPL pour les tout derniers ordres envoyés au rover Opportunity sur Mars. C’était silencieux. On a pleuré. On s’est embrassés. On a partagé souvenirs et rires », a tweeté Tanya Harrison, directrice de recherche à l’Arizona State University et collaboratrice du programme, installé au Jet Propulsion Laboratory près de Los Angeles. « Bon vent, Opportunity », a aussi écrit Keri Bean, qui a eu « le privilège » d’envoyer le message final au robot, dans la soirée de mardi. « Saluons la reine de Mars », a tweeté Mike Seibert, ancien pilote d’Opportunity.
La fin de la mission devrait être confirmée officiellement par le patron de la Nasa, et par les responsables du programme d’exploration martienne, lors d’une conférence de presse à Pasadena (Californie) à 19H00 GMT. C’est là que des générations de scientifiques se sont succédé pour commander le rover. Son bilan est extraordinaire dans l’histoire de l’exploration planétaire: 45,16 kilomètres parcourus, plus que le rover soviétique Lunokhod 2 sur la Lune dans les années 1970 et plus que le rover conduit par les astronautes américains de la mission Apollo 17 sur la Lune en 1972 (35 km). Opportunity a aussi envoyé sur Terre 217.594 images, toutes mises à disposition sur internet.
Un seul rover actif
« Pour le grand public, Mars est devenue cet endroit dynamique qu’on pouvait explorer tous les jours », dit à l’AFP Emily Lakdawalla, experte de l’exploration spatiale qui écrit pour la Planetary Society. « Le rover était si mobile qu’il semblait être une créature animée », continue-t-elle. « Il avait cette perspective quasi-humaine sur la surface de Mars, ses yeux étaient écartés comme des yeux humains, à une hauteur d’environ 1,50 mètre du sol, comme des humains. C’était comme un avatar de l’humanité qui voyageait sur la surface ».
Opportunity avait atterri sur une grande plaine où il a passé la moitié de sa vie, traversant des kilomètres de plat et restant même bloqué quelques semaines dans une dune de sable. C’est là que le robot, avec ses instruments de géologie, a permis de confirmer que de l’eau liquide se trouvait un jour sur Mars. La seconde partie de sa vie, il a remonté les flancs du cratère Endeavour, prenant de spectaculaires clichés panoramiques… et découvrant des veines de gypse, nouvelle preuve que de l’eau coulait entre ces roches.
Son jumeau Spirit a atterri trois semaines avant lui, et s’est éteint en 2010. Les deux ont largement rempli les attentes de leurs concepteurs: leurs missions devaient théoriquement durer 90 jours, des durées souvent dépassées mais rarement d’autant… Seul un rover reste encore actif sur Mars, également américain: Curiosity, qui a atterri en 2012. Lui n’est pas dépendant du Soleil car son énergie vient d’un petit réacteur nucléaire. En 2021, il sera rejoint, sur un autre site de la planète, par le robot récemment baptisé Rosalind Franklin, dans le cadre de la mission européano-russe ExoMars.
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