La biostatistique: des « scénarios », pas des « prédictions »
Hier ignorée, la discipline sert désormais à conseiller, voire à justifier la décision politique.
Comment savoir quand déconfiner quand tous s’impatientent? Organiser vite, vite une conférence de presse – comme celle du 22 février aux côtés de biostatisticiens exposant, à l’aide de graphiques, l’impact d’un déconfinement. D’habitude discrets, ceux-là se sont soudain retrouvés en première ligne sur le front de la pandémie. Pas dans les hôpitaux, mais dans des bureaux, manipulant des fonctions exponentielles, des échelles logarithmiques ou des paramètres comme le fameux Ro.
Hier ignorée, la discipline sert désormais à conseiller, voire à justifier la décision politique. Ces experts s’appuient sur des modèles validés dans d’autres situations – la grippe, Ebola, les maladies nosocomiales… -, et les adaptent aux paramètres de la nouvelle épidémie. Ils utilisent ainsi les données d’hospitalisations ou les décès… mais qui arrivent avec retard sur les flambées.
Le nombre et le rôle des asymptomatiques posent aussi des problèmes pour bien évaluer les transmissions. Tout comme celui des enfants. Surtout, jamais aucun biostatisticien n’avait testé des mesures d’intervention comme le confinement.
Alors, pour calibrer les modèles, c’est la débrouille. Les modélisateurs recourent, par exemple, à des données de téléphonie mobile pour évaluer les interactions entre les individus. Voilà comment les modèles sont poussés à leurs limites. Des modèles qui restent des « scénarios », pas des « prédictions » qui se réalisent.
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici