Géothermie: les volcans, cette mine d’or énergétique
Les dizaines de volcans des Philippines sont, par la chaleur qu’ils renferment, une véritable mine d’or énergétique. Et Manille compte bien en profiter pour relancer son secteur géothermique et réduire sa dépendance à l’égard du fossile.
Grâce à sa position sur la « Ceinture de feu du Pacifique », une zone d’intense activité sismique, l’archipel a longtemps été un des plus gros producteurs d’énergie géothermique. Mais des années de négligences et de sous-investissements ont plombé le secteur.
Une série de nouveaux projets ont été lancés pour exploiter l’un des plus gros gisements de chaleur volcanique au monde et permettre aux Philippines de ne plus dépendre du charbon pour la production de la moitié de son électricité.
« C’est une évolution excitante », décrit à l’AFP Enrique Nunez, directeur de l’ONG Conservation International. « Dans un environnement où le charbon est roi, c’est une bonne chose ».
Sur le site de Maibarara, à une heure au sud de Manille, des conduits métalliques brillants crachent une épaisse vapeur blanche sur une colline recouverte de jungle. Il s’agit d’une des usines qui ont été récemment rénovées.
Le principe est simple: la vapeur d’eau à très haute température captée dans les profondeurs de la Terre est remontée pour alimenter des turbines produisant l’énergie.
« Il n’y a pas de fumées », observe Paul Elmer Morala, le gestionnaire du site. « Cela fait un peu de bruit mais les voisins ne se plaignent pas ».
Pendant des années, les Philippines furent, derrière les Etats-Unis, le deuxième producteur d’énergie géothermique au monde, avec le développement de projets dans les années 1970 et 1980 pour faire face au choc pétrolier.
Mais pour accompagner son essor économique ces dernières décennies, l’archipel s’est tourné vers le charbon, une source d’énergie moins chère et beaucoup plus facile à exploiter rapidement.
Depuis 2002, la quantité d’énergie tirée de la géothermie est demeurée plus ou moins constante tandis que celle provenant des centrales au gaz ou au charbon a triplé.
Et au début 2018, les Philippines ont même cédé leur deuxième place sur le podium de la géothermie à l’Indonésie, avec l’achèvement du projet gigantesque de Sarulla, sur l’île de Sumatra.
– « Très risqué » –
En juin, le gouvernement philippin a donné son feu vert à de nouveaux contrats d’exploration, après avoir ces dernières années accordé une dizaine de permis de puits d’exploration à des entreprises.
« Le but est bien sûr d’augmenter les capacités existantes », a déclaré à l’AFP Ariel Fronda, responsable du département des énergies renouvelables au ministère philippin de l’Energie.
« Il y a beaucoup d’intérêt pour les énergies renouvelables ».
Les sept champs philippins de géothermie fournissent environ 12% de l’énergie utilisée dans l’archipel, et le projet est de doubler cette part d’ici 2040.
Les réserves philippines en géothermie sont les cinquièmes au monde, après les Etats-Unis, l’Indonésie, le Japon et le Kenya.
Identifier ces ressources est cependant particulièrement coûteux. Chaque puits d’exploration coûtant jusqu’à huit millions de dollars chacun, sans aucune garantie de succès.
« La géothermie, c’est très risqué », explique M. Fronda. Le gouvernement exige pour chaque projet d’exploration la construction de deux puits afin d’estimer plus précisément les réserves du site.
Si les Philippines ont reculé d’une place dans le classement mondial, elles restent un des grands acteurs du secteur de la géothermie, estime David Livingston, un expert des énergies renouvelables au sein du think-tank Atlantic Council.
« Les Philippines peuvent jouer un rôle de catalyseur pour susciter l’intérêt pour la géothermie d’autres Nations en développement, en particulier si ses projets les plus récents sont couronnés de succès », a-t-il dit.
La « ceinture de feu du Pacifique », où se situent les Philippines, est une des zones du monde où séismes et éruptions volcaniques sont les plus fréquents.
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