Chez des singes d’Afrique, la communication en partie innée
Les singes verts, sous la menace d’un drone au-dessus de leur tête, ont été capables de produire un nouveau cri d’alarme rapidement compris par leurs congénères, suggérant que l’espèce a en elle un répertoire d’expressions inné.
Ces singes, qui vivent en Afrique de l’Ouest, sont notamment reconnaissables à leur face noire bordée de poils blancs.
Devant les menaces, ils préviennent leurs semblables en émettant des sons spécifiques à chaque danger: léopard, serpent… Après le son « léopard », ils grimpent dans les arbres; après l’alerte « serpent », ils s’immobilisent sur deux pattes.
Pour mieux comprendre comment ces animaux communiquent entre eux, des chercheurs allemands ont testé la réaction de 80 singes verts du Sénégal confrontés à l’apparition d’un drone dans le ciel, un « danger » qui leur était jusque-là inconnu.
Résultat: les singes se sont mis à pousser des cris bien différents de ceux émis quand ils aperçoivent des léopards ou des serpents.
Quand les chercheurs ont rediffusé ces nouveaux cris d’alerte par haut-parleurs, les primates se sont mis à scruter le ciel ou à s’enfuir, « suggérant qu’ils avaient immédiatement appris la signification de ce son ».
« Une seule exposition à une nouvelle menace peut suffire », explique Julia Fischer, du German Primate Centre de Göttingen, coauteur de l’étude publiée lundi dans la revue Nature Ecology & Évolution. Une rapidité d’assimilation qui semble écarter l’apprentissage.
Plus surprenant encore, ce nouveau signal est « étonnamment similaire » au bruit que font les singes vervets de l’est de l’Afrique quand ils aperçoivent des aigles, et leurs réactions sont les mêmes. Et ce bien que les deux lignées (de l’est et de l’ouest) aient divergé il y a environ 3,5 millions d’années et que les singes verts ne soient jamais confrontés aux aigles.
Selon l’étude, la similarité des appels montre que le cri d’alerte est un réflexe physiologique enraciné dans l’histoire évolutive de ces singes.
Un peu comme l’humain né avec « un répertoire inné d’expressions préverbales (les rires, les cris, les gémissements…) », explique à l’AFP Kurt Hammerschmidt du German Primate Centre, coauteur de l’étude.
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