Ada Lovelace, « magicienne des nombres » et première programmeuse de l’histoire
La fille de Lord Byron est une des pionnières de l’informatique. C’est la femme derrière le premier algorithme. Son importance va pourtant longtemps être occultée. Pour réparer cette injustice, chaque deuxième mardi d’octobre, on célèbre sa journée.
Bien que la contribution des femmes, dans de nombreux domaines, ait manqué cruellement de publicité, voire ai été systématiquement discrédité, certaines de leur idées les plus lumineuses sont parvenues à se glisser à travers les fissures. C’est le cas de celles issues de l’esprit fertile et novateur d’Ada Lovelace.
Lovelace, qui décède en 1852 à l’âge de 36 ans d’un cancer de l’utérus, ne va cependant jamais connaître la gloire de son vivant. Un oubli que tente d’adoucir le Ada Lovelace Day, qui célèbre, chaque deuxième mardi du mois et ce depuis 2009, les réalisations des femmes dans les STEM (science, technologie, ingénierie et maths). Des domaines où elles sont rares, puisqu’elles ne représentent que 23% des troupes. Des domaines où il règne aussi une misogynie qui perdure puisque pas plus tard que la semaine dernière, un éminent scientifique a présenté un exposé affirmant que « la physique a été inventée et construite par les hommes ». Ignorant au passage les contributions de Marie Curie, Lise Meitner et Chien-Shiung Wu précise The Independant.
Une éducation moderne
La fille du poète romantique Lord Byron, qu’elle ne connaîtra par ailleurs jamais, montre une passion précoce pour les sciences.
Augusta Ada Byron de son vrai nom, publie, dès l’âge de 12 ans, son premier traité dédié aux matériaux qui pourraient imiter les ailes des volatiles. Mais ce ne sont là que des rêveries pour Annabella Milbanke, sa mère, une femme riche et instruite que Lord Byron appelait la « princesse des parallélogrammes » ou la « Médée des mathématiques ». Cette dernière va la pousser à se concentrer sur des sciences dites dures et l’encourager fermement à suivre une éducation dans des matières habituellement réservées aux hommes.
A dix-sept ans, dans un salon à Londres, Ada Lovelace rencontre le mathématicien Charles Babbage, inventeur de la calculatrice mécanique et qui deviendra son mentor. La relation qui va unir Charles Babbage et Ada Lovelace est purement scientifique et deviendra l’une des collaborations les plus fructueuses de l’histoire. Elle va rapidement faire montre d’une intelligence hors du commun, développant des concepts si en avance sur son temps qu’il va falloir encore cent ans pour que ceux-ci soient bien compris. Celle qui considérait les mathématiques et la logique comme des sciences créatives et imaginatives, les appelait des « sciences poétiques ».
Devenue épouse, mère de trois enfants et comtesse de Lovelace, elle s’attache, dès 1842, à enrichir un article du scientifique italien Menabrea sur les machines à calculer. Elle était déterminée à ne pas laisser sa vie de famille ralentir son travail. C’est elle qui la première, soit en 1843, va émettre l’hypothèse que la machine de Babbage pouvait potentiellement traduire de la musique, des images et du texte sous forme numérique. Cette machine pourrait être programmé pour suivre des instructions et elle ne pourrait pas seulement calculer mais aussi créer en « tissant des motifs algébriques ». Elle pourrait comprendre les symboles et être utilisée pour créer de la musique ou de l’art. Walter Isaacson écrit dans son livre « The Innovators » : « Ce point de vue allait devenir le concept central de l’ère numérique. « Tout contenu, donnée ou information – musique, texte, images, chiffres, symboles, sons, vidéo – peut être exprimé sous forme numérique et manipulé par des machines. »
En faisant des calculateurs « des partenaires de l’imagination », elle pose en réalité les bases d’un premier algorithme informatique. Des travaux qui préfigurent l’informatique moderne et l’intelligence artificielle, dont les historiens ont montré l’importance pour les recherches d’Alan Turing. Un siècle avant l’ère de l’informatique, Ada Lovelace, celle que l’on va surnommer la »magicienne des nombres », va imaginer l’ordinateur moderne et universel.
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