Vous ne tenez pas vos résolutions? Est-ce vraiment grave?
Les bonnes résolutions fondent souvent comme neige au soleil… Comment les tenir dans la durée? » Ne placez pas la barre trop haut » est le conseil de notre psychologue.
Maarten Vansteenkiste est psychologue de la motivation (UGent): « Beaucoup de gens tentent de concrétiser leurs résolutions au départ d’une motivation. Ainsi, ils ambitionnent de bouger davantage ou de manger plus sainement dans l’espoir, par exemple, de lire sur la balance un chiffre qui leur plait mieux. Mais ce n’est pas parce que vous voulez atteindre un certain objectif que la voie pour y parvenir est facile ; or, la motivation intrinsèque directe pour adopter le bon comportement manque souvent. Si cette motivation était là, vous seriez probablement déjà en train de faire du sport ou de faire régime. »
Heureusement, la motivation intrinsèque n’est pas une condition sine qua non pour tenir le coup. « C’est ce que nous apprend la crise du coronavirus. Une majorité de Belges suit assez bien les règles imposées, même si ce n’est pas par plaisir. Beaucoup le font pour protéger des membres de leur famille ou notre système de soins. Tant que la plus-value de l’objectif sous-jacent est claire, on peut donc motiver les gens à beaucoup de choses. »
Des objectifs réalisables
La menace d’être atteint de la covid-19 nous plonge évidemment dans une situation de crise urgente. Mais lorsque les objectifs sont moins urgents, comment peut-on passer des intentions aux réalisations? Maarten Vansteenkiste prône le réalisme: « Ne placez pas la barre trop haut. Se fixer des objectifs réalisables augmente les chances de les atteindre et ensuite de trouver la motivation de persévérer. Si vous souhaitez maigrir, adoptez une approche graduelle: un régime sévère ne marchera pas si vous n’avez jamais fait attention à votre alimentation. Il en va de même si vous voulez bouger plus: choisissez de préférence une activité qui entre dans vos possibilités physiques. Pour quelqu’un qui n’a pour ainsi dire jamais fait de sport, mieux vaut ne pas s’imposer un programme de course inflexible. Si en outre vous choisissez une activité qui vous procure du plaisir, vous la maintiendrez plus longtemps. À l’inverse, vous abandonnerez rapidement une activité que vous trouvez peu agréable. »
Se fixer des objectifs réalisables augmente les chances de les atteindre et ensuite de trouver la motivation de persévérer. EXPERT BODYTALK Maarten Vansteenkiste, psychologue de la motivation (UGent)
Quelle est l’activité « idéale »? « La théorie de l’auto-détermination nous apprend que toute personne veut se sentir compétente dans ce qu’elle fait, expérimenter un certain degré d’autonomie et établir une connexion avec d’autres. Plus une activité correspond à ces besoins psychologiques de base, plus vous aurez de chances de la poursuivre. »
Mais le psychologue insiste: « Osez échouer! » Lorsque nous ne parvenons pas directement à nos fins, nous considérons cela trop rapidement comme un échec et nous abandonnons. Nous n’avons pas à nous juger aussi sévèrement. Une nouvelle habitude s’installe toujours progressivement, avec des hauts et des bas. Il est normal de ne pas atteindre certains objectifs et de rencontrer des obstacles sur sa route. « Le plus important est de réessayer le lendemain ou la semaine suivante. J’éviterais donc le mot échec et qualifierais plutôt de ‘rechute’ une situation qui offre une ‘occasion d’amélioration’. »
Joker!
Vous pouvez aussi utiliser un joker, propose Maarten: « Imaginons que vous ayez décidé cette année d’aller marcher deux soirs par semaine. Une résolution réaliste, et pourtant la météo hivernale peut vous mettre des bâtons dans les roues. Donnez-vous la liberté, par exemple en cas de forte pluie, de ne pas sortir. Cela fait baisser la pression tout en vous permettant de garder le cap. Vous pouvez évidemment aussi adapter vos objectifs. Ce n’est pas parce que vous avez décidé d’aller marcher le mardi et le vendredi que vous ne pouvez pas déplacer votre promenade à un autre jour. Avoir un plan A, c’est bien ; garder un plan B en réserve comme alternative, c’est encore mieux! »
La période des fêtes et l’été sont des moments où l’on prend traditionnellement de bonnes résolutions. Ce n’est pas un hasard si ces moments offrent souvent le temps et l’occasion de réfléchir à une période passée. « Ce sont des moments typiques de ressourcement, explique le psychologue. Le reste de l’année, nous manquons souvent de temps pour cela. Nous prenons alors la peine de ressortir et dépoussiérer notre boussole intérieure et réfléchissons à ce qui donne sens à notre vie. Nous sommes invités à fixer de nouveaux objectifs ou à reprendre d’anciens. La grande difficulté est d’établir des priorités, car dès que l’été ou la période des fêtes se termine, la vie trépidante reprend pour beaucoup. Plus d’une fois, il nous arrive de constater alors que nos résolutions se heurtent à d’autres objectifs ou obligations, ainsi qu’à un agenda chargé. Conflits d’objectifs et déception naissent de cette course après le temps. Quiconque veut tout faire en même temps a parfois l’impression qu’il ou elle échoue sur toute la ligne. »
Fixer des priorités
Fixer ses priorités est tout un art. « Il faut une bonne dose de courage et de persévérance pour réorganiser sa vie selon ses valeurs. Ainsi, si vous souhaitez passer plus de temps en famille, vous devrez, par exemple, libérer un week-end chaque mois. Réorganiser sa vie en fonction de ce souhait n’est pas évident. Car vos amis pourraient vous proposer une activité, un restaurant, ou visiter une expo ce weekend-là justement. Votre capacité à gérer cette pression ou distraction sociale dépend de la priorité que vous avez accordée à ce temps pour la famille. C’est pourquoi je recommande à chacun de réfléchir en profondeur à ses priorités. Cela implique aussi de se donner la possibilité d’expérimenter. Une ‘phase d’expérimentation’ vous aidera à découvrir comment concilier théorie et pratique. Vous remarquerez que de vieilles habitudes ou distractions indésirables guettent avec acharnement. Elles peuvent considérablement perturber vos nouvelles résolutions. Celui ou celle qui, lors d’une période de test, rencontre d’éventuels obstacles, peut dès lors les anticiper, mais aussi adapter et peaufiner ses plans. »
Compagnons de route
Admettons que l’administration ne soit pas votre point fort: vider votre boîte mail, par exemple, est une activité que vous détestez. « Faites-en alors sporadiquement une priorité consciente afin de vous éviter, plus tard, un travail de recherche inutile. Fixez dans votre emploi du temps un moment pour remettre de l’ordre. Ce qui peut aider aussi, c’est de s’envoyer un message d’encouragement qui vous rappelle votre résolution. Accordez-vous un incitant. Vous augmentez ainsi les chances d’atteindre votre objectif. Un sentiment de confiance en soi nourrit en outre votre expérience d’autonomie et de compétence, deux moteurs importants d’une motivation durable. »
Enfin, Maarten Vansteenkiste plaide pour vous choisir des « compagnons de route »: « Mettre en pratique votre résolution avec d’autres stimule un sentiment de solidarité, ce qui ne fera que renforcer votre motivation. Si votre résolution est de nature relationnelle, ce conseil compte double! Quiconque veut passer plus de temps avec ses enfants a tout intérêt à planifier du temps en famille… et se fixer une soirée de jeux de société, par exemple. »
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