Une étude controversée sur la viande suscite une dispute entre une université texane et Harvard
La grande université américaine Texas A&M a interpellé celle d’Harvard, après que des chercheurs de Texas A&M ont été accusés de conflits d’intérêts dans une étude minimisant les risques de la viande rouge, et qui avait fait grand bruit en octobre.
Le chancelier de l’illustre Texas A&M, John Sharp, a écrit mercredi une lettre ouverte au président de la prestigieuse université Harvard, Lawrence Bacow, afin de se plaindre des déclarations de plusieurs enseignants d’Harvard. Ces derniers avaient accusé des auteurs de l’étude de n’avoir pas déclaré leurs liens avec un programme de Texas A&M financé en partie par le lobby du boeuf.
« Je peux vous assurer que la recherche de Texas A&M est guidée par la science, un point c’est tout », a écrit John Sharp, qui accuse les chercheurs d’Harvard d’actes « contraires à l’éthique ».
L’étude en question était une synthèse de multiples études passées sur les effets de la consommation de viande rouge et de charcuterie sur les risques de maladies cardiovasculaires et de cancer. Elle concluait que l’augmentation des risques était trop faible pour justifier les recommandations universellement prodiguées par les agences de santé publique, à savoir qu’il faut minimiser la consommation de viande rouge et de charcuterie. Une conclusion qui avait provoqué une tempête.
Quelques semaines plus tard, il avait été révélé que l’auteur principal de la synthèse, Bradley Johnston, professeur à l’université Dalhousie au Canada et chef du groupe NutriRECS ayant réalisé l’étude, avait reçu auparavant des financements du programme texan.
La revue ayant publié l’étude, Annals of Internal Medicine, a estimé que les auteurs auraient dû déclarer ces liens financiers, au nom de la transparence. Elle a publié une correction le 31 décembre pour les signaler.
L’organisation True Health Initiative, à laquelle sont associés plusieurs chercheurs d’Harvard, avait ensuite écrit sur son site, en janvier, que l’étude représentait « encore un coup porté à la confiance du public dans la science de la nutrition, ce qui était peut-être le but premier des auteurs ».
Le New York Times avait également établi que Bradley Johnston avait reçu dans le passé des financements de ILSI, une organisation financée par l’industrie agroalimentaire, pour une étude qui concluait que les recommandations sur la réduction de la consommation de sucres étaient peu justifiées. Lui-même s’est défendu de tout conflit d’intérêts dans sa recherche.
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