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Un demi-jour en moins à la maternité : quelle conséquence pour les patients ?

Marie Gathon Journaliste Levif.be

La ministre des Affaires sociales et de la Santé, Maggie De Block, a annoncé des économies dans le secteur de la santé. Parmi celles-ci, les femmes devront quitter la maternité 4 jours après l’accouchement, soit un demi-jour plus tôt. La qualité des soins prodigués à la mère et au bébé ne risque-t-elle pas d’en pâtir ? Réponse de Venessa Wittvrouw, vice-présidente de l’Union professionnelle des sages-femmes belges.

Un séjour plus court à la maternité qu’est-ce que cela va changer ?

Venessa Wittvrouw : Pour le personnel soignant, cela impliquera un turnover plus important des patientes et une période plus courte pour d’éventuels dépistages ou pour transmettre les apprentissages à la maman.

Les mères ne risquent-elles pas de se retrouver livrées à elles-mêmes lorsqu’elles rentreront plus tôt à la maison ?

Actuellement, il existe déjà un service de sage-femme à domicile, indépendante ou employée par l’hôpital, qui fait le suivi post-maternité à la maison. L’Inami prévoit d’ailleurs un remboursement de ces consultations jusqu’au sixième jour après l’accouchement. Tous les parents peuvent demander ces consultations. La réforme du gouvernement ne prévoit pas de changement à ce niveau.

Il faudra bien entendu un temps d’adaptation pour organiser ce surplus de travail à domicile et j’espère que le gouvernement attendra que cette transition puisse s’opérer. Car si le suivi à domicile n’est pas opérationnel au moment de l’entrée en vigueur de cette réforme, nous risquons d’avoir des problèmes et des hospitalisations de nourrissons après leur sortie de la maternité.

Rester moins longtemps à l’hôpital, cela ne risque-t-il pas d’engendrer un stresse supplémentaire, surtout pour les jeunes parents ?

Il faut savoir qu’à Bruxelles le séjour moyen à la maternité est déjà de 3 jours seulement parce que beaucoup de mères préfèrent rentrer chez elles. Nous espérons toutefois que la mesure de Maggie De Block restera flexible et que, dans le cas d’un refus de quitter la maternité pour X ou Y raison, nous aurons toujours la possibilité d’étendre le séjour.

Il s’agit également de mettre en place, ou de poursuivre, le travail qui est opéré en amont. Dans certaines maternités, durant la grossesse, les parents ont déjà la possibilité de rencontrer la sage-femme qui les suivra à domicile. Cela les rassure et ils rentrent à la maison plus sereins. C’est très important d’établir un lien de confiance le plus tôt possible.

Selon vous, cette mesure va-t-elle engendrer une réelle économie pour l’Inami ?

Tout à fait. Le séjour hospitalier coûte très cher, tandis que les visites de sages-femmes à domicile ne coûtent que 26 euros et sont intégralement remboursées. Cela n’engendre donc pas de coût supplémentaire pour les parents et une belle économie pour la société. Et si le changement s’opère durant un laps de temps d’adaptation adéquat et que le suivi à domicile se fait dans de bonnes conditions, il n’y aura aucune perte de qualité des soins pour les patients.

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