Tous nos sens peuvent être affectés par le covid
Voir, entendre, toucher, sentir, goûter… C’est grâce à ces cinq sens que l’être humain perçoit le monde qui l’entoure. Une perception pourtant éprouvée par le covid, qui s’est régulièrement attaqué à notre goût et notre odorat. Mais pas seulement… Et si l’épidémie avait également affecté la vue, l’audition et même le toucher de certains patients?
De tous nos sens, l’odorat serait le plus fragile. Et pour cause : la plaque olfactive, une zone osseuse nichée au sommet du nez, est très délicate et sensible notamment aux inflammations, aux variations de température… mais aussi aux virus. Une légère perturbation, et voilà que notre odorat s’éteint (trop) facilement. Ce n’est donc pas étonnant que ce sens ait été l’un des premiers affecté par le covid…
Vient ensuite la perte de goût, elle aussi la conséquence de l’épidémie. À noter que la perte d’odorat entraîne souvent une perte au moins partielle du goût : les deux symptômes sont donc liés. Et si ces sens peuvent se rétablir spontanément en quelques jours, ils peuvent également persister. Du jour au lendemain, les patients sont incapables de reconnaître un aliment en les mangeant, ou de percevoir les odeurs qui les entourent. Mais à quoi est-ce dû ?
Nous avons des cellules spéciales qui sont sensibles aux odeurs – les cellules olfactives – et qui les captent. Ces stimulations sont ensuite transmises au cerveau via les nerfs olfactifs situés dans la plaque olfactive. Or, le covid infecte les neurones sensoriels et provoque une inflammation du système olfactif. Par conséquent, cela génère la destruction des cellules olfactives et entraîne donc l’anosmie et l’agueusie.
Pour autant, ces deux sens ne sont pas les seules victimes du covid, bien que la perte de goût et de l’odorat fassent partie des symptômes les plus courants. D’autres études réalisées au cours de l’année montrent qu’à court et à long terme, le virus peut également affecter la vue, l’ouïe et même le toucher.
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Sifflements, bourdonnements… voire surdité
Parmi les patients qui se sont remis du covid, nombreux sont ceux qui souffrent encore de cette perte d’odorat et de goût. D’autres s’inquiètent quant à eux de l’apparition d’un autre symptôme tout aussi handicapant: la perte d’audition. Le virus s’attaquerait donc à tout le système ORL. Chez certains, les effets du covid se prolongent au-delà des symptômes et de la durée classique de la maladie.
Ces troubles de l’ouïe toucheraient entre 8 à 15% des patients guéris de la maladie, signalaient en février dernier des chercheurs britanniques de l’université et du centre de recherche biomédicale de Manchester. Ils avaient alors recensé et analysé des signalements de problèmes auditifs dans 56 recherches sur le covid. Un constat rapidement confirmé en Belgique : le virus provoquerait bien des acouphènes, des vertiges et des pertes d’audition.
« Le virus peut arriver par le nez, par la trompe d’Eustache, dans l’oreille moyenne puis dans l’oreille interne. Il peut arriver aussi par le sang, et donc modifier le fonctionnement des petites cellules sensorielles de l’oreille interne, plus ou moins fort. Mais on peut aussi avoir des atteintes de type neurogène, sur le nerf auditif, comme on peut aussi avoir une perte de l’odorat et du goût », expliquait en mai dernier le Professeur Naïma Deggouj, chef de service adjointe au service ORL des cliniques Universitaires Saint-Luc, interviewée par RTL.
Au CHU Saint-Pierre de Bruxelles, une consultation ORL avait d’ailleurs été ouverte pour les patients post-covid. Et si les nerfs et cellules olfactives se régénèrent, il semblerait en revanche que l’atteinte au nerf auditif soit irréversible…
Le covid, responsable de paresthésie ?
La paresthésie désigne la sensation de fourmillements et d’engourdissements que l’on ressent au niveau des bras, des mains, des jambes ou des pieds. Elle se définit comme un trouble du toucher, de la sensibilité et des sensations. On le sait : le covid peut parfois se manifester sous la forme de troubles neurologiques. Et cette paresthésie semble en faire partie…
Dans une étude parue en mai 2021, des chercheurs se sont intéressés à ces manifestations neurologiques de la maladie. Une équipe a donc examiné 100 patients non hospitalisés mais présentant des symptômes neurologiques durant plus de 6 semaines. Outre le « brouillard cérébral » souvent constaté chez les patients atteints du covid, les scientifiques ont également remarqué que beaucoup d’entre eux souffraient d’engourdissements/picotements (60%) dans les membres de six à neuf mois après le début de la maladie. Parfois, ces symptômes étaient répandus à travers tout le corps ; pour d’autres cas, ils se limitaient aux mains et aux pieds.
Des symptômes ressentis par de nombreux patients, notamment en Belgique. En septembre 2020, Stéphanie, 51 ans, confiait au Vif souffrir de « la toux, des fourmillements dans les jambes, les bras, la bouche et même la langue, des engourdissements des membres, l’oppression thoracique… «
Vision trouble, douleurs…
D’autres malades ont également signalé des problèmes de vue. Au début de la crise, figuraient parmi les symptômes liés au covid des potentielles douleurs dans les yeux ou à l’arrière des yeux. Bien que peu fréquente, la conjonctivite semble aussi être l’un des symptômes possibles du covid. Sur près de 56.000 cas documentés en Chine, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) rapportait en février 2020 que la conjonctivite avait été constatée comme symptôme chez 0,8% des patients atteints du covid.
Un trouble qui peutprovoquer une irritation des yeux, une rougeur, des démangeaisons, un écoulement voire des croûtes autour des yeux. « Il y a indéniablement une charge virale dans l’oeil qui cause ces symptômes, mais cela n’est pas forcément synonyme de maladies oculaires sur le long terme » déclarait Shahzad I. Mian, professeur d’ophtalmologie et de sciences de la vision à l’école de médecine de l’université du Michigan, dans des propos repris par National Geographic.
Des problèmes sensoriels qui ne s’arrêtent pas là… Certains patients touchés par le covid souffrent encore de ces pertes de sens, plusieurs mois après leur guérison. Et si les »Covid longs » commencent à être mieux définis, un grand flou demeure sur leur nature réelle…
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