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Quatre fois plus de personnes diabétiques en 35 ans

L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) tire la sonnette d’alarme dans son rapport publié mercredi : le diabète touche aujourd’hui quelque 422 millions d’adultes dans le monde, contre 108 millions en 1980. Cette progression est liée à l’augmentation croissante de l’obésité et à une hygiène de vie qui se détériore de plus en plus.

« Le diabète progresse. Ce n’est plus une maladie prédominante dans les pays riches. Il augmente sans répit et partout, de façon plus marquée dans les pays à revenu intermédiaire », a prévenu la directrice générale de l’organisation onusienne, Margaret Chan.

La maladie touche actuellement 8,5% de la population adulte, soit deux fois plus qu’en 1980, en raison de la hausse de facteurs tels que le surpoids ou l’obésité.

« La mauvaise hygiène de vie est une des principales causes de cette évolution, et dans les pays développés, ce sont les conditions socio-économiques qui ont favorisé l’émergence de l’obésité et ensuite du diabète. C’est le mode de vie « à l’occidentale », c’est-à-dire manger trop, trop gras et pratiquer trop peu d’exercice physique, qui a plus que probablement provoqué cette hausse de la prévalence du diabète », nous apprend Kris Doggen, collaborateur scientifique à l’Institut de santé publique et spécialiste du diabète.

Selon une étude de « The Lancet », que mentionne un article du journal Libération, 13% des adultes dans le monde sont touchés par l’obésité, et ce chiffre pourrait grimper à 20% d’ici 2025.

En 2012, la maladie a tué 1,5 million de personnes dans le monde, auxquels il faut ajouter 2,2 millions de décès causés par des maladies liées au diabète, portant le total à 3,7 millions.

« Le diabète est la conséquence de notre style de vie, mais l’individu a-t-il actuellement le choix ? La société est telle qu’elle est. C’est difficile de faire des choix, car le coût des aliments sains est bien plus élevé que des aliments mauvais pour la santé ou qui contiennent trop de graisses. Où figure le choix dans ce processus ? Ce n’est pas à cause des mauvais « choix » des gens, c’est la société qui nous a poussés vers cette situation », explique Kris Doggen.

Les pays en voie de développement de plus en plus concernés

Les habitudes alimentaires sont entre autres désignées comme une des causes de l’augmentation constante et généralisée de la maladie. Elle est notamment en forte hausse dans l’Asie du Sud-Est et dans la région du Pacifique, où les projections de l’OMS démontrent bien que les modes de consommation alimentaires ont bien changé en quelques années et se sont calquées progressivement sur les modèles occidentaux. Lors des dix dernières années, la prévalence du diabète a augmenté plus rapidement dans les pays à revenu faible ou intermédiaire que dans les pays à revenu élevé.

D’après l’OMS, l’insuline, qui est le principal traitement du diabète, reste difficile à obtenir. L’insuline et les hypoglycémiants ne sont uniquement disponibles que dans quelques pays dits pauvres. En outre, les médicaments essentiels pour contrôler le diabète, tels que ceux qui permettent de faire baisser la tension artérielle, sont eux aussi difficiles à obtenir, et ce même dans les pays à revenu moyen.

Le diabète et le niveau d’éducation liés de près

Selon une étude de l’Institut de santé publique conduite en 2013 en Belgique, le pourcentage de personnes qui déclarent avoir souffert de diabète au cours des douze derniers mois varie immanquablement en fonction du niveau d’éducation. Plus celui-ci est faible, plus le risque de souffrir du diabète est élevé. On y apprend aussi que les personnes sans diplôme ou seulement avec un diplôme de l’enseignement primaire suivent moins souvent un régime spécifique que les personnes avec un diplôme de l’enseignement supérieur.

« Mal » manger est malheureusement le lot de beaucoup de personnes défavorisées, comme le rappelait la Banque Mondiale dans un rapport publié sur le site du Monde il y a trois ans. Les prix élevés de certains aliments poussent les plus démunis à se tourner irrémédiablement vers la « malbouffe » :

« La persistance des prix alimentaires volatils et élevés n’a pas seulement des conséquences sur la famine et la sous-nutrition mais également sur l’obésité qui pourrait augmenter dans un contexte de prix élevés où les populations choisissent des aliments moins chers et plus caloriques ». La Banque Mondiale pointe fortement le moindre coût de la « malbouffe » dans les pays pauvres.

Appel aux politiques

L’OMS demande à ses états membres de prêter une attention toute particulière au diabète et de mettre sur pieds des plans nationaux de lutte contre le diabète, pour permettre notamment d’avoir accès à l’insuline à un prix abordable. Elle insiste aussi sur la nécessité de décourager la consommation d’aliments nocifs pour la santé, car trop sucrés comme les boissons gazeuses par exemple, et de favoriser l’exercice physique régulier.

« Il n’existe pas de solution simple pour lutter contre le diabète », reconnaît l’OMS, en soulignant que « chacun a un rôle à jouer ».

En Belgique, on tarde encore à prendre vraiment le problème à bras-le-corps. Il existe bien un plan national pour l’ensemble des maladies chroniques mais pas de plan spécifique contre le diabète.

« On avance vers une politique de prévention, mais il n’y a pas un plan très net. Dans beaucoup de pays, il est question d’un plan de diabète national, voire régional. En Belgique, ça n’existe pas. Les associations de patients se battent depuis des années pour être entendues », nous dit Kris Doggen. Il poursuit : « Il faudrait instaurer des programmes de prévention et promouvoir l’activité physique, car on doit changer notre mode de consommation actuel. On a ce besoin d’éduquer et de conscientiser la population. Il y a bien quelques initiatives, comme dans les écoles notamment, où on explique qu’il faut essayer de manger plus sain, plus équilibré ».

Pour rappel, le diabète est une maladie chronique grave qui apparaît lorsque le pancréas ne produit pas suffisamment d’insuline (l’hormone qui régule la concentration de sucre dans le sang) ou lorsque l’organisme n’utilise pas correctement l’insuline qu’il produit.

Maxime Defays

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