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Les applications minceur favoriseraient les troubles alimentaires

Des dizaines de millions de personnes utilisent des applications de gestion de poids. Selon Beat, organisation britannique sur les troubles alimentaires, certaines applications mobiles favoriseraient les comportements néfastes pour la santé.

Une enquête de la BBC montre des contenus alarmants sur des applications telles que MyFitnessPal, Lose It ! ou encore Lifesum. Les développeurs de ces applications affirment pourtant que leur objectif est de promouvoir une alimentation saine tout en protégeant les utilisateurs vulnérables.

Comment fonctionnent ces applications ? MyFitnessPal permet de compter les calories ingérées au cours de la journée. Le principe est simple : chaque aliment mangé est noté dans l’application, qui calcule directement le nombre de calories qu’il contient. L’application dénombre 4 millions d’aliments et de plats internationaux. Lose it ! est également une application de comptage de calories, mais permet en plus de planifier des séances de sport. Lifesum adopte le même principe mais contient aussi des recettes et astuces, des planificateurs de repas et même un test qui permet d’évaluer ses besoins en termes d’alimentation.

L’enquête recense environ 20 entrées nuisibles générées par les utilisateurs de MyFitnessPal. Des expressions telles que « affamé », « je mange trop et je déteste ma vie » et « échec – gras » se retrouvent parmi la liste des aliments.

Jack Henderson, jeune britannique de 21 ans, témoigne. L’utilisation de MyFitnessPal a permis à son trouble alimentaire de « se transformer en spirale ». Il ne choisissait que des aliments présents dans l’application. Il préférait les plats préparés aux plats faits maison car il pouvait ainsi les noter dans son application. Même lorsqu’il avait une crise de boulimie, Jack notait dans l’application qu’il avait pris un repas normal. Il se donnait l’illusion de contrôler son alimentation alors qu’en réalité, il était contrôlé par l’application. Suite à une crise sévère en décembre 2018, les parents du jeune homme l’ont encouragé à se faire soigner dans une clinique spécialisée. Durant son traitement, les médecins l’ont tout de suite encouragé à supprimer cette application.

Holly Moyse, 25 ans, est également une ancienne utilisatrice de MyFitnessPal. C’est durant cette période qu’elle a développé un trouble anorexique. Elle raconte que l’utilisation de cette application l’amenait à peser tout ce qu’elle ingérait, même de la laitue. Également dépendante au sport, Holly a dû être hospitalisée car sa santé était en danger.

Les applications minceur favoriseraient les troubles alimentaires
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Les médecins spécialisés n’estiment pas que les troubles alimentaires développés chez certaines personnes soient directement liés à ces applications. Ils leur conseillent néanmoins d’adopter un contenu plus modéré pour soutenir les personnes souffrant de ces comportements. Tom Quinn, de Beat, déclare que le calcul de calories tourne à l’obsession chez certaines personnes. Pour lui, ces applications ne peuvent qu’exacerber les troubles alimentaires.

Les développeurs de ces applications ont assuré à la BBC qu’ils allaient mettre en place des mesures de protection pour dissuader les comportements néfastes pour la santé. La société américaine MyFitnessPal a déclaré avoir supprimé les entrées inappropriées de sa base de recherche. Elle ajoute que les utilisateurs qui enregistrent trop peu de calories sont encouragés à revoir leur régime alimentaire et ne reçoivent aucun message de félicitation de la journée. La société Lose It !, également américaine, a annoncé avoir supprimé six groupes d’utilisateurs qui ne respectaient pas les recommandations de l’application en matière d’alimentation saine. Enfin, la société Lifesum, basée à Stockholm, a quant à elle déclaré qu’elle apporterait aux utilisateurs concernés l’aide d’un nutritionniste. La firme estime qu’il est plus constructif de fournir un soutien à ces personnes plutôt que de les supprimer de l’application.

Les troubles alimentaires ne sont pas des maladies rares. En Europe et aux Etats-Unis, l’anorexie et la boulimie touchent majoritairement les femmes, principalement des étudiantes.

Loreline Dubuisson

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