Le pouvoir de l’alimentation sur la qualité de votre santé
Prévenir les maladies dépend aussi de vous. Et ça commence par la nutrition, véritable clé de voûte de la médecine préventive. C’est la conviction notamment de trois médecins dont les livres sont des phénomènes de librairie. Voici leurs prescriptions.
» Qu’est-ce qu’on mange ? » Cette question d’enfant impatient résonne aujourd’hui comme une expression – tragique. C’est vrai ça, qu’est-ce qu’on mange en fait ? Des pâtes à la sauce tomate bourrées de gluten et de sucre ? Le tout revenu dans une casserole en aluminium ? Et cette noisette de beurre, ne contient-elle pas trop de graisse ? C’est bel et bien l’obsession de l’époque : le public demande des informations nutritionnelles claires, fiables, exprimées autrement que dans un jargon médical. Le succès des livres » santé » le démontre de façon éclatante. Leurs ventes ont explosé ces dernières années, comme l’attestent, entre autres phénomènes, les scores des ouvrages de Michel Cymes, Vivez mieux et plus longtemps (Stock) – 330 000 exemplaires – et de Frédéric Saldmann, Prenez votre santé en main et Votre santé sans risque (Albin Michel), plusieurs millions d’exemplaires.
Leurs livres proposent d’évidents bons conseils, prodigués de façon limpide et enjouée, et c’est ce qui fait leur succès. Mais au-delà de ces recommandations sanitaires simples – provenant néanmoins d’études validées récentes -, il se trouve un point commun : encourager le lecteur à être actif. » Nous avons tendance à croire que la santé est un dû. En réalité, c’est un capital qu’il importe de chérir en permanence pour qu’il ne se dilapide pas « , écrit ainsi Michel Cymes, spécialiste en ORL. Frédéric Saldmann, cardiologue nutritionniste, s’attache lui aussi à promouvoir des actions de prévention – et non des traitements -, en pariant sur les ressources propres de l’homme.
C’est aussi l’esprit d’un autre ouvrage, la nouvelle bible arrivée des Etats-Unis : un gros pavé, près de 600 pages, intitulé Comment ne pas mourir. Ces aliments qui préviennent et renversent le cours des maladies (1). Depuis sa parution, en anglais d’abord, il y a un an (la version traduite en français est sur le marché depuis avril dernier), il se classe parmi les meilleures ventes de la New York Times Book Review.
L’idée n’est pas si nouvelle que ça puisqu’il y a plus de deux mille ans déjà, Hippocrate, père de la médecine moderne, vantait l’effet thérapeutique de la nourriture dans une formule devenue célèbre : » Que l’alimentation soit ta première médecine. » » Cette tendance s’était juste assoupie avant qu’on ne la remette récemment au goût du jour « , relève l’historien Pascal Ory, auteur de L’Identité passe à table… (PUF). Avec l’allongement de la durée de vie, il devient en effet primordial de préserver très tôt son capital santé.
Restez dans votre assiette
Aussi, l’auteur de Comment ne pas mourir, Michael Greger, médecin et nutritionniste, le proclame d’emblée : le médicament le plus puissant qui existe » pour défier 80 % des maladies chroniques » se trouve dans le contenu de l’assiette. Dans la première partie de son ouvrage, il dresse ainsi les quinze causes de mortalité les plus courantes, et explique ensuite comment leur résister. La première ? » Comment ne pas mourir d’une maladie cardiaque. » La deuxième ? » Comment ne pas mourir d’une maladie pulmonaire. » La troisième ? » Comment ne pas mourir d’une maladie cérébrale. » Et ça continue comme ça jusqu’à » Comment ne pas mourir à cause des médecins « .
C’est comme la ceinture de sécurité, ça ne garantit pas que vous ne mourrez pas dans un accident d’auto
Pas très riant, franchement, mais pour écrire ce livre à la fois instruisant et didactique, l’auteur a épluché la littérature scientifique. On vous épargne les multiples études qui nourrissent les pages. Les scientifiques ont mené suffisamment d’investigations et accumulé tant de preuves pour l’écrire noir sur blanc : » Les maladies cardiovasculaires, le cholestérol, le diabète ou le cancer sont plus une affaire de style de vie que de gènes « , et la génétique, elle, » contrairement à certaines idées reçues, n’intervient que pour 10 à 20 % des cas de maladie « .
Une ceinture de sécurité
Le second volet de Comment ne pas mourir fournit des conseils et des réflexes de nutrition permettant de » prévenir, retarder ou éviter le cours des maladies « . En somme, agir en amont sur ce qui favorise le développement d’une maladie chronique ou d’un cancer, au lieu d’attendre qu’ils soient là pour les attaquer de front.
Cependant, l’ordonnance de Michael Greger est composée pour l’essentiel d’aliments complets d’origine végétale, en évitant la viande, les produits laitiers, les oeufs et les produits industriels. » Je ne me fais pas l’avocat d’un régime végétarien ou végétalien – un terme javellisé et politisé avec les années. Je recommande un régime basé sur des preuves, et les meilleurs travaux scientifiques disponibles indiquent que plus nous mangeons d’aliments végétaux complets, plus nous sommes en bonne santé. »
Le praticien américain ne prétend pas que vous échapperez forcément à la mort en broutant du kale aux graines de lin. » C’est comme la ceinture de sécurité, ça ne garantit pas que vous ne mourrez pas dans un accident d’auto. » Mais Michael Greger dit préférer se placer sur le terrain de la prévention plus que sur celui de la thérapie et soigner la cause avant que la maladie survienne – sans jamais rejeter la médecine conventionnelle ni opposer la prévention au curatif. Il convient de s’occuper soi-même de sa santé, prône-t-il, et de ne pas s’en remettre exclusivement aux médecins et aux médicaments. En cela, sans doute, s’explique une partie de son succès en librairie. » Contrairement aux médicaments, écrit-il, il n’existe pas un régime optimal pour les fonctions hépatiques et un autre pour les reins. Un régime bénéfique pour le coeur l’est aussi pour le cerveau ou les poumons. Le régime alimentaire qui aide à prévenir le cancer est justement celui qui peut aider à prévenir le diabète de type 2 et toute autre cause de mortalité. »
Allons à présent à l’essentiel : aucun aliment miracle, pris séparément, n’existe. Que manger, alors ? Selon Michael Greger, ceci : douze » aliments quotidiens « , chacun ayant bien sûr son lot de bienfaits. Et précisément ceux-là, parce que, par leurs vertus, ils seraient plus protecteurs que d’autres.
Finalement, à lire les trois ouvrages, on constate qu’ils ne disent pas autre chose que les recommandations sanitaires : déplacer le régime alimentaire vers plus de végétal et moins d’animal.
(1) Comment ne pas mourir. Mieux manger peut vous sauver la vie, par Michael Greger, Belfond, 570 p.
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