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Le point sur le point G

Le Vif

S’il n’existait pas, il faudrait l’inventer ! Les mythes – et les découvertes – qui entourent le point G confirment que nous n’avons pas encore percé tous les mystères de la sexualité féminine.

Ne le dites surtout pas à votre partenaire et laissez-le (ou laissez-la) chercherà même si le fameux point G n’existe pas. Enfin, pas sous la forme d’un point situé dans le vagin et qui serait la source du plaisir au féminin. Selon le Dr Marie-Hélène Colson, de l’Institut sexologique de Marseille,  » les études scientifiques sérieuses démontrent l’existence d’une zone spécifique du vagin, et non d’un point, à l’origine possible d’un orgasme « . Ouf, sauvées ! En réalité, ce point G reste l’un des derniers grands mystères du plaisir féminin. Pour s’y (le ?) retrouver, petit rafraîchissement des connaissances.

Leçon de sciences

Le point G ne cesse de perturber ceux qui enquêtent sur son cas. Les controverses font encore rage afin de savoir si cet endroit du vagin pourrait être considéré comme une prostate au féminin, à l’origine d’une  » éjaculation féminine  » ou même du phénomène vécu par  » les femmes fontaines « , sujettes à d’abondantes émissions d’un fluide qui jaillit lorsqu’elles connaissent un orgasme coïtal.

Plus interpellant encore : ce point G, qui n’est pas un point donc , soulève de nombreuses incertitudes sur sa localisation exacte, sa taille et son fonctionnement. Pour faire bref, des études récentes reconnaissent l’existence d’une large structure, aux contours difficiles à cerner mais comprenant la face antérieure du vagin, richement vascularisée et innervée. Elle joue le rôle d’un organe actif qui sert à transmettre l’excitation vers le clitoris pendant les mouvements de va-et-vient de l’acte sexuel.

Leçon d’histoire

Le  » kanda « , cité dans d’anciens textes tantriques, et  » la perle noire  » de la tradition taoïste évoquaient cet endroit mystérieux. En 1950, le gynécologue Ernst Gräfenberg parle d’une zone située dans la partie antérieure du vagin, proche de l’urètre et qui semble être déterminante pour l’aboutissement de l’orgasme féminin lors de la pénétration. En 1981, elle sera baptisée point G en l’honneur des Drs Gräfenberg et Reinier De Graaf, anatomiste et médecin néerlandais. Ce dernier avait décrit, au xviie siècle, la présence  » d’un tissu glandulaire autour de l’urètre qui libère un tissu glaireux et rend la femme plus désirable par son odeur âcre et salée « .

Leçon de communication

Pas plus la publication de Gräfenberg que les études des chercheurs qui lui succèdent n’atteignent les exigences actuelles d’une médecine fondée sur des preuves. Certaines de ces recherches portent surà un seul cas ! Elles ont pourtant suffi à populariser le point G, nimbé d’un certain nombre de fausses croyances. Ainsi, pour les féministes des années 1980, il était devenu le symbole absolu de la sexualité féminine. A charge pour les femmes de le découvrir. Ah, l’angoisse des pauvres idiotes qui n’y sont pas parvenues !

Leçon de morale

Les découvertes réalisées autour du point G rompent avec le modèle traditionnel qui oppose orgasme vaginal et clitoridien. En effet, elles ont mis en évidence que la stimulation d’une zone spécifique du vagin rejaillissait sur le clitoris et interagissait avec ce dernier.  » L’orgasme, quel que soit son point de déclenchement, s’exprimerait donc par une participation simultanée de toutes ces structures « , tranche le Dr Colson. Fin de la guerre, place à l’amour ?

Leçon de marketing

Sexologues, écrivains du courant lesbien, gynécologues : le point G a suscité quelques (beaux) succès de librairie et bâti des notoriétés. Et ce n’est pas fini ! Des gynécologues et des chirurgiens esthétiques proposent actuellement de  » dérider le vagin  » et de  » gonfler  » ce point inexistant via des injections, par exemple à base de collagène. Une autre façon de convertir un mythe sur l’air de :  » Avec le point G, j’ai surtout trouvé comment me faire du fric. « 

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