Hôpitaux: les honoraires pour une chambre privée explosent
La Mutualité Chrétienne a sorti ce jeudi son baromètre annuelle hospitalier. Après avoir analysé les factures envoyées par tous ses membres, soit 1,4 millions en 2014, elle a calculé à combien revenait en moyenne une hospitalisation dans les établissements de Belgique. Pincipaux constats: les frais des séjours en chambre privées explosent et notamment dans les hôpitaux bruxellois.
La Mutualité chrétienne a constaté une augmentation particulièrement élevée des suppléments d’honoraires lorsqu’un patient choisit une chambre individuelle, soit une hausse de 6,3 %. Il s’agit de la plus forte hausse depuis que la MC publie son baromètre hospitalier annuel. Le coût d’une hospitalisation classique en chambre individuelle avec nuitée(s) s’élève en moyenne à 1.461 euros. C’est cinq fois plus cher qu’en chambre double ou commune. Si le patient opte pour une chambre individuelle, le médecin a en effet le droit de lui facturer un surcoût pour le traitement. Un supplément qui se révèle dans certaines cliniques très élevé. Exemple : le Centre Hospitalier Interrégional Edith Cavell (CHIREC, composé de 6 sites hospitaliers en Région bruxelloise et en Brabant Wallon) facture pas moins de 173 %, en moyenne, de suppléments d’honoraires. En revanche, avec une moyenne de 31 %, l’UZ Antwerpen est beaucoup plus modéré.
« Une évolution inquiétante, estime Jean Hermesse, Secrétaire général de la MC. À titre de comparaison, la hausse annuelle moyenne des suppléments d’honoraires ces 10 dernières années était de 1,3 % « . Il est frappant de constater que la hausse la plus forte concerne les traitements techniques, comme la radiologie ou la biologie clinique. « Pour de tels traitements, les patients ne voient souvent même pas le médecin. On peut donc se demander pourquoi des suppléments d’honoraires sont dus ».
Le coût d’une admission en chambre individuelle, un option souvent choisir par le patient, flambe. Le coût moyen atteint 1.461 euros, contre 281 euros en chambre double ou commune. En additionnant les suppléments d’honoraires, les suppléments de chambre et les tickets modérateurs, c’est 1,2 milliard d’euros que les patients paient de leur poche dans les hôpitaux généraux. Ce montant représente 10 % des rentrées financières des hôpitaux. Aucune amélioration n’est en vue car de fortes augmentations se profilent en 2015 également.
Jusqu’à près de 3000 euros pour un accouchement
Lors d’un accouchement, les parents choisissent aussi, par confort, une chambre individuelle. Les différences de prix entre les différents hôpitaux du pays sont impressionnantes. Pour un accouchement naturel (sans césarienne), le cout moyen en chambre à deux lits est de 186 euros et de 1.356 euros en chambre individuelle. La majorité des admissions en chambre individuelle a lieu en Flandre mais ce type de chambre y est aussi moins onéreux qu’en Wallonie ou à Bruxelles ou les frais atteignent des sommets. En 2014, le cout moyen d’un accouchement en chambre individuelle en Flandre était de 1.184 euros, en Wallonie de 1.832 euros et à Bruxelles de pas moins de 2.297 euros. La facture peut même grimper jusqu’à 2954 euros à la maternité de Saint-Luc à Bruxelles, ou, à l’inverse, descendre à 889 euros (Ziekenhuis Oost Limburg à Genk).
La facture risque encore de grimper pour les patients. « De multiples raisons expliquent la forte hausse des prix en chambre individuelle, poursuit Jean Hermesse. Environ 80 % des Belges possèdent une assurance hospitalisation. Celle-ci rembourse en tout ou en partie les suppléments d’honoraires. Les hôpitaux le savent et n’hésitent pas à facturer des montants parfois très élevés. Des suppléments d’honoraires élevés sont par ailleurs, pour certains hôpitaux, une façon d’attirer et de fidéliser les médecins. Mais en raison de l’augmentation des factures, les primes d’assurances hospitalisation partent à la hausse et risquent de devenir impayables pour un grand nombre de personnes.«
Pour mettre fin à cette spirale, la MC plaide pour une réglementation plus stricte des suppléments d’honoraires en chambre individuelle. « En interdisant les suppléments, le coût moyen d’une admission en chambre double ou commune a fortement baissé ces dernières années. Des mesures sont nécessaires pour les chambres individuelles également. Les suppléments d’honoraires doivent être maitrisés, soit via un plafonnement à 100% du barème Inami, soit via une forfaitarisation selon l’acte médical posé. Ils devraient même être interdits pour les traitements techniques. Le nouveau financement des hôpitaux nous offre une occasion unique d’agir à ce niveau.«
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