Dépister le coronavirus à bord du paquebot au Japon: pourquoi c’est compliqué
L’épidémie du nouveau coronavirus Covid-19 à bord du bateau de croisière Diamond Princess a contraint le Japon à mettre tous ses occupants en quarantaine. Mais, en dix jours, seulement un cinquième d’entre eux ont subi des tests. Explications.
Combien de personnes ont été contrôlées?
Les autorités sanitaires ont testé à ce jour plus de 710 occupants du bateau, sur un total initial de 3.711 personnes à bord, passagers et membres d’équipage compris. Au fil des résultats, les personnes contaminées sont progressivement évacuées et hospitalisées au Japon.
Quelques dizaines de passagers et personnels à peine avaient été testés initialement: ceux qui présentaient des symptômes ou qui avaient été en contact avec le premier cas d’infection à bord, un passager testé positif après son débarquement à Hong Kong fin janvier. Mais comme le nombre de cas positifs à bord n’a cessé d’augmenter, les autorités ont été contraintes sans cesse d’étendre le nombre de personnes devant être testées, notamment celles ayant côtoyé les derniers cas confirmés de contamination.
Selon le dernier bilan disponible jeudi, 218 personnes ont été testées positives jusqu’à présent, sans compter un officier de quarantaine contaminé alors qu’il était venu à bord pour questionner et suivre les passagers.
Pourquoi ne pas tester tout le monde?
Le gouvernement japonais a expliqué qu’il n’avait pas assez de tests de diagnostic disponibles pour dépister tout le monde à bord dans l’immédiat. Seulement 300 personnes au maximum peuvent actuellement être testées à bord. Les autorités espèrent pouvoir passer à 1.000 personnes par jour d’ici le 18 février, à la veille de la fin prévue de la quarantaine.
Le gouvernement compte notamment faire appel aux universités et à des entreprises privées. Mais le Japon doit aussi garder des capacités pour les personnes à terre: près d’une trentaine de cas positifs ont été recensés dans l’archipel depuis janvier, dont certains parmi les plusieurs centaines de Japonais rapatriés par avion de la région chinoise de Wuhan, épicentre du Covid-19.
Quelle est la méthode des tests?
Les autorités nippones ont recours à une technique de diagnostic infectieux appelée « PCR » (pour réaction en chaîne par polymérase). Cette méthode de biologie moléculaire très courante permet d’obtenir par amplification in vitro d’importantes quantités d’un fragment d’ADN à partir d’un petit échantillon de fluide nasal ou buccal. Bien que considérée comme rapide et efficace, cette méthode nécessite néanmoins de quatre à six heures pour livrer ses résultats. Elle peut aussi produire des « faux négatifs » (résultat négatif alors que le cas concerné est en réalité positif).
Par ailleurs, les experts n’ont pas encore déterminé avec précision à quel moment de son cycle de vie le Covid-19 devient détectable. Le dépistage peut être ainsi difficile sur des personnes ne présentant pas encore de symptômes, tout en pouvant déjà être contagieuses.
La quarantaine est-elle efficace?
Selon les autorités japonaises, cette quarantaine visait autant à protéger et à rassurer la population du pays qu’à limiter la propagation du coronavirus à bord. Mais des doutes ont commencé à poindre sur l’efficacité de ce dispositif, alors que le nombre de nouveaux cas d’infection à bord ne cesse d’augmenter.
Les passagers sont confinés dans leurs cabines le plus possible. Ils doivent porter des masques et éviter les contacts rapprochés avec d’autres personnes. Les membres d’équipage prennent aussi leurs précautions, notamment quand ils ravitaillent les passagers dans leurs chambres. La plupart des passagers à bord étant âgés, les conditions spartiates de la quarantaine risquent de dégrader la santé des plus fragiles, indépendamment du coronavirus. Le ministre japonais de la Santé Katsunobu Kato a annoncé jeudi que les occupants âgés dont les tests étaient négatifs allaient pouvoir prochainement quitter le navire pour être hébergés dans des bâtiments mis spécialement à leur disposition au Japon.
La durée de la quarantaine risque-t-elle d’être étendue au-delà du 19 février, étant donné le nombre croissant d’infections dépistées à bord? Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la quarantaine ne sera prolongée que pour les personnes ayant eu des contacts proches avec les derniers cas positifs identifiés à cette date. Ces personnes-là devront rester isolées pendant quatorze jours supplémentaires, correspondant environ à la période d’incubation du coronavirus, à compter du jour de leur dernier contact avec un cas positif confirmé.
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