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Covid: une pilule qui réduirait par deux les risques d’hospitalisation et de décès

Le Vif

Le laboratoire américain Merck prévoit de demander sous peu aux Etats-Unis l’autorisation de commercialiser une pilule qui, selon un essai clinique, réduit par deux les risques d’hospitalisation et de décès des patients atteints du Covid-19.

S’il est approuvé, ce médicament appelé molnupiravir représenterait une avancée majeure dans la lutte contre la pandémie en permettant de diminuer assez facilement les formes graves de la maladie.

Merck a précisé vendredi vouloir déposer un dossier auprès de l’agence américaine des médicaments, la FDA, « aussi rapidement que possible », sans donner plus de précisions.

Anthony Fauci, le conseiller de la Maison Blanche sur la crise sanitaire, a déjà estimé que les données de l’essai clinique étaient « impressionnantes ».

Les traitements anti-Covid actuellement disponibles comme les anticorps monoclonaux ou le remdesivir de Gilead sont administrés par intraveineuse.

Avoir une option plus facile à déployer serait une aubaine, note Natalie Dean, biostatisticienne spécialisée dans les maladies infectieuses à l’université Emory.

« On peut avoir des traitements qui sont également efficaces mais si l’un est bien plus facile à utiliser que les autres, alors son impact sur la population sera bien plus important », a-t-elle expliqué à l’AFP.

Données convaincantes

L’essai clinique de Merck et son partenaire Ridgeback Biotherapeutics a été mené sur 775 personnes avec des cas légers à modérés de Covid-19 et au moins un facteur de risque aggravant. Elles ont reçu le traitement dans les cinq jours après les premiers symptômes.

Le taux d’hospitalisation ou de décès chez les patients ayant reçu le médicament a été de 7,3%, contre 14,1% chez ceux ayant eu un placebo. Aucun décès n’a été constaté chez les personnes traitées avec le molnupiravir, contre 8 dans le deuxième groupe.

Les résultats étaient suffisamment convaincants pour qu’un comité indépendant de surveillance des données, en consultation avec la FDA, décide d’arrêter l’essai prématurément. Cela pourrait indiquer que ses membres considèrent qu’il serait contraire à l’éthique de continuer à donner un placebo à certains malades.

Les antiviraux agissent en diminuant la capacité d’un virus à se répliquer, freinant ainsi la maladie.

Leur application peut être double: à la fois permettre aux personnes déjà atteintes de ne pas souffrir de symptômes graves, mais aussi à celles ayant été en contact rapproché de ne pas la développer.

Mais de manière générale, les médicaments antiviraux n’ont jusqu’à présent pas été très convaincants contre le Covid.

« Le molnupiravir semblait prometteur en laboratoire, mais le véritable test consistait à déterminer s’il présentait des avantages chez les patients », a souligné Peter Horby, professeur spécialisé dans les maladies infectieuses émergentes à l’université d’Oxford.

« De nombreux médicaments échouent à ce stade, donc ces résultats intermédiaires sont très encourageants« , a-t-il ajouté dans un message cité par l’organisme britannique Science Media Centre.

Le marché étant potentiellement énorme, plusieurs laboratoires se sont mis sur le créneau, comme le laboratoire Roche en partenariat avec Atea Pharmaceuticals.

Pfizer a annoncé lundi avoir commencé un essai clinique pour sa propre pilule anti-Covid, afin de tester sa capacité à réduire à titre préventif les risques d’infection chez l’entourage d’une personne ayant contracté la maladie.

« Pas un médicament miracle »

Les résultats de l’essai de Merck ont été accueillis assez favorablement dans la communauté scientifique, avec quelques notes de précaution.

Pour Eric Topol, directeur de l’institut de recherche translationnelle Scripps, le fait que l’essai ait été arrêté tant les résultats étaient bons « pourrait être considéré comme un tournant dans la lutte contre le Covid ».

« Ce n’est pas un médicament miracle, mais un outil pour accompagner la vaccination », a avancé de son côté sur Twitter Peter Hotez, professeur au Baylor College of Medicine de Houston au Texas, qui s’inquiète par ailleurs de la possible apparition d’une certaine résistance au médicament s’il est largement utilisé.

Le problème pour les antiviraux comme celui de Merck est aussi qu’ils doivent être pris très tôt, avant que les patients ne soient généralement considérés « comme suffisamment malades pour avoir besoin d’autre chose qu’un traitement contre les symptômes », remarque Peter English, ancien directeur du comité de santé publique de l’Association des médecins britanniques.

Merck, par anticipation, a en tout cas déjà commencé la production de molnupiravir à grande échelle et prévoit de fabriquer les doses nécessaires pour 10 millions de traitements d’ici la fin de l’année.

Le groupe a déjà passé des accords avec certains gouvernements, dont les Etats-Unis qui ont prévu d’en acheter 1,7 million si le molnupiravir est approuvé.

Unitaid, une agence internationale chargée de centraliser les achats de traitements, a indiqué vendredi être en train de chercher à sécuriser des doses pour des pays à niveau de vie faible ou moyen.

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