Covid: peut-on être contaminé par les yeux ?
Est-ce qu’on peut attraper le covid par les yeux ? Et peut-on contaminer les autres par des larmes ? On vous répond.
Dès le 26 octobre, levif.be entame une opération visant à répondre à vos interrogations sur le covid. Aujourd’hui nous répondons une question sur la contamination par les yeux :
On peut observer dans les reportages à la télévision que le personnel soignant porte masque et visière, mais aussi des lunettes de type lunettes de ski.Cela signifie-t-il qu’il existe un risque de contamination par les yeux au départ d’aérosols ?
La grande majorité des études s’accordent à dire que le coronavirus ne semble pas se transmettre aisément via les yeux dans la mesure où le tissu oculaire paraît, contrairement au tissu pulmonaire, ne pas être un tissu privilégié dans l’infection par le covid.
Une autre raison est que, s’il y a du virus dans les larmes, il peut passer tranquillement des yeux, au nez puis aux voies respiratoires qui restent son terrain de prédilection. Le virus n’a, en quelque sorte, pas « besoin » d’infecter les yeux pour atteindre son but. Par ailleurs, en raison du clignement fréquent des paupières et des larmes, le virus a très peu de chances de demeurer suffisamment longtemps sur la surface oculaire que pour provoquer une infection.
S’il n’y a, pour l’instant, pas encore eu d’études suffisamment poussées sur le sujet, la contamination par les yeux (ou les larmes) n’est plus que vraisemblablement pas l’un des modes de transmissions les plus courants. Néanmoins, si les yeux ne constituent pas une voie de transmission majeure du covid, cela n’en est pas moins possible puisqu’il existe des cas qui ont été reportés et que le coronavirus a été détecté dans le sac lacrymal et les sécrétions oculaires.
Quelques cas célèbres
Le 17 avril, une étude italienne, publiée dans les Annals of Internal Medicine, a rapporté la détection du covid dans les sécrétions oculaires d’une femme de 65 ans ayant travaillé à Wuhan et présentant une conjonctivite sur ses deux yeux. Or cette patiente était le premier cas confirmé de Covid en Italie. La charge virale y était même restée plus longtemps présente que dans les prélèvements nasaux. On peut aussi rappeler le cas du Dr Li Wenliang. Il était ophtalmologue à l’hôpital central de Wuhan a été infecté par un patient asymptomatique souffrant de glaucome. C’est lui qui lancera l’alerte au début de l’épidémie en Chine, avant de mourir le 7 février. Il y a aussi le cas de Guangfa Wang, un expert national en Chine. Il va être infecté par le virus, probablement parce qu’il ne portait pas de protection oculaire. Plusieurs jours avant de présenter des symptômes respiratoires, il aura les yeux un peu rouge, ce qui suggère une possible porte d’entrée du virus par voie oculaire.
Ceci dit, malgré des cas recensés, la conjonctivite est encore aujourd’hui considérée comme un des symptômes moins courants du virus. Il se présenterait chez moins de 1% des personnes infectées. L’inflammation peut durer de 10 à 20 jours suivant l’apparition des premiers symptômes. Dans de plus rares cas encore la cornée est également atteinte : on parle alors de kérato-conjonctivite. On notera cependant que, dans la majorité des cas, cela n’entraîne pas de complications majeures à long terme.
Quels risques pour ceux qui portent des lentilles ?
Plus de 140 millions de personnes portent des lentilles dans le monde, la question concerne donc pas mal de gens. La réponse est qu’il n’y en a pas, pour peu de respecter scrupuleusement les mesures d’hygiène requises. Le virus peut effectivement vivre sur des surfaces inertes, mais il n’existe aucune étude prouvant que, dans le milieu oculaire, le virus peut coloniser la lentille et y demeurer. La lentille de contact ne peut donc pas être considérée comme un vecteur de transmission ou de propagation de la maladie.
Si on utilise des lentilles jetables, cela réduit encore davantage cette possibilité. Le seul risque peut éventuellement venir de la manipulation de la lentille, vu qu’on la met dans son oeil avec ses doigts. Pour cela, et comme cela devrait être le cas systématiquement même avant le covid, un lavage des mains est essentiel. Les mains doivent aussi être sèches, car l’eau courante peut être vectrice d’autres pathogènes bien plus dangereux pour l’oeil.
Est-il utile de porter un masque de ski ?
Pour répondre à la question, et selon le virologue Marc Van Ranst, à qui on a posé la question, porter un masque de ski est probablement exagéré. Plus utile pourrait être un masque facial en plastique transparent. Mais, pour être véritablement efficace, il doit toujours être porté avec un masque bucal.
Une autre option pour réduire les risques est simplement de porter des lunettes. « On touche en moyenne 3 à 4 fois ses yeux par heure », précise encore Van Ranst. « Le fait de porter des lunettes fait que l’on chipote moins dans ses yeux. Mais, attention, les lunettes ne peuvent être considérées comme un bouclier contre le virus : le nez et la bouche demeurent des portes d’entrée. »
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