Le bonheur par le vide: la révolution Marie Kondo
Marie Kondo a beau ne pas être très grande, sa vision du rangement a atteint des hauteurs stratosphériques et fait de nombreux émules.
Après s’être retrouvée temporairement sans-abri en 2011, Sarah Eby a commencé à accumuler des objets afin de ne plus jamais avoir le sentiment de ne rien posséder.
« Lorsque j’ai emménagé dans mon appartement, c’était tout vide », a raconté à l’AFP cette maman d’un enfant, originaire d’Arvada dans le Colorado. « J’ai acheté tout ce que je pouvais pour faire en sorte de me sentir chez moi. »
Mais après avoir déménagé plusieurs fois, la pagaille a commencé régner. Aujourd’hui, inspirée par la gourou japonaise de l’organisation Marie Kondo, la jeune femme de 27 ans affirme avoir banni le chaos de sa vie pour de bon.
Et elle n’est pas la seule.
Marie Kondo a beau ne pas être très grande, sa vision du rangement a atteint des hauteurs stratosphériques.
Son livre, « La magie du rangement », fait l’objet d’un véritable culte depuis sa publication aux Etats-Unis en 2014. Des millions de personnes ont adopté ses conseils visant à mener une vie plus ordonnée… et plus heureuse.
Mais c’est en réalité la nouvelle émission sur Netflix de cette trentenaire, intitulée en français « L’art du rangement » –et lancée le jour du Nouvel an, au moment où chacun prend ses bonnes résolutions– qui a fait sensation.
« J’adore le bazar », proclame Marie Kondo, sourire aux lèvres, en se rendant chez les Américains –flanquée d’interprètes– afin de les aider à mettre en application sa méthode, baptisée « KonMari ».
L’idée est simple: considérer chaque objet un par un, ne garder que ceux qui « procurent de la joie » et leur attribuer une place définie chez soi.
A l’issue du processus, les adeptes se retrouvent avec beaucoup moins de biens en leur possession.
« Je pense que cela fait partie intégrante de ma relation aux choses », estime Sarah Eby, qui a regardé le premier épisode de l’émission avant de se plonger dans le livre.
« Je n’ai jamais été bordélique, sale ou désordonnée– j’avais simplement trop de choses. Et ce que j’ai préféré, c’est me séparer des objets qui ne me procurent pas de joie », explique-t-elle.
– Soudaine icône –
Presque du jour au lendemain, Marie Kondo est devenue une icône culturelle. Elle est le sujet d’un grand nombre de tweets et de memes (élément maintes fois repris et détournés sur internet) viraux, ainsi que d’une ribambelle d’articles décortiquant l’émission de façon parfois étonnamment profonde.
Sa méthode, pourtant, n’a pas échappé à la controverse: en conseillant de se débarrasser de ses vieux livres, elle a fait enrager les bibliophiles sur les réseaux sociaux.
Mais pour Den Kovacs, un journaliste du Michigan spécialisé dans les jeux vidéos et disciple de la méthode, Marie Kondo –avec ses doux encouragements énoncés sans jugement– est une alternative bienvenue à d’autres programmes plus racoleurs de télé-réalité.
« Les gens se sentent vraiment… en plein chaos, ils se sentent dépassés », témoigne-t-il du haut de ses 23 ans. « Donc quand ils voient quelqu’un arriver et dire, +Je peux régler ça+, les gens pensent +oui, j’ai besoin de ça dans ma vie.+ »
Certains sur les réseaux sociaux affirment constater un « effet Kondo » avec davantage d’objets en vente dans les magasins d’occasions –même si un porte-parole de la chaîne Goodwill a déclaré à l’AFP qu’il était « trop tôt pour le dire ».
Etayant la théorie de la Kondo-mania naissante, une étude de 2016 a conclu que trop de bazar était mauvais pour le sentiment de bien-être.
« C’est le contraire de ce que les gens peuvent penser », explique Joseph Ferrari, professeur de psychologie à l’université DePaul de Chicago et co-auteur de l’étude. « Ils pensent qu’il faut avoir davantage de choses, et que les personnes vivant dans l’abondance sont plus heureuses. Non. »
– Meilleure vie sociale –
« Cela fait vraiment du bien », affirme Den Kovacs, qui a par le passé expérimenté d’autres méthodes mais trouve celle-ci plus efficace.
« J’ai désencombré mon esprit. C’est comme si j’avais moins de stress, moins de choses auxquelles faire attention… Je peux juste me concentrer sur moi-même », témoigne-t-il.
Cette méthode a même stimulé la vie sociale d’Olguyne Fernandez-Fraga, une nutritionniste de 27 ans habitant Miami. « Avant, on me demandait +Oh, je peux inviter untel et untel à la maison?+, et je répondais, +non, regarde la maison+ », raconte-t-elle.
« Alors qu’aujourd’hui, ils pourraient venir dans les dix minutes », se réjouit-elle.
Et à l’ère numérique, la méthode « KonMari » peut même s’appliquer aux amis sur les réseaux sociaux.
« J’ai simplement passé en revue ma liste (d’amis sur Facebook) en me demandant +est-ce que cette personne me procure de la joie+? », explique M. Kovacs.
Selon lui, « dès que vous commencez à vous poser cette question à propos de quelqu’un, vous réalisez soudainement les gens qui vous apportent quelque chose ».
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