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Origine du coronavirus : l’accident de laboratoire remis sur la table

Une lettre de dix-huit scientifiques publiée dans la revue science a réveillé une hypothèse peut-être trop rapidement considérée comme une théorie du complot.

Ce jeudi 13 mai, 18 scientifiques ont publié une lettre dans la revue américaine Science sur les origines du coronavirus. Alors que l’hypothèse que la pandémie de Covid-19 puisse être causée par un accident de laboratoire a été désignée comme une théorie complotiste, les auteurs de la lettre appellent à reconsidérer l’accident de laboratoire à Wuhan comme source de la pandémie.

Nouvelle enquête sur les origines du virus

Publiée dans la revue Science et signée par dix-huit scientifiques, la lettre est écrite par David Relman, professeur de microbiologie et d’immunologie à l’Université de Stanford et Jesse Bloom, virologue de l’Université de Washington. Les deux scientifiques critiquent une étude de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sur les origines du coronavirus. Selon les auteurs de la lettre, les théories de la libération accidentelle d’un laboratoire et de la propagation zoonotique restent toutes deux viables. Par « propagation zoonotique », les scientifiques désignent un virus qui se transmet de l’animal à l’homme ou inversement.

u003cemu003eAucune conclusion qui favorise clairement une propagation naturelle ou un accident de laboratoireu003c/emu003e

Les auteurs de la correspondance se positionnent en faveur d’une nouvelle enqute sur toutes les origines possibles du irus et demandent aux laboratoires et agences chinoises d’ouvrir leurs dossiers à des experts indépendantes. Les 18 jugent que leurs collègues, qui ont travaillé sur l’enquête de l’OMS, n’avaient pas eu accès à suffisamment d’informations pour tirer ces conclusions.

Une critique de l’enquête de l’OMS et de la Chine

En mai 2020, l’Assemblée mondiale de la santé demandait au directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) de collaborer étroitement avec ses partenaires afin de déterminer les origines du coronavirus. En novembre, le rapport d’une étude conjointe Chine-OMS est publié. Les informations, les données et les échantillons de la première phase de cette étude ont été recueillis et résumés par la moitié chinoise de l’équipe. Le reste de l’équipe s’est appuyé sur cette analyse.

Les résultats considèrent l’accident de laboratoire comme « extrêmement improbable » et la contamination de l’Homme par un virus de chauve-souris via un animal intermédiaire de « probable à très probable ».

u003cemu003eLes deux hypothèses n’ont pas reçu la même considérationu003c/emu003e

Déjà fin mars, le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, déclarait que la prise en compte dans le rapport des preuves en faveur d’un accident de laboratoire était insuffisante et a proposé de fournir des ressources supplémentaires pour évaluer concrètement cette possibilité. Il critiquait le manque d’accès aux données brutes pour les autorités chinoises. Dans leur lettre publiée jeudi, les 18 scientifiques pointent du doigt que seul « 4 des 313 pages du rapport et de ses annexes abordent la possibilité d’un accident de laboratoire ». Une analyse qu’ils jugent trop superficielle.

Une analyse superficielle de l’accident de laboratoire

« Nous pensons que cette question mérite une enquête scientifique juste et approfondie, et que tout jugement ultérieur doit être porté sur les données disponibles », déclare David Relman. Pour le scientifique, il est essentiel de prendre au sérieux les hypothèses relatives à la contamination zoonotique et d’un accident de laboratoire, « jusqu’à ce que nous disposions de données suffisantes ». Critique face à l’enquête de l’OMS menée en collaboration avec la Chine, la vingtaine d’experts espère une nouvelle enquête « transparente et objective », fondée sur des données, faisant appel à une large expertise et faisant l’objet d’une surveillance indépendante pour minimiser l’impact des conflits d’intérêts. Pour cela, il serait impératif que les agences de santé publique, donc les laboratoires de recherche, ouvrent leurs dossiers au public. Ensuite, les enquêteurs doivent vérifier la véracité et l’origine des données à partir desquelles les analyses ont été effectuées ainsi que les conclusions tirées. Les analyses pourront ensuite servir de base de recherche et d’analyse pour les experts indépendants.

Anaelle Lucina.

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