Un écosystème en plein essor
Namur a notamment pu s’affirmer comme ville intelligente grâce à ses acteurs publics, privés ou associatifs, qui oeuvrent dans le domaine des nouvelles technologies. Mais c’est surtout la collaboration entre ceux-ci qui a permis de faire émerger des projets marquants comme le Trakk.
Voilà déjà plusieurs années que les projets en lien avec les nouvelles technologies se développent à Namur et, au fil des ans, ils font des petits ! Les initiatives privées ainsi que l’accent mis par les autorités locales sur ce secteur ont en effet permis de densifier le paysage et de faire émerger des projets significatifs. Il y a quelques mois, le BEP (Bureau économique de la Province de Namur) a par exemple acquis un ensemble de quatre bâtiments à Salzinnes pour y développer dans les cinq ans un véritable » quartier de l’innovation « , comme il en existe à Nantes ou à Munich. Le projet est encore dans la phase de réflexion mais il est question d’y accueillir bureaux, logements, salles de réunions, parkings et espaces de convivialité. Il pourrait également héberger des activités orientées vers le e-learning. Bref, il s’agira d’un site mixte, mais orienté vers une cible qui associe jeunesse et créativité.
Les bases de ce » quartier de l’innovation » ont été posées début 2020 avec la finalisation d’un projet faisant partie du portefeuille Namur Innovative City Lab. Il s’agit des nouveaux locaux du Trakk, un espace de cocréation multidisciplinaire dédié notamment au numérique et aux industries culturelles et créatives. Ses plus de 3 000 m2 prennent place dans un ancien hall sportif de l’UNamur et rassemblent une quinzaine de bureaux, 80 postes de coworking, six salles de réunion, une arène ou encore un fablab (atelier mettant à la disposition du public des outils de fabrication d’objets assistée par ordinateur).
Son but : favoriser l’émergence de projets innovants sur le territoire namurois. Le Trakk n’est en effet pas seulement un lieu, mais aussi et surtout une plateforme d’échanges et de rencontres entre personnes et organisations issues d’horizons variés comme l’art, l’entrepreneuriat, les sciences ou encore les nouvelles technologies. On y travaille, on y partage, on y crée et on s’y inspire.
Des acteurs qui s’unissent et grandissent
Le Trakk est aussi en quelque sorte un prolongement, une suite logique du Kikk Festival créé en 2011 par l’asbl éponyme, qui fait d’ailleurs partie des membres fondateurs du hub créatif avec le BEP et l’UNamur. A ses origines, le Kikk Festival a été créé pour combler un manque en Belgique : » En tant qu’entrepreneurs dans le digital et la communication digitale, explique Gilles Bazelaire, cofondateur du festival et directeur de l’asbl Kikk, on a constaté que pour se former ou découvrir de nouvelles choses, nous étions obligés d’aller à l’étranger. Il existait en Belgique des salons, des foires, mais pas vraiment un événement majeur dédié aux cultures digitales de notre secteur. » Avec son associé, Gaëtan Libertiaux, il a alors eu l’idée de créer dans sa ville un festival des cultures numériques et créatives rassemblant sur plusieurs jours des conférences, des workshops, un parcours d’artistes, des activités pour enfants ou encore une vitrine de projets technologiques. La particularité du Kikk Festival est d’être assez décloisonné puisqu’il s’intéresse au digital en explorant les liens entre art, science et technologie.
Au fil des éditions annuelles, le Kikk Festival a prospéré, devenant reconnu internationalement et accueillant, en 2018, plus de 25 000 personnes de 50 pays différents. L’événement a eu la chance de coïncider avec l’essor des cultures digitales, mais aussi avec le positionnement de Namur comme ville intelligente. » A nos débuts, on peut dire que Namur était encore un peu endormie mais nous avons très vite profité du relais, du soutien et de la compréhension des différents acteurs publics, s’enthousiasme Gilles Bazelaire. Ils ont vite compris que ce que nous faisions était voué à se développer. »
Ecosystème digital
L’avenir leur a donné raison. Malgré son succès, le festival laissait un goût de trop peu à ses organisateurs, qui ont voulu prolonger ses effets durant toute l’année. Kikk est ainsi petit à petit devenu une association très active dans le paysage digital namurois, initiant ou prenant part à de nombreuses activités. Outre la fondation et l’animation du Trakk, l’asbl participe à plusieurs projets en lien avec les nouvelles technologies dont des soirées de conférences +TECH, des podcasts, une plateforme de production et diffusion artistique…
Cette faculté des acteurs publics et privés à collaborer ensemble est l’un des ingrédients qui a permis le développement d’un véritable écosystème digital à Namur. » La ville devient plus intelligente grâce à une agglomération de choses, estime Gilles Bazelaire. Selon moi, il n’y a pas vraiment eu un acte fondateur à la smart city, mais une série d’acteurs qui réalisent des projets qui s’emboîtent et contribuent à la transition de Namur. La petite taille relative de la ville est par ailleurs un avantage, car les acteurs se connaissent. Il a fallu du temps pour que tout le monde se fasse confiance, mais à présent, ça fonctionne et chacun se respecte avec ses forces et faiblesses. »
Preuve en est, plusieurs acteurs namurois du numérique (le BEP, le Kikk, l’UNamur, la Ville et la Province…) se sont rassemblés pour lancer en début d’année un réseau et un label » Namur capitale digitale » voués à s’étendre à de nouveaux membres. Leur objectif : créer une identité forte autour du concept namurois de ville ou territoire intelligent.
Des ponts avec l’université
Au même titre que les activités économiques et culturelles, le secteur académique est à la fois partenaire et bénéficiaire de la stratégie smart city de Namur. L’UNamur est par exemple associée au portefeuille de projets Namur Innovative City Lab, dans lequel elle apporte entre autres sa méthodologie et son expertise. L’université dispose notamment d’une unité de recherche, le Namur Digital Institute, qui s’intéresse aux solutions innovantes face aux nouveaux défis sociétaux posés par la révolution digitale. Elle a aussi développé des formations dans ces domaines et créé une option » droit et numérique » unique en Fédération Wallonie-Bruxelles.
L’implication de l’UNamur passe aussi depuis 2019 par l’organisation d’un événement annuel baptisé » Vivre la ville » et consacré aux problématiques de la ville et du territoire de demain.
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