Omicron, nouvelle inconnue dans l’équation
La troisième dose pour chacun est sur les rails mais tous les regards sont tournés vers le nouveau variant, potentiel perturbateur de la stratégie vaccinale. A mesure que la donne change, la nécessité d’un outil global de collecte et d’analyse des informations revient dans les débats.
On ne parle plus que de lui, comme on l’a fait pour chacun de ses cousins: l’anglais, le brésilien, le Delta, le Delta plus… Si Omicron focalise autant l’attention de la communauté scientifique, c’est qu’on ignore encore comment il se comporte et quel tournant prendra la pandémie s’il se propage dans le monde, alors que les programmes de vaccination sont en cours.
Les connaissances le concernant sont encore trop lacunaires pour juger de sa dangerosité mais ses principales caractéristiques ne sont guère rassurantes, si l’on s’en réfère aux mises en garde de l’OMS. L’organe de coordination supranational estime que le variant B.1.1.529 du Sars-CoV-2, qui a été signalé pour la première fois en Afrique du Sud le 24 novembre, présente un grand nombre de mutations « dont certaines sont préoccupantes ». Les premiers éléments semblent aussi indiquer qu’il présente un risque accru de réinfection par rapport à d’autres variants.
Les études menées sur les patients infectés par le variant Omicron n’ont pourtant révélé aucune forme sévère de la maladie. « On n’observe pas directement de symptômes respiratoires mais beaucoup de fatigue et de douleurs musculaires, soit des symptômes semblables à un état grippal, décrit l’épidémiologiste de l’UAntwerpen Pierre Van Damme. On sait qu’il est six à sept fois plus contagieux que le Delta mais ce n’est pas forcément pour cela qu’il est plus dangereux et qu’il rend plus malade. Au contraire, les premières données établies sur la base de la situation en Afrique du Sud montrent que les personnes infectées sont moins malades et qu’il s’agit davantage d’une population jeune. Bien entendu, il faut rester prudent car il est toujours difficile d’extrapoler, notamment en ce qui concerne les plus faibles et les maladies sous-jacentes. On manque encore de recul puisqu’une centaine de cas seulement ont été détectés dans le monde. » Dont au moins un en Belgique.
Le variant est six u0026#xE0; sept fois plus contagieux que le Delta, mais pas forcu0026#xE9;ment plus dangereux. Bien entendu, il faut rester prudent.
Ces premières observations encourageantes avaient aussi fait dire au virologue Yves Van Laethem que ce variant pourrait finalement être une « bonne nouvelle ». Ce serait croire au Père Noël (ou plutôt à saint Nicolas)? Pour Emmanuel André, on commettrait à nouveau une erreur en se montrant trop optimiste. Sur les ondes de la RTBF, le microbiologiste de la KULeuven a remis en question l’évaluation menée par ses collègues sud-africains, argumentant que ces observations n’avaient été faites que sur une population très jeune et non au sein de catégories à risque. Selon lui, il faut partir de l’hypothèse que le variant Omicron causera des formes sévères, au même titre que les autres variants. Dans l’attente d’une littérature scientifique plus étoffée sur le sujet, plusieurs Etats ont fermé leurs frontières aux voyageurs venus d’ Afrique australe. L’expérience a pourtant démontré que si ces mesures permettent tout au plus de ralentir le virus, elles n’ont pas permis de stopper sa progression. S’inscrivant dans la longueur, la gestion de la pandémie n’a jamais autant eu besoin d’un outil efficient permettant de rassembler les informations, de les coordonner et de les analyser de manière claire.
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