Le volley, une affaire flamande. Ou presque…
La Division 1 messieurs de volley-ball compte neuf clubs flamands… et une équipe francophone. L’exception à la règle ? Le VBC Shanks Guibertin, à Mont-Saint-Guibert, au centre du Brabant wallon
Quatre cents affiliés, une vingtaine d’équipes et une montée cette saison au plus haut échelon national pour l’équipe fanion masculine : le Volley-ball club Shanks Guibertin se porte bien ! Fondé en 1982, le club a connu une ascension fulgurante depuis 1998, à tel point qu’il est aujourd’hui le seul représentant francophone au plus haut niveau national. » Nous étions déjà montés une première fois en 2003 avant de redescendre en fin de saison, raconte Eric Davaux, le secrétaire du club. Mais nous avons été capables de rebondir pour terminer champion l’an dernier en Nationale 1, et ainsi retrouver le plus haut niveau. »
Une réussite que l’on doit en partie à la commune de Mont-Saint-Guibert. » Avec 6 300 habitants, c’est une petite commune mais cela ne l’a pas empêchée de consentir de gros efforts au point de vue financier et organisationnel ces dernières années Sans elle, nous n’en serions pas là « . Il faut ajouter que le club est aussi largement soutenu par la société Shanks, exploitant de la fameuse décharge de Mont-Saint-Guibert qui éprouve quelques difficultés à vivre en paix avec ses riverains… Autres secrets de la réussite guibertine, la stabilité du comité directeur, inchangé depuis plusieurs années, ainsi que des infrastructures idéales pour la pratique du sport de haut niveau. » Exemple : le parquet flottant au sol est unique en Belgique « , précise Eric Davaux.
Mais ce qui a permis au Shanks Guibertin de devenir le seul club francophone capable de figurer parmi l’élite, c’est le fait qu’il s’est inspiré de l’exemple flamand dans sa mentalité et sa philosophie de développement. » Sur les 34 clubs faisant partie des trois divisions nationales (la Division d’honneur et les deux Nationale 1), seules quatre formations francophones sont présentes, souligne Eric Davaux. C’est la preuve que nos amis du Nord sont plus performants et que le volley fait partie des traditions chez eux. Raison pour laquelle nous avons inculqué, ces dernières années, une mentalité très néerlandophone à notre club, en engageant des entraîneurs flamands et en augmentant le volume de travail aux entraînements. »
Depuis 2000, les dirigeants ont également mis sur pied une » Ecole de mouvement » pour enfants âgés de 18 mois à 6 ans, ainsi qu’une école de volley pour les 6-12 ans. » Cela a permis de renforcer l’effectif de nos équipes dans les différentes classes d’âge mais aussi de créer un véritable engouement parmi les jeunes de la région. »
Tout cela implique des investissements financiers que certains autres cercles francophones ne peuvent réaliser, faute de moyens. » La politique wallonne dans le domaine du sport ne permet pas aux clubs de se professionnaliser ni d’être rigoureux dans leur organisation, que ce soit en volley ou dans les autres disciplines, regrette le secrétaire guibertin. Les décideurs sont trop frileux et se réfugient derrière leur politique du « Sport pour tous ». Dans ce cas, il ne faut pas se plaindre d’avoir une Justine Henin tous les trente ans. »
Là où les néerlandophones n’ont pas hésité à adopter une stratégie agressive, en mettant en £uvre beaucoup de programmes sportifs axés sur la formation, la politique wallonne a tenté d’intervenir de plus en plus au niveau des infrastructures sportives. » Mais si l’on n’en fait pas bon usage, cela ne sert pas à grand-chose. »
Une différence de stratégie qui se répercute aussi sur la composition de nos équipes nationales de volley-ball. » L’équipe senior ne compte aucun francophone et, chez les espoirs, seul Ugo Blairon, joueur de Mont-Saint-Guibert, frappe à la porte de la sélection. Un constat désolant à l’aube d’une année 2007 qui sera marquée par la présence de la Belgique à l’Euro masculin en Russie. » Cela n’était plus arrivé depuis trente ans, précise Eric Davaux. Et c’est la preuve la plus éclatante des potentialités et du talent présents dans notre pays. » Un talent qui ne demande qu’à se développer du côté francophone, et pas seulement à Mont-Saint-Guibert. l
Sylvain Docquier
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