« L’expo sur la Grande Guerre au Musée de l’armée n’est pas un gaspillage d’argent public »
Date de démarrage de l’exposition Au-delà de la Grande Guerre, budget sous-estimé, avenir des collections permanentes du Musée de l’armée… Michel Jaupart, directeur a.i. du War Heritage Institute, structure faîtière du MRA, répond aux critiques.
La date de démarrage de l’exposition Au-delà de la Grande Guerre surprend. En toute logique, cet événement n’aurait-il pas dû être inauguré autour du 11 novembre, jour du 100e anniversaire de l’Armistice, et non ce 20 septembre ?
La première partie de l’expo est une évocation de la reconquête du territoire. La grande offensive libératrice a commencé le 26 septembre 1918, raison pour laquelle nous inaugurons l’expo le 20 septembre.
Après plus de quatre années rythmées par les célébrations des opérations de 1914-1918, vous aspiriez, dit-on au sein du musée, à proposer des thématiques qui sortent du cadre » militaire « . Vous confirmez ?
Le fait militaire est présent dans l’exposition. Le contenu correspond à notre mission, qui consiste à informer sur les conflits et leurs conséquences. L’expo évoque le retour des prisonniers de guerre, les destructions massives, la glorification de la guerre… Elle revient aussi sur le traité de paix qui a redessiné la carte de l’Europe, les guerres civiles qui ont agité le continent après l’Armistice. Le domaine militaire est, certes, notre core business, mais on sait à quel point les conflits contemporains ont une incidence majeure sur les populations civiles.
A côté du coût d’une rénovation du musée, les dépenses pour l’expo sont des cacahuètes !
Faire venir à Bruxelles des objets de musées et collectionneurs belges étrangers a gonflé le budget de l’expo, en raison des coûts de transport et d’assurance. Un choix justifié ?
Si nous avons fait appel à des prêteurs publics et privés, c’est parce que nous tenions à montrer des pièces exceptionnelles, comme l’uniforme du Kaiser Guillaume II et les chapeaux portés par le président américain Woodrow Wilson et le Premier ministre britannique David Lloyd George à la conférence de paix de Paris, en 1919. Nous n’avions pas, dans nos collections, les objets qui nous permettaient de faire de cette expo un événement international.
Le budget de l’exposition a été largement sous-estimé. La faute à qui ?
Le cabinet d’architectes chargé de dresser les plans a remis une évaluation du coût du projet qui s’est révélée inférieure au prix du marché. Le War Heritage Institute a suppléé la différence. Très peu de sociétés, en Belgique et dans les pays limitrophes, ont la capacité de réaliser ce type d’événements. Dans un marché aussi captif, les prix se révèlent être élevés.
Certains, au sein même du musée, estiment que dépenser un million d’euros pour une expo temporaire est un » gaspillage d’argent public « , alors qu’une rénovation du musée s’impose.
Les grands musées bruxellois, parisiens et autres ne peuvent se contenter de vivre de leurs collections permanentes. Les expos temporaires sont indispensables pour relancer l’intérêt du public à l’égard de l’institution. Ceux qui laissent entendre que nous aurions dû investir l’argent affecté à ces expos dans la rénovation du musée ne connaissent rien au dossier ou sont de mauvaise foi ! La transformation du Musée de l’Afrique centrale à Tervuren, dont l’espace a été porté à 11 000 mètres carrés, a coûté 75 millions d’euros. Pour rénover les 35 000 mètres carrés du Musée de l’armée, il faudrait investir plus de 200 millions d’euros. A côté d’un tel montant, les 800 000 euros dépensés pour l’exposition sont des cacahuètes !
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