Frank Pé, bête du dessin
Frank Pé et Zidrou se réapproprient le Marsupilami, prétexte à une tragédie nostalgique mais superbe. Un hommage tortueux mais brillant à l’âge d’or de la bande dessinée.
Réinventions, réinterprétations, remakes, reprises… La BD franco- belge en use et abuse, comme si son meilleur était définitivement derrière elle. Une nostalgie un peu mortifère qui peut aussi donner de grandes oeuvres graphiques. Ainsi La Bête (1) qui voit Frank Pé, sur scénario de Zidrou, se réapproprier le Marsupilami inventé par Franquin en 1952. Le parfait symbole de sa géniale fantaisie. Qui va subir ici, en 1955, un martyre jamais vu, entre famine et mauvais traitements, avant d’être recueilli puis arraché au petit François, fils d’occupant qui sera tondu, comme sa mère. La Bête est donc un drame très sombre, à peine éclairé par les clins d’oeil appuyés à Franquin, Tillieux, Jijé ou Delporte, où le joyeux « Houba » de la bête semble en complet décalage. Une tragédie un peu malaisante mais qui offre à Frank Pé un écrin sur mesure: dans ce grand format presque carré, chacune des cases de ces 150 planches sont à tomber à la renverse. Exactement comme dans Une vie en dessins (2), la monographie que lui consacre Champaka – avec, entre autres, 150 reproductions d’originaux, tous fabuleux.
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