Luvmi, le rover belge prêt à être envoyé sur la Lune. © SPACE APPLICATIONS SERVICES

Des Belges sur la Lune avant 2025?

Rosanne Mathot Journaliste

Dans l’ombre des Etats-Unis, de la Chine et de la Russie, la Belgique entend bien s’imposer dans la course vers notre satellite naturel. Deux machines belges devraient ainsi sillonner le sol de la Lune avant 2025, dans le cadre de la première mission lunaire 100 % européenne, voulue par l’ESA.

A Bruxelles, on fignole un rover nommé Luvmi et un robot, baptisé Alchemist, capable d’extraire oxygène et eau de la principale matière première présente sur la Lune, le régolithe. Objectif : approvisionner les futures missions spatiales humaines depuis la Lune ou depuis une station spatiale orbitale, une fois que l’ISS (Station spatiale internationale) sera démantelée, en 2024.  » L’avenir de l’exploration spatiale passe par une vision durable : financièrement, c’est une hérésie d’envoyer des objets dans l’espace depuis la Terre.  » Spécialiste des milieux extraterrestres extrêmes, l’Italo-Colombien Diego Urbina, qui travaille pour la société belge Space Applications Services, est le visage qui se cache derrière Luvmi et Alchemist. Quand on sait qu’envoyer un objet d’un kilo sur la Lune coûte un million d’euros, la vision de cet ingénieur tient évidemment la route.  » Notre projet porte aussi sur la création d’un nouveau carburant pour les fusées, carburant composé à 90 % d’oxygène, à partir du régolithe lunaire qui regorge d’O2 « , précise-t-il au Vif/L’Express.

 » La Belgique est très bien placée pour s’imposer comme un acteur incontournable de l’exploration spatiale. Le gouvernement doit en prendre conscience.  » Si Diego Urbina ne tempère pas son enthousiasme, il ne cache pas que – pour détrôner Américains, Russes et Chinois – le projet aura besoin de financements : le consortium privé-public impliquant (notamment) la société belge Space Applications Services, l’ESA (l’Agence spatiale européenne) et ArianeGroup, vient d’annoncer une première mission lunaire 100 % européenne  » avant 2025 « . Les scientifiques impliqués veulent donc convaincre, en vue de la réunion ministérielle du Conseil de l’ESA, en novembre 2019, à Séville.

Luvmi tender

Côté belge, tout va bien : Luvmi est prêt. Après avoir été testé avec succès sur les plages de Noordwijk, aux Pays-Bas, en décembre dernier, le rover belge attend, à Zaventem, d’être envoyé sur la Lune. Avec son nom qui invite à l’amour ( » Aime-moi « ), il sera présenté au public, lors de la Saint-Valentin, à la Commission européenne. Sa mission sera de sillonner la Lune, afin d’y dégotter les meilleurs filons de régolithe :  » Luvmi est plus puissant que les rovers d’aujourd’hui. Avec ses deux mètres de haut, son mètre de large et ses 45 kilos, il pourra forer la surface lunaire et ramener du régolithe à Alchemist qui se chargera de transformer ce matériau en eau et en oxygène, pour les astronautes de demain.  »

Il reste du boulot : Alchemist n’est pas terminé. Pour l’heure, il lui faut une dizaine de kilos de régolithe et une quinzaine de jours pour fournir un seul verre d’eau…

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