Les impacts économiques d’un confinement « court et strict » en Belgique
Un troisième confinement strict et court pour le mois d’avril est sur la table des discussions. Quel serait-il l’impact économique d’une telle mesure sur les commerces et les activités contraintes à fermer ? Réponses avec Alain De Crombrugghe, docteur en sciences économiques d’Harvard (États-Unis) et doyen de la faculté des sciences économiques à l’Université de Namur.
Quel serait-il l’impact économique d’un confinement « court et strict« ?
Cela représenterait un gros souci pour l’économie, notamment pour tout le secteur des services à proximité qui se trouve déjà en crise. Si l’on ferme les écoles, on aurait beaucoup de familles en difficulté. Le secteur des transports serait également impacté.
Comment les secteurs touchés par le confinement pourraient-ils réagir?
On est étonné de la résilience de l’économie. C’est une grande surprise de cette crise, la manière avec laquelle beaucoup de secteurs ont trouvé la solution pour travailler. Par exemple les commerces, ils ont trouvé une solution pour respecter les gestes barrière au sein des magasins ou encore le secteur de la construction qui a trouvé des solutions pour travailler en plein air. En revanche, le secteur de la restauration et du tourisme est très mal impacté. Le confinement ne va faire que prolonger leur situation. Cela serait dommage d’impacter avec un troisième confinement les secteurs qui ont trouvé des mesures pour faire face au virus.
Est-ce que rouvrir les secteurs impactés par la crise comme l’Horeca ou la culture serait-il la solution à leur chômage?
S’ils rouvrent, ce que la population doit retenir, c’est qu’il faut continuer à être extrêmement attentifs aux gestes barrière et aux protocoles qui seront mis en place. Il pourrait en effet avoir un relâchement des gestes barrières. Dans ce cas, les secteurs verraient leurs portes fermer après peu.
On parle de l’éventualité d’un confinement strict et court durant le mois d’avril. Est-ce qu’il serait la réponse à l’Horeca pour rouvrir en mai?
Les conditions de vie à partir de mai sont moins favorables au virus : le beau temps et plus d’activités en plein air deviennent possibles. Les vacances de Pâques pourraient réduire également la contamination entre élèves, mais aussi entre parents, les travailleurs qui vont pouvoir plus télétravailler. Le travail à distance est en effet encouragé par un grand nombre d’entreprises pendant les vacances. Si la population est convaincue qu’elle doit être prudente dans ses loisirs durant les vacances, celles-ci pourraient en effet ralentir la circulation du virus.
Est-ce que la fermeture des commerces pendant les vacances de Pâques serait-elle soutenable d’un point de vue économique?
Si l’on ferme les magasins de bricolage, de loisirs, de jardinage comme l’année passée, cela serait un coup dur pour ces commerces qui voient leur majeur chiffre d’affaire pendant les vacances de Pâques. D’un point de vue social aussi, ils représentent une alternative pour la population qui autrement se verrait privée de tout.
Si l’on avait à faire des choix, quels commerces devraient fermeren priorité ?
Tous les commerces sont essentiels à leur manière. Il y a certains commerces à haut risque de contamination. C’est pour cela que l’Horeca est tellement touché : parce que dans certains restaurants, l’espace entre les tables est tellement faible. Le risque de contamination est alors trop important. Si l’on donne l’objectif à la santé et à la non-contamination, il faut imaginer les mesures en gardant cet objectif à l’esprit. Si celui-ci ne peut pas être atteint parce que les clients sont trop proches et sans masque, ou parce qu’ils ne sont pas en mesure de prendre des précautions, à ce moment-là, il y a une raison de cibler ces activités-là. Appeler certains secteurs « non essentiels » reste pourtant un jugement hasardeux qui n’est pas spécialement lié à la crise sanitaire, mais plus d’ordre politique.
Valentina Jaimes
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici