Washington va envoyer des renforts militaires en Europe de l’Est
Les Etats-Unis vont déployer 3.000 militaires en soutien aux forces de l’Otan dans plusieurs pays d’Europe de l’Est, ont rapporté mercredi plusieurs médias américains, citant des responsables de l’administration non identifiés.
Ces troupes s’ajoutent aux 8.500 militaires placés en état d’alerte fin janvier par Washington pour être déployés dans la force de réaction rapide de l’Otan en cas de besoin.
« Ces mouvements sont un message sans ambiguïté que nous adressons au monde pour montrer que nous sommes prêts à rassurer nos alliés de l’Otan et déterminés à les défendre contre toute agression », a déclaré le porte-parole du ministère américain de la Défense John Kirby devant la presse.
Pour autant, il ne s’agit que de renforcer le « flanc oriental » de l’Alliance atlantique et de rassurer les pays frontaliers de l’Otan, qui craignent un élargissement à leur territoire d’une éventuelle invasion russe de l’Ukraine.
« Ces forces ne vont pas se battre en Ukraine », qui n’appartient pas à l’Otan, a précisé John Kirby, soulignant qu’il s’agissait d’un redéploiement temporaire.
Le vice-ministre russe des Affaires étrangères Alexandre Grouchko, cité par l’agence Interfax, a fustigé une mesure « injustifiée, destructrice, augmentant les tensions militaires et réduisant le champ pour les décisions politiques ».
Le président roumain Klaus Iohannis s’est félicité de l’arrivée dans les prochains jours dans son pays d’un bataillon américain de 1.000 hommes avec leurs blindés Stryker, « preuve solide de la solidarité et de l’engagement des Etats-unis, notre allié et principal partenaire stratégique ».
Ce bataillon s’ajoutera aux 900 militaires américains déjà positionnés en Roumanie, et aux forces que la France a décidé d’y envoyer.
En Pologne, 1.700 soldats de la 82e division aéroportée, la principale force de réaction rapide de l’armée américaine, rejoindront les 4.000 militaires américains déjà présents.
Le président polonais Andrzej Duda a fait part de sa « satisfaction », a indiqué un de ses conseillers chargés des questions de sécurité à des journalistes.
Le chef de l’Otan, Jens Stoltenberg, s’est lui aussi félicité de ces annonces, soulignant que l’Alliance atlantique envisage également de déployer « des forces tactiques » sur son flanc sud-est.
« Nos déploiements sont défensifs et proportionnés, et ils envoient le message clair que l’Otan fera tout ce qui sera nécessaire pour protéger et défendre tous les alliés », a-t-il ajouté.
« Nous ne pensons pas que le conflit est inévitable« , a insisté le porte-parole du Pentagone, réaffirmant que la diplomatie américaine a « offert à la Russie une voie vers la désescalade ».
Les Occidentaux accusent Moscou depuis fin 2021 d’avoir massé des dizaines de milliers de soldats aux frontières de l’Ukraine en vue d’une potentielle invasion.
Pour « dissuader » le président russe Vladimir Poutine de passer à l’offensive, Américains et Européens multiplient les menaces de plus en plus détaillées de sanctions économiques « sans précédent » et de soutien militaire à Kiev.
La Russie dément toute volonté d’invasion, affirmant vouloir seulement garantir sa sécurité. Mais elle estime qu’une désescalade n’est possible qu’en garantissant la fin de la politique d’élargissement de l’Otan, notamment à l’Ukraine, et un retrait d’Europe de l’Est de ses capacités militaires.
Alors que les échanges diplomatiques se poursuivent pour tenter de désamorcer la crise, le Kremlin a revendiqué mercredi le soutien de Pékin, avant une rencontre de Vladimir Poutine et Xi Jinping à l’occasion du coup d’envoi des Jeux olympiques d’hiver vendredi à Pékin.
« Une déclaration commune » a été « préparée », a indiqué un conseiller du président russe.
Hasard ou non, la Russie avait fait la guerre à la Géorgie, autre ex-république soviétique pro-occidentale, lors des précédents JO de Pékin, durant l’été 2008.
Vladimir Poutine a accusé mardi les Américains d’ignorer les préoccupations sécuritaires de Moscou, tout en disant espérer « une solution ».
Il s’est entretenu mercredi au téléphone avec le Premier ministre britannique Boris Johnson, et les deux hommes se sont accordés sur la nécessité de trouver une « résolution pacifique », selon Londres.
Le quotidien espagnol El Pais a d’ailleurs publié le détail des réponses américaines aux exigences russes, une fuite dont le contenu n’a pas été démenti.
Washington y propose que les rivaux s’engagent à ne pas déployer de moyens militaires offensifs en Ukraine, que Moscou inspecte certaines infrastructures militaires qui l’inquiètent en Europe, et que les deux pays s’accordent sur des mesures de contrôle des armements.
Les Etats-Unis se disent également prêts à discuter de l' »indivisibilité de la sécurité ». Le Kremlin se fonde sur ce concept pour réclamer un recul de l’Otan de son voisinage, arguant que la sécurité des uns ne peut se faire aux dépens de celle d’autres, en dépit du droit de chaque Etat, et donc de l’Ukraine, à choisir ses alliances.
Moscou prépare actuellement sa réponse formelle.
En Ukraine, les dirigeants européens continuaient, eux, de défiler pour soutenir leur allié, à l’instar du Premier ministre néerlandais Mark Rutte qui a été reçu par le président ukrainien Volodymyr Zelensky, au lendemain des visites des chefs des gouvernements britannique et polonais.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan, dont le pays est un fournisseur de drones de combats à l’Ukraine, est attendu jeudi à Kiev.
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