UNICEF: des progrès mais des millions d’enfants toujours laissés pour compte
Des millions d’enfants vivent toujours dans la pauvreté et souffrent de malnutrition chronique, et ce malgré d’importants progrès réalisés au cours des vingt-cinq dernières années, dénonce le rapport final du Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) relatif aux Objectifs du Millénaire pour le développement, diffusé mardi.
Les pays industrialisés ne sont pas épargnés par ce phénomène. A Bruxelles, quatre enfants sur dix vivent dans la pauvreté, souligne le rapport.
Les Objectifs du millénaire pour le développement ont été énoncés par 193 Etats membres de l’ONU et 23 organisations internationales en 2000 dans la déclaration du millénaire de l’Organisation des Nations Unies. Parmi les huit objectifs figurent notamment la réduction de la mortalité infantile et l’accès à l’éducation. L’ambition de cette déclaration était d’atteindre ces différents buts pour l’année 2015.
« Les OMD ont permis au monde de réaliser d’immenses progrès en faveur des enfants mais ils nous ont aussi montré combien d’enfants nous négligeons », a déploré le directeur général de l’Unicef, Anthony Lake, lors de la présentation du rapport « Progrès pour les enfants : au-delà des moyennes ».
Quelques données peuvent illustrer ses propos. Si le rythme des progrès n’accélère pas, pas moins de 68 millions d’enfants de moins de cinq ans décèderont de causes évitables d’ici 2030 tandis que 119 millions d’enfants souffriront toujours de la malnutrition sur le même laps de temps. En Afrique subsaharienne, la scolarisation des filles des familles les plus pauvres est toujours dramatique. Il faudrait un siècle pour qu’elles puissent toutes achever le premier cycle de l’enseignement secondaire.
Au rang des progrès enregistrés au cours des vingt-cinq dernières années, l’Unicef pointe la baisse de la mortalité des enfants de moins de cinq ans, qui est passée de 90 à 43 décès pour 1.000 naissances vivantes. L’accès à des sources améliorées d’eau potable s’est également amélioré, puisque 2,6 milliards de personnes en plus ont pu en profiter en un quart de siècle. La malnutrition chronique chez les enfants de moins de cinq ans a elle diminué de 41%.
Ces progrès doivent néanmoins être nuancés, puisqu’ils ne bénéficient pas aux six millions d’enfants qui meurent chaque année avant leur cinquième anniversaire, ni au 289.000 femmes décédant chaque année en accouchant, ni non plus aux 58 millions d’enfants qui peuvent pas aller à l’école primaire.
L’Unicef déplore le rôle du système éducatif belge
Au sein des pays industrialisés, c’est l’accroissement des inégalités qui suscite le plus de craintes. Ce phénomène n’épargne pas la Belgique puisque un enfant sur dix vit dans la pauvreté en Flandre. En Wallonie et à Bruxelles, les chiffres sont encore plus alarmants puisque la pauvreté concerne respectivement un enfant sur quatre et quatre enfants sur dix. L’Unicef souligne que la pauvreté « atteint les enfants dans tous les aspects de leur existence et a des conséquences sur leur santé, leurs chances de réussite à l’école, leur sécurité et leur confort ». Pour le cas particulier de la Belgique, l’agence onusienne déplore particulièrement le rôle du système éducatif belge qui « renforce les différences alors qu’il devrait les niveler ». « C’est ainsi que des centaines de milliers d’enfants (en Belgique) ne bénéficient pas des mêmes chances dès le début de leur vie », souligne l’Unicef.
Le Fonds des Nations Unies pour l’enfance se tourne maintenant vers l’avenir et exhorte les dirigeants mondiaux à mettre les enfants les plus défavorisés au centre des Objectifs de développement durable (ODD). L’Unicef met notamment l’accent sur un meilleur système de collecte et une ventilation plus précise des données afin d’identifier les enfants les plus vulnérables et les plus marginalisés et les endroits où ils vivent. « Les ODD sont l’occasion de mettre en pratique les leçons que nous avons tirées et d’aider les enfants qui ont le plus besoin d’aide. Honte à nous si nous ne le faisons pas », conclut Anthony Lake.